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Traitement du Parkinson: neurologues et malades restent prudents

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La circonspection est de mise du côté des médecins et de personnes atteintes de la maladie de Parkinson. Pour eux, les travaux publiés, vendredi, dans la revue Science ne doivent pas susciter de faux espoirs.

Selon cette publication, des chercheurs des universités de Genève et Lausanne, en collaboration avec des scientifiques américains, ont mis au point une thérapie génique capable de soigner durablement la maladie de Parkinson chez les singes.

Chez les personnes atteintes de la maladie de Parkinson, certaines cellules du cerveau meurent. Cette perte entraîne les symptômes connus de la maladie: tremblements, rigidité, difficulté à se mouvoir puis paralysie.

Or, les scientifiques helvétiques, menés par Patrick Aebischer, devenu président de l’EPFL, ont trouvé le moyen de stopper cette dégradation. Ils ont créé un virus-navette qui, arrivé exactement là où il est nécessaire, produit une sorte d’engrais pour les cellules en difficulté.

Des tests ont été effectués aux Etats-Unis sur des singes. Résultat: les scientifiques ont réussi à induire un bourgeonnement des cellules nerveuses et à régénérer les structures atteintes. Reste à savoir s’il pourrait en être de même pour l’être humain.

«Sur le plan scientifique, cette étude est tout à fait novatrice», s’enthousiasme Jean-Marie Warter. Pour ce neurologue de Strasbourg, l’originalité de la recherche tient au fait qu’elle se penche sur la mort des cellules nerveuses, à la base de la maladie. Or, des avancées dans ce domaine pourraient être utilisées pour d’autres maladies neurodégénératives.

Mais au-delà de l’admiration scientifique, le médecin se montre prudent. «Nous ne sommes pas à l’abri de mauvaises surprises, souligne-t-il. Nous ne savons pas si cette méthode pourra être utilisée chez l’homme à une large échelle, et avec quels résultats.»

Même méfiance de François Vingerhoets, responsable du Centre des maladies neurodégénératives au Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV). «Il y a déjà eu plusieurs nouvelles de ce type, mais ces espoirs ne se sont pas forcément concrétisés», regrette-il.

Par exemple, la maladie s’exprime uniquement lorsque 60 pour cent des cellules sont détruites. Est-ce suffisamment tôt pour intervenir avec un tel traitement? C’est la question que se pose Jean-Marie Warter.

Mais tout cela est de la musique d’avenir. Entre la découverte et l’application pratique avec les patients, il va se passer plusieurs années. Avant de faire des tests sur les hommes, il faut notamment trouver le moyen de stopper le traitement, en cas de problèmes.

Cette attente, les malades et leurs proches ne la vivent pas toujours bien. «De telles découvertes leur donnent de l’espoir, ce qui est très bien, estime Lydia Schiratzki, secrétaire général de l’Association suisse de la maladie de parkinson. Mais ils souffrent et, pour eux, c’est difficile d’entendre qu’il y aura peut-être des résultats concrets dans dix ou vingt ans…»

Reste un dernier élément: depuis dix ans, les recherches sur le cerveau sont toujours plus nombreuses. «Les scientifiques comprennent toujours mieux la complexité du cerveau et de la maladie de Parkinson, souligne Lydia Schiratzki. Cela augmente les chances de combattre cette maladie.»

Caroline Zuercher


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