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Le cormoran dans le collimateur des pêcheurs

Le cormoran est un excellent pêcheur... Keystone

Les cormorans se multiplient en Suisse, au grand dam des pêcheurs. Mais en cas de dégâts excessifs, ils pourraient à l'avenir être abattus.

Ainsi en a décidé l’Office fédéral de l’environnement (OFEV), malgré les critiques de Pro Natura et de l’Association suisse pour la protection des oiseaux (ASPA).

Le conflit entre le grand cormoran et les pêcheurs professionnels a pris des proportions telles ces dernières années que de nouvelles pistes vont être explorées. Berne recommande aux cantons d’autoriser le tir des oiseaux qui s’attaquent aux filets.

Hôte d’hiver traditionnel en Suisse, le cormoran a commencé à nicher sur le lac de Neuchâtel en 2001. Durant l’été 2007, on en a recensé environ 350 couples dans sept colonies en Suisse.

Or ces volatiles ont la fâcheuse habitude de manger les poissons pris dans les filets ou de les laisser abîmés, et donc non commercialisables, dans des filets déchirés.

L’Office fédéral de l’environnement a donc décidé, suite aux discussions au sein du groupe de travail «Cormoran et pêche», d’explorer de nouvelles pistes.

Développer le plan de mesures

L’objectif est de développer le plan de mesures adopté en 1995 afin de stabiliser les effectifs de cormorans nicheurs sur les lacs. Est visée en particulier une colonie d’environ 250 couples nicheurs installée au «Fanel – Chablais de Cudrefin» (Vaud), réserve d’oiseaux d’eau et de migrateurs d’importance internationale.

Deux études ont été réalisées sur la gestion du cormoran. Elles portent d’une part sur l’ampleur des dommages subis par les pêcheurs du lac de Neuchâtel. Ils représentent un coût annuel de 5700 francs par exploitation, soit environ 200’000 francs pour les 40 pêcheurs professionnels.

Selon la seconde étude, l’effectif nicheur du lac de Neuchâtel devrait continuer à augmenter rapidement. Il faut aussi compter que d’autres colonies s’établiront dans les environs du lac.

Interventions sur la nidification

Un projet sera donc lancé sur le lac de Neuchâtel afin de tester de nouveaux moyens de dissuasion.

Des simulations d’intervention sur la nidification ont montré qu’il est possible de stabiliser la population si, par exemple, chaque année, au moins deux tiers des oeufs sont manipulés de telle façon que la reproduction échoue.

Toutefois, ce système comporte quelques inconnues, comme le possible déplacement de la colonie vers un autre lieu. C’est pourquoi le rapport recommande de mettre l’accent sur les mesures permettant de prévenir les dommages aux filets, écrit l’OFEV.

Modification de l’ordonnance

L’office va modifier l’ordonnance sur les réserves d’oiseaux d’eau et de migrateurs d’importance nationale et internationale (OROEM). Cette adaptation devrait permettre aux cantons d’intervenir même dans les colonies situées dans les zones protégées, dans un but de régulation lors de dommages excessifs.

C’est le gouvernement qui décidera de la modification de l’ordonnance. Elle ne pourra entrer en vigueur avant la saison de nidification 2009.

Réactions contrastées

La Fédération suisse de pêche (FSP) a qualifié ces mesures de «premier pas dans la bonne direction». Mais elle réclame également des mesures urgentes contre le grand harle et le héron gris, également gros consommateurs de poissons. La FSP annonce le lancement d’une pétition dans ce sens.

De son côté, l’Association suisse pour la protection des oiseaux (ASPO) et Pro Natura reprochent à l’OFEV de favoriser unilatéralement la position des pêcheurs, qui considèrent les cormorans comme de simples concurrents.

En outre, les mesures envisagées risquent, selon les protecteurs des oiseaux, de menacer les réserves naturelles.

swissinfo et les agences

Le «corbeau de mer» est une espèce d’oiseau palmipède aquatique mesurant de 77 à 94 cm, d’une envergure de 121 à 149 cm et pesant de 2,5 à 3,5 kilos. Son plumage est noir.

Il mange jusqu’à 500 g. de poisson par jour et pond 3 à 4 œufs.

C’est un migrateur et fréquent hivernant en Suisse. En outre, 400 à 700 individus y estivent maintenant. Les premières nidifications ont eu lieu dès 2001 sur le lac de Neuchâtel

Dans les années 80 et 90, la population nicheuse, impitoyablement chassée auparavant, a fortement augmenté en Europe et en Suisse, grâce aux directives sur la protection.

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