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Trois matches de suspension pour Alex Frei

Mercredi, Alex Frei a été entendu par l'UEFA pendant cinq heures. Keystone

Pour avoir craché sur un adversaire anglais lors de l'Euro 2004, l'attaquant suisse est suspendu pour trois matches par l’UEFA.

Malgré les mensonges qui ont suivi cette affaire, il n’y aura aucune sanction contre l’Association suisse de football (ASF).

A leur sortie des quartiers de l’Union européenne de football association (UEFA), mercredi à Nyon, les protagonistes de cette affaire avaient conservé un mutisme total.

Le journal de la Télévision suisse romande avait cependant indiqué que l’accusation aurait requis une suspension de cinq matches, alors que l’avocat d’Alex Frei plaidait pour un seul.

Après plusieurs heures d’attente, le verdict est donc tombé dans l’après-midi de jeudi. Alex Frei est condamné à trois matches de suspension pour avoir craché sur un adversaire durant l’Euro 2004.

Dans les faits, la suspension ne sera que de deux matches. En effet, Alex Frei a déjà été suspendu une première fois. C’était contre la France, lors de la dernière rencontre disputée au Portugal par la Suisse aux Championnats d’Europe de Football.

ASF pas poursuivie



Des accusations étaient également portées contre certains représentants de l’ASF. Ils étaient soupçonnés d’avoir sciemment menti à l’UEFA en déclarant qu’Alex Frei n’avait pas craché contre l’Anglais Steven Gerrard.

Mais l’UEFA n’a finalement constaté aucune indication d’infractions à l’encontre de l’Association suisse de football. Aucune sanction disciplinaire ne sera donc prise.

Une enquête indépendante demandée par l’ASF doit cependant encore déterminer si certains de ces responsables étaient au courant du crachat et s’ils ont influencé négativement Alex Frei. L’ASF souhaite attendre les résultats de cette enquête avant de prendre position.

De plus, l’association souhaite prendre directement contact avec le joueur, afin de parler directement avec lui. Une telle rencontre n’avait jusqu’à présent pas été possible en raison de la procédure en cours.

L’Association suisse de football regrette par ailleurs «l’ampleur que l’affaire Frei a pris au sein des médias et du public». Elle déplore que l’attaquant Frei ne puisse être disponible pour les prochains matches de l’équipe nationale, des matches importants comptant pour la qualification à la prochaine Coupe du Monde.

Une affaire pénible



Pour mémoire, Alex Frei a craché sur la nuque du joueur anglais Steven Gerrard le 17 juin lors du match Suisse-Angleterre disputé à Coimbra (victoire anglaise par 3 à 0).

Ce que l’on nommera par la suite «l’affaire Frei» est dévoilée le 18 juin, quelques jours après que l’UEFA ait infligé une suspension de trois matches au joueur italien Francesco Totti, coupable d’avoir craché à la figure du Danois Christian Poulsen.

Le crachat de Frei est d’abord révélé par la télévision publique allemande ZDF. Les images diffusées laissent supposer un geste similaire de la part du joueur suisse, sans toutefois apporter une preuve irréfutable. En effet, le visage de Frei n’apparaît pas clairement sur l’enregistrement.

Le jour suivant, Alex Frei dément publiquement. «Je n’ai pas craché contre Gerrard, déclare-t-il alors. Je lui ai seulement lancé une insulte dans son dos.»

L’UEFA ouvre de son côté une enquête contre le joueur suisse. Mais le 20 juin, elle décide de ne pas lui infliger de sanctions par manque de preuves.

Polémique en Suisse



L’affaire aurait pu en rester là. Mais quelques heures seulement après la décision de l’UEFA, la chaîne de télévision alémanique SF DRS diffuse de nouvelles images qui, cette fois, montrent sans l’ombre d’un doute qu’Alex Frei a bel et bien craché.

En Suisse, cette révélation débouche immédiatement sur une polémique. La décision de SR DRS de dévoiler cette preuve est critiquée par quelques dirigeants de l’ASF qui continuent à déclarer ne rien savoir de ce crachat.

Le 21 juin, à quelques heures de la rencontre décisive contre la France, Alex Frei est à nouveau dans le collimateur de l’UEFA qui le suspend à titre provisoire.

L’équipe nationale suisse est en émoi. L’entraîneur Köbi Kuhn et les joueurs décident de ne plus donner d’interviews à la télévision suisse avant le match.

Le 23 juin, le match contre la France ayant été perdu, l’équipe suisse rentre à la maison. Ses dirigeants refusent d’admettre avoir été informés par Alex Frei de la réalité des faits. Seul Pierre Benoit, le chef de la communication, reconnaît indirectement avoir été au courant.

swissinfo et les agences

17 juin: Frei crache sur un adversaire.
18 juin: des images de la ZDF laissent penser qu’il y a crachat.
20 juin: l’UEFA ne condamne pas Frei, faute de preuves. Mais des nouvelles images apportent ensuite une preuve formelle.
21 juin: l’UEFA suspend Frei pour le match contre la France.
15 juillet: verdict final: trois matches de suspension.

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