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La Suisse s’engage à long terme au Pakistan

Martin Dahinden, lors de l’inauguration d’un système d’approvisionnement en eau dans la vallée de la Swat. Billi Bierling

La Suisse continue à apporter son aide aux populations vulnérables du nord-ouest du Pakistan, fortement touchées par les inondations de 2010. Il s’agit d’un soutien à long terme, comme l’explique, sur place, le directeur de la DDC.

«Une des choses les plus importantes que j’ai vues durant ces quatre jours est la capacité de résilience et l’espoir de ces populations, malgré les douleurs endurées durant les inondations de fin juillet 2010», explique Martin Dahinden, directeur de la Direction du développement et de la coopération (DDC) suisse, après une récente visite de quatre jours au Pakistan. swissinfo.ch l’accompagnait.

Le désastre de l’an dernier a détruit 1,7 million de maisons et balayé 2,2 millions d’hectares de moissons. Plus de 18 millions de personnes ont été touchées à travers tout le pays.

La Suisse avait apporté son aide dans les premiers jours suivant le début de la catastrophe, sous forme d’aide d’urgence d’abord. Elle a fourni de l’eau potable, de la nourriture et des sets d’hygiène à des milliers de personnes.

Dans la seule vallée de la Swat, où la plupart des projets de développement de la DDC sont implantés, plus de 14’000 maisons ont été complètement ou partiellement endommagées. 95% des ponts ont été détruits, coupant des dizaines de villages du reste du pays.

Aide humanitaire

«Nous avons été rapides dans l’urgence, mais nous devons maintenant nous concentrer sur les conditions de vie au quotidien et sur la réduction des risques de catastrophe, car c’est important pour la reconstruction du pays à long terme», explique Martin Dahinden. Le directeur de la DDC était le plus haut responsable suisse à visiter le pays depuis cinq ans.

Au total, la Suisse a fourni 10,5 millions de francs à des projets humanitaires liés aux inondations, sans compter les 42 millions de francs récoltés par la Chaîne du bonheur. 

«J’ai été surpris par ce montant, qui vient directement des citoyens suisses, admet le directeur de la DDC. Ils n’ont pas tenu compte du contexte politique mais ont pensé en premier lieu aux besoins humanitaires. Je suis fier de venir d’un pays où les citoyens sont capables de suivre leur instinct humanitaire.»

Réorientation

La Suisse est présente au Pakistan depuis 44 ans. Mais le Parlement fédéral a décidé de restreindre le nombre des pays partenaires de la coopération suisse au développement et le Pakistan a été retiré de la liste des pays prioritaires à compter de la fin 2011.

«Si l’aide humanitaire suisse n’est pas concernée par cette décision, le programme de développement en cours sera lui progressivement clos ou transféré à des partenaires locaux», explique la DDC sur son site internet. De nouveaux projets seront lancés.

«La raison principale de cette visite était de voir où nous en sommes et de réorienter notre présence au Pakistan. Certains de nos programmes se sont terminés pendant que d’autres étaient lancés au nord-ouest du pays, qui est une région très pauvre», poursuit Martin Dahinden.

Une délégation suisse a visité de nombreux petits villages de la vallée de la Swat pour voir quel effet les programmes humanitaires y ont eu, dans les domaines de l’éducation, des fournitures d’eau et la manière de s’occuper du bétail. Une femme leur a fièrement montré comment elle assurait l’alimentation quotidienne grâce à neuf poules.

«J’ai suivi une journée de cours et j’ai appris comment m’occuper des poules. Aujourd’hui, chacune d’entre elles pond un œuf par jour, ce qui est assez pour ma famille. Je voudrais en avoir plus pour en donner à mes amis», a-t-elle expliqué.

Priorités

La contribution totale de la DDC au Pakistan s’élève à ce jour à quelque 700 milions de francs. Les régions prioritaires sont les zones du Khyber Pakhtunkhwa (KPK) et la Fédération des zones tribales (FATA) au nord-ouest du pays.

La majorité des projets visent à donner aux populations les moyens de gagner leur vie, à reconstruire les infrastructures, à construire des systèmes d’approvisionnement en eau, à développer les infrastructures rurales et à réduire les risques de catastrophe.  Ce dernier point est devenu un volet à part entière du programme de la DDC.

«L’économie du Pakistan dépend avant tout de l’agriculture et du bétail, note Martin Dahinden. C’est pourquoi nous devons tout faire pour minimiser les dommages causés par les dangers naturels.»

«Mais ce qui nous importe le plus est de laisser les Pakistanais décider eux-mêmes de ce dont ils ont besoin. Nous ne sommes ici que pour les aider», conclut le directeur.

Fin février 2011, le Parlement suisse a décidé de relever l’aide au développement de 640 millions de francs au total ces deux prochaines années. La Chambre basse a suivi la Chambre haute et a augmenté les paiements à 0,5% du Produit intérieur brut (PIB) d’ici 2015. En 2009, ce montant était de 0,47%, soit moins que la moyenne de 0,48% des pays de l’OCDE.

Les fonds supplémentaires débloqués par le Parlement iront à la DDC et au Secrétariat d’Etat à l’économie (Seco). Ils seront alloués à des projets et des programmes dans les domaines de l’approvisionnement en eau et de la protection du climat, ce qui permet à la Suisse de remplir ses engagements internationaux.

Présente au Pakistan depuis 1966, la Suisse a investi jusqu’ici environ 700 millions de francs dans des projets de développement.

La majorité des projets visent à lutter contre la pauvreté, à reconstruire les infrastructures à construire des conduites d’eau, à développer les infrastructures rurales et à réduire les risques de catastrophe. 

Les régions prioritaires sont les zones du Khyber Pakhtunkhwa (KPK) et la Fédération des zones tribales (FATA) au nord-ouest du pays.

Avant les inondations de 2010, le KPK et la FATA étaient fortement touchées par les opérations militaires qui ont commencé en 2008.

Au sommet de la crise, en juin 2009, plus de 2,7 millions de personnes avaient été déplacées à travers la région. La DDC a aussi apporté de l’aide humanitaire pendant d’autres crises, construisant par exemple 100 écoles après le tremblement de terre de 2005.

Après les inondations de 2010, la Suisse a investi 10,5 millions de francs dans des projets humanitaires liés à la catastrophe, sans compter les 42 millions de francs récoltés par la Chaîne du bonheur pour les victimes.  

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