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L’Euro au fil de l’eau

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Tout le monde ne suit pas l'Euro dans les stades ou les zones réservées aux supporters. Adrian vit l'Eurofoot au rythme du courant du Rhin. Il est l'un des «Fährimaa» de la cité rhénane; ces passeurs qui transportent les voyageurs d'une rive du fleuve à l'autre.

A Bâle, quatre petits bacs attachés à un câble et poussés par la seule force du courant du fleuve font, depuis 150 ans, la navette entre les deux rives du Rhin.

A la barre, des «passeurs» qui permettent aux habitants de la ville et aux touristes d’aller du Grand-Bâle au Petit-Bâle (et inversement) au rythme du courant. Moment de pause pour les uns; de découverte pour les autres.

Dans la capitale du Läckerli (un célébrissime biscuit local), ces «passeurs» sont appelés «Fährimaa». Aujourd’hui, celui du bac ‘Vogel Gryff’ se nomme Adrian. Il partage cette fonction avec plusieurs collègues, études de médecine obligent.

Pour Adrian, les moments vécus à la barre de son bateau sont autant d’instants de respiration. Un moyen aussi d’échanger, de discuter de tout et de rien avec les clients. Mais aussi de «sentir» sa ville en mouvement. Interview.

swissinfo: Adrian, depuis quand faites-vous partie des «Fährimaa» de la ville?

Adrian: Depuis le début de l’année seulement. Et je suis très heureux: à Bâle, être «Fährimaa» est quelque chose de spécial et, depuis tout petit, j’ai toujours eu envie d’occuper cette fonction et de transporter les gens d’une rive à l’autre. J’aime l’eau, j’aime le Rhin et j’aime ma ville. Ce travail me permet de sentir le cœur de la Bâle, ses pulsations.

Comme peu de gens empruntent les barques le matin, cela me laisse du temps pour lire ou simplement réfléchir. Mais dès la mi-journée, les clients affluent et il faut vraiment être attentif. Le trafic sur l’eau s’intensifie également par moment et il ne faudrait pas se trouver au milieu du fleuve lorsqu’un grand navire marchand arrive à pleine vitesse!

swissinfo: Quel regard portez-vous sur l’Eurofoot, qui a lieu en ce moment, et comment appréciez-vous de recevoir cet événement dans votre ville?

Adrian: Je suis, comme beaucoup ici, prioritairement supporter du FC Bâle. Je vais voir des matches au Parc Saint-Jacques et il m’arrive aussi de suivre le club lorsque qu’il joue à l’extérieur. Les résultats de l’équipe de Suisse me préoccupent uniquement lors des grands tournois comme le Mondial ou l’Euro.

Je suis donc très fier que l’Euro ait lieu à Bâle et je trouve que l’atmosphère qui se dégage de cet événement est particulièrement bon enfant.

Les jours de matches, la ville est en ébullition et la fête se prolonge régulièrement tard dans la nuit. Il y a tout de même quelques points noirs comme le fait que beaucoup de «volontaires» travaillent gratuitement alors que des grandes firmes gagnent beaucoup d’argent grâce à cet Euro. Mais de manière générale, je suis plutôt positif.

swissinfo: Comment vivez-vous personnellement cet Eurofoot?

Adrian: Comme je suis en période d’examen, je ne peux pas me permettre de sortir le soir avec mes amis ou de regarder les matches à la télévision. Mais je vis l’Euro sur ma barque car les gens qui l’empruntent parlent énormément de l’événement avec moi.

Je trouve par exemple incroyable que beaucoup de vieux Bâlois vivent très mal la présence militaire et policière accrue dans les rues. Cela leur fait plus peur qu’autre chose. Je transporte également des supporters de tous les pays. Plutôt l’après-midi. Et j’échange aussi quelques mots avec eux. C’est toujours très intéressant et instructif.

swissinfo: Actuellement, l’Euro est donc l’unique sujet de conversation?

Adrian: En ce moment et depuis quelques semaines oui. Mais cela va changer très vite. Après ce sera le FC Bâle, le Carnaval ou je ne sais quel événement un peu spécial ou sujet d’actualité. De toute façon, à Bâle, on parle toujours avec le Fährimaa.

swissinfo, Mathias Froidevaux à Bâle

Bâle, au nord de la Suisse, s’est construite sur le Rhin. Ville frontière, elle est au carrefour de la Suisse, de l’Allemagne et de la France.

Germanophone, elle compte environ 187’000 habitants. L’agglomération trinationale compte quant à elle environ 1 million d’habitants.

Paradoxalement, la cité rhénane est à la fois un haut-lieu culturel de longue date et une ville industrielle: les grandes entreprises des industries pharmaceutique et chimique représentent le pilier de l’économie bâloise.

En tant que lieu important dans le domaine des sciences biologiques, elle établit également un lien entre le site suisse et la «BioValley» tri-nationale qui s’étend de Bâle à Strasbourg.

Le nouveau Parc Saint-Jacques, à Bâle, siège du FC Bâle, a été inauguré en 2001. L’agrandissement qu’il a connu en 2005 lui permet d’accueillir aujourd’hui 42’500 spectateurs et en fait le plus grand stade de Suisse.

Un «Fan Boulevard» traverse tout le centre de la ville (de la gare allemande Badischer Bahnhof jusqu’à la gare CFF suisse), incluant deux «UEFA Fan Zones». Une autre «Fan Zone» est installée dans la commune de Liestal.

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