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L’argent de Raul Salinas reste en Suisse

14 juin 2005: Raul Salinas quitte sa prison mexicaine entouré de son épouse et de sa fille. Keystone

Les plus de 100 millions de dollars du frère de l'ancien président du Mexique restent pour l'heure bloqués dans les coffres de deux banques suisses.

Le Tribunal fédéral de Bellinzone a en effet opposé un veto à l’épouse de Raul Salinas qui demandait la levée d’une partie de ces fonds bloqués depuis 1995 suite à une enquête ouverte au Mexique.

Le Tribunal pénal fédéral (TPF) n’est pas entré en matière sur la demande de Paulina Castanon, épouse de Raul Salinas et belle-sœur de l’ancien président mexicain Carlos Salinas.

En tout, plus de 100 millions de dollars restent ainsi saisis dans les banques suisses. Ces fonds avaient été bloqués en novembre 1995, quelques mois après que le Mexique avait ouvert une enquête pénale contre le frère de l’ancien président pour trafic de drogue, blanchiment et détournement de fonds publics.

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Parallèle avec les fonds Marcos

Selon les juges de Bellinzone, il n’y a rien d’exceptionnel à maintenir une saisie même si celle-ci dure depuis douze ans. Ils rappellent que dans le cadre des fonds Marcos, le Tribunal fédéral (TF) avait accordé à Manille un ultime délai pour prononcer leur confiscation plus de vingt ans après leur blocage.

Le TPF s’empresse néanmoins de préciser qu’une mesure de saisie ne peut être maintenue «lorsque la procédure à l’étranger ne montre aucun signe d’avancement». Il appartiendra à l’Office fédéral de la justice (OFJ), de suivre «attentivement» la procédure mexicaine.

Défenseur de Paulina Castanon, Me Georg Friedli a précisé que la décision du TPF est désormais définitive. L’avocat bernois précise qu’il n’a pas recouru au Tribunal fédéral contre le verdict des juges de Bellinzone.

Suspects de détournements

Raul Salinas, frère de l’ex-président Carlos Salinas au pouvoir entre 1988 et 1994, son épouse Paulina Castanon et d’autres personnes de leur entourage sont soupçonnés d’avoir facilité le transfert aux Etats-Unis de cocaïne provenant de Colombie. En échange, ils auraient reçu des rémunérations importantes, partiellement virées en Suisse.

Ouverte en Suisse, une enquête du juge Paul Perraudin avait été déléguée aux autorités mexicaines. En décembre 2000, le Mexique avait déposé une nouvelle demande d’entraide dans laquelle elle affirmait que les fonds saisis en Suisse provenait du détournement de fonds publics.

Si la thèse des détournements de fonds se vérifiait, la Suisse devrait restituer les fonds bloqués dans les banques de Genève et Zurich. En revanche, s’il était prouvé que l’argent saisi provenait du trafic de drogue, une partie devrait revenir aux pays qui ont participé à l’enquête, dont la Suisse.

swissinfo avec les agences

La partie suisse de l’affaire Salinas a débuté en 1995.

C’est à cette date que l’ancien procureur de la Confédération Carla del Ponte a ouvert une enquête contre Raul Salinas, soupçonné par la Suisse de blanchiment d’argent.

L’argent bloqué en Suisse proviendrait du trafic de drogue. La justice mexicaine soupçonne qu’une partie de ces fonds pourrait aussi provenir d’argent public détourné.

La justice suisse n’est pas parvenue à prouver les soupçons de blanchiment.

Au Mexique, Raul Salinas a passé dix ans en prison, de 1995 à 2005, pour avoir commandité le meurtre de son beau-frère, Francisco Ruiz Massieu, candidat à l’élection présidentielle en 1994.

Selon les Nations Unies et la Banque mondiale, entre 800 et 2000 milliards de dollars servent chaque année à des activités illégales dans le monde (criminalité, corruption, trafic de drogue).

Cela correspond à 2 à 5% du produit intérieur brut de tous les pays faisant partie de la communauté internationale.

Entre 20 et 40 milliards de dollars sont chaque année sortis illégalement des pays en voie de développement.

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