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Terre des Hommes sur la piste d’un trafic d’enfants

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Terre des Hommes a pris en charge 23 enfants, qui étaient à bord de l'Etireno, le bateau qui a accosté la semaine dernière au Bénin. Selon l'organisation non-gouvernementale suisse, leurs premiers témoignages laissent planer un soupçon de trafic d'enfants. Qui devra toutefois être confirmé.

Parti le 30 mars de Cotonou, au Bénin, le navire Etireno a fait l’objet de nombreuses spéculations. Plusieurs acteurs avaient en effet estimé qu’un grand nombre d’enfants-esclaves, jusqu’à 250, étaient à bord.

Mais, après avoir été refoulé au Gabon et au Cameroun, le navire a finalement débarqué à Cotonou, le 17 avril dernier. Et si ses cales contenaient vraisemblablement des émigrants clandestins, les enfants, eux, semblaient accompagnés. Bref, la confusion était totale.

Bernard Boëton, du secteur droits de l’enfant de Terre des Hommes (TDH), à Lausanne, donne des chiffres plus précis: «Ce bateau contenait beaucoup d’adultes et un peu plus d’une quarantaine d’enfants».

Toutefois, il récuse l’hypothèse selon laquelle les marins se seraient débarrassés des mineurs en haute mer.

En fait, il est difficile de connaître le nombre exact de mineurs, certains adultes ayant pu se faire passer comme tels. Une seule certitude: TDH a recueilli 23 de ces enfants, sur demande des autorités béninoises. Seul l’un d’entre eux a été réclamé par un adulte.

Agés de 3 à 14 ans, ils sont actuellement dans le centre Oasis, au Bénin. Géré par TDH, celui-ci accueille depuis longtemps les enfants perdus, abandonnés ou en conflit avec la loi.

TDH en est encore à la phase de premier accueil. L’essentiel étant de mettre en sécurité ces enfants, de les nourrir, de les soigner si nécessaire et de leur redonner confiance. A terme, le but est évidemment de retrouver leurs parents pour qu’ils puissent retourner chez eux.

Les protégés de TDH ont été plutôt mal nourris, mais aucun n’a de réelle pathologie médicale. Ils ne paraissent pas non plus traumatisés et sont prêts à parler.

«Mais leurs témoignages sont aléatoires, en fonction de l’âge des enfants, de leur capacité de discernement et surtout de leurs craintes», souligne Bernard Boëton. Bref, TDH doit encore comparer leurs récits.

Parmi les jeunes Béninois, tous semblent venir de la même région. Ils disent aussi qu’il a fallu payer pour leur départ, et qu’ils allaient travailler au Gabon. Du coup, chez TDH, on parle de «symptômes» d’un trafic d’enfants.

«Mais aujourd’hui, notre mouvement ne formule pas ce jugement», martèle Bernard Boëton. L’investigation judiciaire des autorités béninoises, et les auditions des enfants doivent en effet confirmer ces soupçons.

Reste que TDH est déterminée à lutter contre les trafics d’êtres humains, qui prennent toujours plus d’ampleur. «Pour l’instant, la collaboration avec les autorités béninoises est excellente, conclut Bernard Boëton. Mais nous sommes dans une phase d’urgence.»

Caroline Zuercher

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