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Première étude sur l’Islam à Zurich

Les enfants musulmans sont-ils discriminés à l'école? Une étude devrait répondre à cette question. Keystone

Le canton de Zurich veut étoffer le débat très émotionnel autour de la pratique de l'Islam. Il lance une étude pour savoir si les services publics répondent aux besoins des musulmans.

Cette étude a été décidée sur fond de polémique alors qu’une initiative demandant d’interdire la construction de minarets a été lancée.

En août 2006, la section zurichoise de l’Union démocratique du centre (UDC, droite nationaliste) a déposé une motion visant à interdire l’adjonction de minarets «provocants» aux lieux de culte musulman.

Cette année, une initiative similaire, déposée au niveau national celle-là, a été critiquée par plusieurs membres du gouvernement fédéral.

Thomas Widmer, de l’Institut de sciences politiques de l’Université de Zurich, a été chargé d’évaluer si les services sanitaires, éducatifs, judiciaires et sociaux sont adaptés aux besoins de la population musulmane.

Favorisr la liberté religieuse

«Nous allons tenter de voir si les services publics cantonaux favorisent la liberté religieuse des musulmans et si les particularités de ces derniers heurtent la sensibilité du reste de la population», a expliqué le professeur à swissinfo.

«La Constitution suisse garantit la liberté de religion et les cantons doivent veiller à ce que ce droit soit respecté.»

Thomas Widmer va consulter des experts de tous les services concernés afin de réunir et analyser les données qui lui permettront d’émettre des recommandations d’ici la fin de l’année prochaine.

Une discussion idéologique

Le vif débat autour des minarets est à l’origine de cette étude. «Il y a actuellement une discussion idéologique autour des minarets et des extrémistes islamistes», a admis Thomas Widmer.

«Notre but est de nous faire une image plus nette de la situation afin d’être en mesure de réagir de manière adéquate. Il s’agit de répondre à la nécessité d’étoffer une discussion dominée jusqu’ici par des considérations purement idéologiques.»

Hisham Maizar, président de la Fédération des Organisations islamiques de Suisse, a salué le lancement de cette étude, sous réserve qu’elle permette de nouer un véritable dialogue avec la communauté musulmane de Zurich.

«C’est une bonne idée, à condition que la communauté soit considérée, dès le départ, comme un partenaire à part entière», a-t-il déclaré à swissinfo.

Exprimer ses griefs

«Une méthode qui consisterait à faire une étude et à dire aux gens ‘voilà ce que nous pensons et vous devez l’accepter’ serait très discutable. Il faut donner aux gens une chance d’exprimer leurs griefs d’emblée. En principe, j’approuve l’idée de cette étude, parce qu’il est important de disposer de ce genre d’informations. Jusqu’ici, personne n’a eu le courage d’en parler, par peur d’offenser les autres communautés religieuses», a encore indiqué Hisham Maizar.

Malgré la proposition d’interdire la construction de minarets, il estime que les relations entre les musulmans et les autorités zurichoises sont en général bonnes. Et de citer, à titre d’exemple, la décision de créer un cimetière musulman à Zurich.

«Je ne vois aucun musulman de Zurich souffrir, parce qu’il n’est pas accepté. Ceux qui font l’effort de s’intégrer dans la société suisse ne se sentent pas malvenus», a-t-il conclu.

swissinfo, Matthew Allen
(Traduction de l’anglais: Isabelle Eichenberger)

La Suisse compte environ 340’000 musulmans, dont 12% bénéficient d’un passeport suisse.
Ils proviennent pour l’essentiel d’ex-Yougoslavie et de Turquie.
Leur nombre a augmenté de 2,2% de la population en 1990 à 4,3% en 2000.
Les trois-quarts de la population suisse sont chrétiens: 42% de catholiques, 35% de protestants et 2,2% d’autres courants chrétiens.

Un minaret est un élément architectural d’une mosquée. Il s’agit généralement d’une tour élevée de laquelle les fidèles sont appelés à la prière.

En Suisse, seules les mosquées de Genève et de Zurich ont des minarets, qui ne sont toutefois pas utilisés pour appeler à la prière.

L’année dernière, l’octroi de permis de construire pour des minarets à Wangen (Argovie) et Langenthal (Berne) a été contesté. Finalement, le Tribunal fédéral a donné raison la semaine dernière au projet de Wangen.

L’initiative lancée par l’Union démocratique du centre (UDC, droite nationaliste) en août 2006 à Zurich stipule que les minarets symbolisent une «religion expansionniste et agressive».

Lancée en mai 2007, l’initiative nationale pour interdire la construction de minarets doit réunir les 100’000 signatures nécessaires d’ici à novembre 2008 pour être soumise au peuple.

En juin, un projet de construction du plus grand centre islamique d’Europe à Berne a été rejeté par les autorités municipales.

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