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Nucléaire: la presse réclame un débat transparent

Face au risque d'irradiation, des milliers de personnes résidant autour de la centrale de Fukushima ont dû être évacuées. Reuters

Trois jours après le séisme et le tsunami, les explosions qui se sont produites à la centrale de Fukushima au Japon relancent le débat sur le nucléaire. La presse suisse s’interroge sur la maîtrise de l’énergie atomique et appelle à une réflexion.

Les explosions qui ont touché la centrale nucléaire de Fukushima, située à environ 250 km au nord-est de Tokyo, ont mis le Japon en état d’alerte et réveillé dans le monde entier les dangers de l’énergie nucléaire.

 

«Aujourd’hui, le Japon nous concerne tous. Car il pose une question qui s’adresse à la planète entière: peut-on vraiment continuer à vivre avec des centrales nucléaires autour de nous? Peut-on encore imaginer un avenir serein avec l’atome?», relève Le Matin. L’inquiétude pointe. Et elle est d’autant plus grande que l’accident s’est produit au Japon, un pays à la pointe en matière de nucléaire et de protections antisismiques.

 

Rupture

«L’improbable s’est donc produit. Il remet en cause les certitudes techniques qui, isolément, sont fortes mais en réalité fragiles quand l’impondérable surgit. Les conséquences et surtout les leçons de cette nouvelle dans l’histoire de l’énergie nucléaire exigent un nouvel examen serein de fiabilité d’une filière que beaucoup jugeaient au début d’un nouveau printemps», note le quotidien Le Temps à Genève.

Un avis partagé par la Neue Zürcher Zeitung(NZZ): «dans tous les cas, la renaissance de l’énergie nucléaire, vivement annoncée, est depuis vendredi dernier fortement remise en question.» Le quotidien germanophone voit le 11 mars 2011 (jour du séisme) comme une rupture. Pour l’énergie nucléaire, elle compare cette date à celle du 11 septembre 2001. «Cet enchaînement de catastrophes représente un véritable tournant, non seulement pour le Japon, mais aussi pour le reste du monde», note la NZZ, tout en appelant à une réflexion sur l’énergie nucléaire. «Une discussion honnête sur la stratégie d’approvisionnement en énergie est bien sûr inévitable.»

Le souvenir de Tchernobyl

La peur est présente dans tous les esprits, car la catastrophe japonaise, évoque celle de Tchernobyl, bien que l’on s’accorde à dire que la comparaison ne peut pas être faite. «Dans l’immédiat, il est abusif de comparer cette catastrophe à l’implosion du réacteur 4 de la centrale soviétique de Tchernobyl (1986). L’inquiétude n’en demeure pas moins justifiée», relève le Temps.

Pour le Tages Anzeiger, l’inquiétude est notamment justifiée par le fait que «cette fois, la faute n’était pas humaine, comme à Tchernobyl, c’est la nature turbulente qui a montré les limites». Et, comme le note le quotidien, ces limites font peur, car elles soulignent les dangers de l’énergie nucléaire.

Echos en Suisse

«Les centrales nucléaires ont démontré leur terrible vulnérabilité», écrit L’Express à Neuchâtel. En Suisse, la catastrophe japonaise a une résonance particulière. Car le pays prévoit en 2013 une votation nationale sur la construction de nouvelles centrales.

«Combien de temps les vieux réacteurs, comme ceux de Beznau et Mühleberg vont-ils encore fonctionner?» interroge le Tages Anzeiger, en demandant une remise en question autour de l’usage du nucléaire.

«Les partisans de l’option nucléaire témoignent bien sûr de confiance et font semblant de maîtriser la technologie», note le journal tessinois la Regione Ticino. Mais, «la question que tout le monde se pose est: serions nous en mesure de contrôler nos centrales face à des tremblements de terre similaires?»

Les centrales nucléaires suisses n’ont pas de vieux réacteurs, écrit le journal de boulevard Blick. Ils ont été construits selon les règles de l’industrie nucléaire et entretenus. «Comme au Japon». Pendant des décennies, les centrales nucléaires du pays ont fonctionné sans problèmes, et nous nous sommes habitués à croire qu’elle sont sûres. Les Japonais l’ont aussi cru, jusqu’à vendredi.

Débat transparent

 

Ainsi, la presse suisse demande de manière unanime un débat qui fait la clarté sur le nucléaire. «C’est dans un débat transparent que le peuple devra se prononcer sur la construction de nouvelles usines atomiques et sur son alternative, le recours aux énergies renouvelables. Les promoteurs du nucléaire doivent informer la population des vrais risques, sortir du discours menaçant de pénurie et arrêter tout discours angélique autour de la fission», relève en Suisse romande Le Matin.

Mais, comme le souligne la NZZ, en cette année électorale, le débat ne doit pas tourner à l’exploitation politique de la catastrophe japonaise. Et les partis ne doivent pas effectuer de «la propagande bon marché au détriment de la souffrance des autres.»

Dévastation. La côte nord-est du Japon a été dévastée vendredi par un séisme de magnitude 8,9, suivi d’un tsunami. Le bilan est encore très incertain. Il pourrait y avoir plus de 10’000 morts dans la seule préfecture de Miyagi, qui compte 2,3 millions d’habitants, l’une des régions les plus touchées par le séisme. 

Secours. Des millions de rescapés se retrouvent sans eau potable, sans électricité et nourriture appropriée le long de la côte. Le gouvernement japonais a déjà déployé 100’000 soldats dans la zone, mais semble débordé par la catastrophe.

Aide. Les premières équipes de secours envoyées par l’Australie, la Nouvelle-Zélande, la Corée du Sud, la Suisse, le Royaume-Uni, la France ou les Etats-Unis sont arrivées dimanche au Japon.

Nucléaire. Au niveau de la menace nucléaire, l’inquiétude se concentre autour de la centrale de Fukushima, située dans le nord-est du pays, à 250 kilomètres de Tokyo.Une explosion s’est produite samedi dans le réacteur numéro un. Et deux explosions d’hydrogène se sont produites lundi matin, heure suisse, au niveau du réacteur numéro trois. En outre, lundi, selon l’agence de presse Jiji,le circuit de refroidissement du réacteur numéro 2 a cessé de fonctionner.

Inquiétude. Si l’explosion de samedi a produit des rejets radioactifs très importants selon l’institut de radioprotection et de sûreté nucléaire français, le gouvernement japonais a noté que la possibilité de fuites radioactive est faible. Mais la crainte d’un incident nucléaire est toujours présente.

 

Evacuation. La compagnie Tepco, exploitante de la centrale, persiste à dire qu’il n’existe pas de menace immédiate pour la vie humaine. Toutefois, les autorités japonaises ont ordonné samedi l’évacuation de plus de 200’000 habitants dans un rayon de 20 km autour de la centrale.

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