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Pas de 1er Août au Grütli cette année

Lanceurs de drapeaux sur le Grütli le 1er août 2006. Keystone

La commission chargée de la gestion de la prairie mythique a décidé jeudi d'annuler la cérémonie traditionnelle prévue pour la Fête nationale.

La présidente de la Confédération Micheline Calmy-Rey a toutefois indiqué qu’elle se rendrait sur la plaine du Grütli. On ne sait pas comment sera organisée cette visite.

Les tentatives pour sauver la fête nationale au Grütli ont échoué. Après des semaines de discussions – le ministre de Justice et Police Christoph Blocher parlait mercredi de «théâtre» – la Commission du Grütli jette l’éponge et renonce à organiser la manifestation cette année, a-t-elle indiqué jeudi.

Le gouvernement du canton de Lucerne et les autorités de la ville de Lucerne ont aussi annoncé jeudi que Lucerne ne servira pas de point de départ des bateaux pour la plaine du Grütli.

En échange, les cantons voisins de Schwyz, Uri et Nidwald auraient dû assumer la tâche en 2008, par le biais d’un tournus ou en choisissant un lieu décentré. Les trois cantons avaient refusé de servir cette année de lieu d’embarquement.

Les Lucernois demandaient également à la Société suisse d’utilité publique (SSUP) et à la Confédération de participer aux frais de sécurité. Après la réponse négative de Berne, les conditions pour un compromis ne sont plus réunies, estime la chancellerie lucernoise.

Il s’agit de la première fois depuis 1949 que l’organisation de la Fête nationale au Grütli est empêchée, a précisé la SSUP.

Calmy-Rey seule?

Cette année, la prairie devait accueillir la présidente du Conseil national Christine Egerszegi et la présidente de la Confédération Micheline Calmy-Rey.

Cette dernière a confirmé son intention de se rendre au Grütli le 1er Août, malgré la défection du canton de Lucerne et des organisateurs. C’est ce qu’a déclaré jeudi son porte-parole Jean-Philippe Jeannerat. La présidente de la Confédération se réjouit de cette visite, a-t-il ajouté. On ne sait pas encore comment elle sera organisée. Des discussions sont en cours.

Informée des derniers rebondissements, Micheline Calmy-Rey n’a par contre pas voulu commenter la décision de la SSUP. Jeudi matin encore, elle a eu une nouvelle fois des entretiens informels avec les parties concernées. La rencontre a réuni Christine Egerszegi, la présidente de la Commission du Grutli Judith Stamm et la présidente de l’organisation féminine Alliance F Rosmarie Zapf.

De son côté, Christine Egerszegi a fait savoir jeudi qu’elle «regrette mais comprend» la décision de la Commission du Grütli. Dans son communiqué, elle ne précise toutefois pas si elle accompagnera la présidente de la Confédération ou non.

Rendez-vous en 2008

Pour sa part, le sociologue Kurt Imhof a relevé dans le journal argovien ‘Aargauer Zeitung’ de jeudi que les mésaventures de Micheline Calmy-Rey trahissent un combat acharné pour un symbole politique. Il en va selon lui des «pépites d’or» du mythe fondateur de la Suisse que la gauche et le centre convoitent, alors que l’Union démocratique du centre (UDC, droite dure) veut garder pour elle.

Après l’annulation de la fête officielle, la question se pose de savoir comment empêcher les néo-nazis d’envahir le Grütli le 1er Août. Car ceux-ci ont déjà annoncé qu’ils voulaient s’y rendre coûte que coûte.

Il ne sera pas facile de protéger la prairie au bord du lac des Quatre-Cantons, selon Martin Hofer, de la Commission du Grütli. Pour le moment, aucune fête alternative n’est envisagée à un autre endroit. En 2008, la Commission du Grütli a néanmoins bien l’intention d’organiser à nouveau un 1er Août.

swissinfo et les agences

Selon la légende, c’est sur la prairie du Grütli que les représentants des cantons d’Uri, Schwytz et Unterwald se sont réunis pour fonder la Confédération, en 1291.

La prairie est devenue un lieu de mémoire patriotique dès le 17e siècle. Le souvenir du mythe fondateur s’est encore renforcé tout au long du 19e siècle.

C’est sur le Grütli qu’en 1940 le chef de l’armée suisse – le général Guisan – a fait un discours historique aux principaux officiers pour ranimer la volonté de résister à une éventuelle invasion allemande.

Une petite fête nationale est organisée chaque année sur le Grütli. Par deux fois, en 2000 et 2005, des manifestants d’extrême-droite y ont insulté le président de la Confédération alors qu’il tenait un discours. C’est depuis lors que les mesures de sécurités ont été renforcées.

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