Des perspectives suisses en 10 langues

Tests antidrogue pour les cheminots

Même les contrôleurs doivent avoir la tête claire. Keystone

Les conducteurs de locomotive et les contrôleurs des Chemins de fer fédéraux (CFF) âgés de moins de 40 ans doivent effectuer des tests de dépistage de drogue.

Le préposé à la protection des données se montre sceptique et un expert du droit du travail considère même cette mesure comme illégale.

Les CFF exigent de leurs employés qu’ils renoncent aux drogues illégales, y compris durant leur temps libre.

«Ces tests doivent nous permettre d’être sûrs que nos employés ont la tête bien au clair lorsqu’ils sont au travail», a déclaré vendredi soir le porte-parole des CFF Roland Binz, dans l’émission “10vor10″de la télévision alémanique.

Les tests se déroulent lors de contrôles de santé de routine, a-t-il précisé. Ils concernent tous les collaborateurs des CFF dont la fonction est liée à la sécurité. Cela va des conducteurs de locomotive aux contrôleurs, en passant par les employés de triage et les personnes travaillant sur les voies ferrées.

Les CFF partent en revanche du principe que les collaborateurs de plus de 40 ans ont moins de problèmes de drogue que leurs cadets. Les aînés ne devront donc se soumettre au test qu’en cas de soupçon, a précisé Roland Binz.

Scepticisme

Le préposé fédéral à la protection des données, Hanspeter Thür, se montre sceptique à l’égard de ces tests. Il a tout de même concédé que ceux-ci étaient envisageables pour les postes impliquant des aspects de sécurité élevés. Et de donner en exemple les conducteurs de machines.

Selon Hanspeter Thür, il n’est par contre pas normal de limiter les tests aux seules drogues illégales. L’alcool est susceptible de poser bien plus de problèmes, selon lui. Le préposé à la protection des données ne comprend pas non plus la limite d’âge. Il existe certainement des employés de plus de 40 ans qui prennent des drogues, selon lui.

Les conséquences sur la vie privée des employés inquiètent également le préposé à la protection des données. En effet, ces tests régissent aussi le comportement des personnes durant leur temps libre. «Je ne peux pas concevoir qu’avoir consommé du cannabis durant ses congés il y a quelques mois soit un problème pour la sécurité»,a-t-il ajouté.

Hanspeter Thür va examiner la légalité de ces tests. Si les CFF répondent de manière convaincante à ses questions, le cas en restera là. «Je doute cependant que cela se passe ainsi», pronostique toutefois le préposé.

«Illégal»

Pour le professeur de droit du travail Thomas Geiser, de l’Université de St-Gall, qui s’est exprimé vendredi soir dans “10vor10”, la cause est déjà entendue: le procédé n’est pas soutenable d’un point de vue juridique.

Sachant que des traces de cannabis peuvent subsister dans l’organisme plusieurs semaines après sa consommation, le spécialiste juge que les CFF ne peuvent pas prescrire à leurs employés ce qu’ils doivent faire ou ne pas faire durant leurs loisirs.

swissinfo et les agences

Les CFF ne sont pas la première grande entreprise suisse qui veut soumettre ses employés à des tests antidrogue de grande ampleur.

En 2000, Hanspeter Thür était déjà intervenu dans un cas similaire auprès du géant pharmaceutique bâlois Roche, qui voulait soumettre ses apprentis à de tels tests.

Devant l’obstination des responsables de Roche, le préposé avait saisi la commission fédérale de la protection des données et Roche avait dû abandonner son projet.

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision