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Sur la défensive, les promoteurs des OGM prônent la cohabitation

Un champ de maïs transgénique aux Etats-Unis: les défenseurs des OGM montent au créneau. Keystone / AP NY / Valley News / Geoff Hansen

La Suisse doit intégrer l´agriculture transgénique et adopter des critères d´évaluation identiques. Ce sont les principales conclusions d´une étude présentée par les défenseurs du génie génétique. Elle est contestée par les écologistes.

Les défenseurs de l’agriculture transgénique en ont assez d’être diabolisés. A ce jour, rien ne prouve que les aliments qui contiennent des Organismes Génétiquement Modifiés (OGM) soient mauvais pour la santé, affirment-ils.

Par ailleurs, renchérissent-ils, aucune étude ne démontre que l’agriculture conventionnelle ou biologique présente de meilleurs résultats un plan sanitaire ou écologique.

Pour tenter de reprendre l’initiative sur un terrain qui déchaîne les passions autant que les craintes des consommateurs, InterNutrition – l’Association suisse pour la recherche en nutrition – a présenté mardi une analyse comparative des modes d’agriculture pratiqués dans le pays.

Premier constat de cette étude: en terme de développement durable, les trois types d’agricultures – génétiquement modifiée, biologique ou conventionnelle – présentent des avantages et des inconvénients.

Et InterNutrition, qui représente quatorze entreprises du secteur alimentaire en Suisse, de déduire que ces techniques se doivent donc être pratiquées simultanément sur le territoire suisse.

Avec un tel argument, les défenseurs de l’agriculture transgénique balayent l’une des principales critiques de leurs opposants. A savoir le «smog génétique», autrement dit, la contamination des autres cultures par le pollen des plantes génétiquement modifiées.

«La pollinisation ne concerne que certaines variétés, précise Klaus Ammann, Directeur du Jardin Botanique de Berne. Par ailleurs, la question du transfert de pollen devient négligeable si l’on respecte des distances d’isolement des cultures de 100 mètres environ.»

Une conclusion qui va à l’encontre des thèses soutenues par les principales organisations écologistes. En mai, Greenpeace a notamment présenté une étude démontrant, que dans le cas d’une agriculture mixte, il serait impossible d’éviter que les pollens des plantes génétiquement modifiées ne se dispersent dans la nature avec tous les risques de contamination que cela suppose.

Une conviction partagée par Pro Natura qui affirme, par ailleurs, que l’introduction des OGM dans l’élevage ou l’agriculture entraînerait une augmentation des coûts de production. «Pour limiter les risques de contamination, il faudrait créer des filières séparées depuis l’acquisition des graines jusqu’au stockage des denrées, souligne Beat Jans, membre de Pro Natura suisse. Par ailleurs, il serait nécessaire d’instaurer des contrôles et des procédures de déclaration. Tout cela a un coût et on ne sait pas qui serait appelé à payer.»

Autre thème abordé par les partisans du transgénique: la sécurité alimentaire. InterNutrition adopte des positions bien tranchées. «Les incessantes recherches scientifiques exercées dans le domaine prouvent que les aliments génétiquement modifiés présentent les même caractéristiques que les produits conventionnels, affirme l’étude, en partie menée par Kurt Bodenmüller, collaborateur scientifique de GenSuisse.

Pourtant, relève encore l’étude, les produits bios sont toujours présentés comme des aliments sains alors que les aliments contenant des OGM sont connotés de façon négative.

Pour lutter contre ce type d’a priori et permettre au consommateur de porter un jugement rationnel sur les produits mis sur le marché, InterNutrition propose de soumettre l’agriculture biologique et conventionnelle aux évaluations de sécurité auquel doivent se soumettre les aliments contenant des OGM.

En fait, par delà ses revendications, InterNutrition exprime surtout une crainte: celle d’un possible moratoire suisse sur la culture de plantes génétiquement modifiées.

En janvier dernier, dans le cadre du projet Gen-Lex, qui est sensé comblé les lacunes dans la législation concernant le génie génétique, le gouvernement a renoncé à une interdiction générale. Il a proposé un paquet de mesures, dont la principale consiste à autoriser sous condition la dissimilation d’organismes génétiquement modifiés dans l’environnement.

Le Parlement doit encore se prononcer. Quant aux principales organisations écologistes, celles pour la protection des consommateurs, l’Union suisse des paysans et l’Association des petits et moyens paysans, elles brandissent déjà la menace de l’initiative populaire.

Vanda Janka

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