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Un ‘manager’ suisse au pays de Pelé

Denis Guerra et de jeunes footballeurs de São Paulo (swissinfo) swissinfo.ch

Dans son école de football de Cotia près de São Paulo, l'ex-footballeur tessinois Denis Guerra veut conjuguer le talent brésilien et la mentalité suisse.

C’est ce que tente de faire cet ex-employé de banque âgé de 31 ans, fondateur de l’«Estro Football School», dans la périphérie de la métropole brésilienne.

Lorsqu’il a eu 30 ans, Denis Guerra a décidé de quitter la Suisse pour le Brésil. Son but: mettre sur pied, avec son collègue et ami Matteo Ambrosini, un projet qui allie la passion pour le sport et l’amour pour le Brésil avec une bonne dose d’esprit d’entreprise.

Des jeunes venus du monde entier

L’école dirigée par les deux Tessinois a pour but d’accueillir des jeunes venus du monde entier pour des séjours d’étude qui proposent des leçons de football et l’enseignement du portugais. L’autre objectif est de dénicher de nouveaux talents dans cet immense réservoir qu’est le pays le plus passionné de foot au monde.

«Le foot, raconte Denis, a été ma plus grande passion pendant longtemps. Puis, à la suite d’une série d’ennuis physiques, mes aspirations se sont émoussées et je suis entré dans une banque. Cette expérience professionnelle m’a permis de progresser dans le domaine des contacts humains ainsi dans les relations de confiance que les clients m’accordaient.»

Un coup de foudre

La découverte du Brésil modifie les projets de vie de Denis. «Il y a trois ans, explique-t-il, je suis allé au Brésil rendre visite à un ex-compagnon d’équipe qui vit dans l’Etat de Goiaias, une région pas touristique, éloignée des célèbres plages de Rio de Janeiro et Bahia.».

«Je ne devais rester que deux semaines. J’y suis resté deux mois pendant lesquels j’ai appris à apprécier les gens. Je suis tombé amoureux de l’esprit brésilien et j’ai décidé de mettre sur pied quelque chose qui me permette de vivre dans cet extraordinaire pays», souligne Denis Guerra.

Il a fallu plus de deux ans à Denis Guerra pour mettre au point son projet. Puis,«un jour, se souvient Matteo Ambrosini, Denis est venu dans mon bureau et m’a expliqué son idée. J’ai été plutôt surpris par son projet. Car pour moi le Brésil n’était pas un pays qui a besoin de leçons de football.»

«Finalement j’ai compris que l’idée était bonne. Le foot européen est de plus en plus exigeant et le talent seulement ne suffit pas. Quand un jeune de 18-20 ans arrive dans un club européen. Il ne doit être prêt techniquement seulement, mais aussi physiquement et psychologiquement», souligne Matteo Ambrosini.

Grâce à la collaboration de Matteo et à son expérience de professeur de tennis et préparateur athlétique, le projet a pris forme. A la fin de 2004, il a suffit d’un voyage de prospection pour choisir le siège de l’école.

Ne pas oublier les favelas

La « Estro Football School » . qui compte aussi des associés brésiliens, a ouvert ses portes au début de l’année. Elle est déjà en train de former un bon groupe de jeunes talents. Une partie de la journée est consacrée aux entraînements et à la sélection des nouveaux joueurs.

Les visites dans les favelas figurent aussi au programme. Avec le soutien d’organisations locales liées aux associations suisses de bénévolat, il est possible de dénicher des champions en herbe dans ces périphéries défavorisées.

«Mais nous ne sommes pas des chasseurs de têtes », précise Denis Guerra. Et ce dernier de préciser: «nous essayons de donner un sens social à notre travail, d’aider la population des favelas en recueillant des dons. En sensibilisant les amis et connaissances en Suisse.

«Aux jeunes qui arrivent dans notre centre, nous ne promettons pas de l’argent facile mais leur expliquons qu’ils devront travailler durement pour se former physiquement et mentalement. Le football peut être un moyen pour améliorer les conditions de vie mais il peut aussi devenir un extraordinaire instrument de solidarité», note encore Denis Guerra.

Entre-temps, les travaux de restructuration des locaux destinés à accueillir les hôtes sont en voie d’achèvement. L ‘école ne formera pas seulement des jeunes Suisses et autres Européens mais aussi des joueurs asiatiques.

Les gouvernements chinois et coréens ont des projets de collaboration avec le centre suisse. Durant ces dernières années beaucoup de footballeurs en herbe de ces deux pays ont été formés dans des écoles de football brésiliennes.

Denis Guerra est fasciné par sa nouvelle activité. «Matteo et moi, dit-il, avons décidé de changer de vie. Nous ne savons pas encore ce que nous réserve l’avenir mais pour l’heure nous sentons que notre futur est ici, au Brésil!»

swissinfo, Emiliano Guanella, São Paulo
(Adaptation de l’italien, Gemma d’Urso)

Le centre sportif de Cotia se trouve à 50 km de São Paulo. Il comprend deux terrains de football, une salle de gymnastique, une piste d’athlétisme et une piscine olympique. Il peut accueillir jusqu’à 100 athlètes.
Durant ces trois dernières années, un millier de jeunes Asiatiques (Chinois, Coréens et Japonais) sont allés se former au Brésil. Ils y ont alterné les leçons de football à celles de portugais.

– Denis Guerra a joué dans plusieurs équipes tessinoises comme professionnel. A 24 ans, il est devenu conseiller financier dans une banque.
– Matteo Ambrosini a aussi travaillé dans le secteur bancaire tout en étant professeur de tennis et préparateur athlétique durant son temps libre.
– Les deux amis ont quitté la Suisse début 2005. Ils ont ouvert la «Estro Football School» à Cotia, dans la banlieue de Sao Paulo.
– L’école a pour but de découvrir de nouveaux talents à proposer aux équipes européennes et d’organiser des séjours vacances-études destinés aux jeunes du monde entier.

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