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Cyberadministration: la Suisse à la traîne de l’Europe

En Suisse, la disponibilité des services en ligne varie beaucoup d'un canton à l'autre. Keystone

En matière d'«e-government», la Suisse s'améliore mais elle est toujours à la traîne par rapport aux pays européens. Sur 31 Etats pris en compte, elle se classe en queue de peloton.

L’Autriche occupe comme l’an passé la tête du classement pour l’accessibilité et la qualité de ses services d’administration en ligne, selon l’édition 2007 de l’enquête mandatée par la Commission européenne.

Conduite par le bureau de consultants zurichois Capgemini pour le compte de Bruxelles, l’enquête montre qu’en Suisse 21% seulement des services de l’administration sont accessibles via Internet. C’est certes 10% de plus qu’en 2006, mais cela reste loin de la moyenne européenne, qui est de 58%.

Au niveau qualité et sophistication aussi, l’Europe ne cesse de progresser et atteint aujourd’hui un taux de 75%. La Suisse suit le mouvement, mais reste là aussi à la traîne, avec une note de 60%.

En mai dernier, le baromètre e-government 2007 publié par l’Université de St-Gall allait dans le même sens, révélant que la cyberadministration restait peu développée en Suisse. L’étude relevait que l’offre Internet des administrations avait évolué régulièrement depuis 2004, mais qu’elle restait à un niveau trop bas.

«Ce n’est pas nouveau. Nous avons été uniformément mauvais, concède à swissinfo Jean-Jacques Didisheim, en charge de la cyberadministration à l’Office fédéral des finances. Une des raisons principales, c’est notre structure fédérale décentralisée, même s’il y en a d’autres».

«De nombreux domaines de mise en application de la cyberadministration dépendent des cantons, précise Andreas Hugi, consultant sur les projets fédéraux d’e-government. Vous devez donc toujours jongler entre 26 Etats et 2000 communes».

«Jusqu’à maintenant, chaque canton et chaque commune a travaillé à son propre rythme et avec ses propres priorités».

L’Autriche à la pointe

Les auteurs de l’enquête ont testé plus de 5000 agences publiques dans toute l’Union européenne, en Islande, en Norvège, en Turquie et en Suisse. Et la première place de l’Autriche ne surprend pas Andreas Hugi.

«Ils sont toujours en tête de liste. Sous l’impulsion de leur président, ils ont fait de gros efforts, note le consultant. Mais j’ai l’impression qu’ici, une démarche ainsi impulsée du haut ne fonctionnerait pas. Nous devons trouver une solution qui vienne du bas, des cantons et des grandes communes. C’est le seul moyen dont cela peut marcher en Suisse».

Pour Andreas Hug, ce sont les entreprises qui ont le plus à gagner d’un bon système d’e-government, qui leur offre un accès facilité aux services administratifs.

«Le e-voting (vote par Internet), c’est intéressant d’un point de vue technique, mais cela ne fait pas de grande différence que vous envoyiez votre bulletin par la poste ou par e-mail, remarque le consultant. Par contre, si vous êtes une multinationale et que vous pouvez remplir vos déclarations et payer vos impôts en ligne, économiquement parlant, cela fait une grande différence».

Optimisme

Consciente de ses mauvais résultats, la Suisse a pris les mesures politiques nécessaires pour améliorer les choses, explique Jean-Jacques Didisheim.

En janvier de cette année, le gouvernement a adopté une stratégie et Berne et les cantons ont accepté de «définir des priorités communes et une structure de direction pour faire avancer la cyberadministration».

Selon Andreas Hugi, la situation évolue rapidement et il y a lieu de se montrer optimiste pour l’avenir. «Je sens une volonté politique du gouvernement fédéral de travailler avec les cantons», note le consultant.

«Cela prendra du temps, mais je suis confiant que nous allons faire de grands progrès, lorsque nous aurons corrigé ce problème de manque de structures communes et de coordination», renchérit Jean-Jacques Didisheim.

swissinfo, Simon Bradley
(Traduction et adaptation de l’anglais: Marc-André Miserez)

La cyberadministration, ou gouvernement en ligne, ou e-government est l’échange d’informations et la fourniture de services de l’administration par le canal d’Internet.

La cyberadministration a pour objectif de rendre les activités administratives plus efficaces, plus rentables et plus proches des citoyens. Elle est également un avantage compétitif dont bénéficient l’économie et l’ensemble du secteur privé.

L’étude 2007 de Capgemini pour le compte de l’a Commission européenne a porté sur les 27 pays de l’Union, ainsi que l’Islande, la Norvège, la Turquie et la Suisse.

Les pays les mieux classés sont l’Autriche, la Slovénie, Malte, le Portugal, la Grande-Bretagne et la France. La Suisse est 26e sur 31.

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