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Un ancien dirigeant d’Al-Taqwa sur la liste noire de l’ONU

Entrée des locaux de la société "Nada Management Organization" près de Lugano Keystone Archive

Ahmed Idris Nasreddin, l'un des fondateurs de la société suisse Al-Taqwa, est soupçonné de terrorisme par les Nations Unies.

Depuis le 7 novembre 2001, la société Al-Taqwa, rebaptisée Nada Management Organization, et ses principaux dirigeants, sont accusés par les Etats-Unis de financer le terrorisme islamiste.

A la demande des Américains, Suisses, Italiens et Liechtensteinois ont perquisitionné en novembre dernier dans les locaux de cette société et de ses filiales.

Depuis, c’était le calme plat. Aucun responsable de cette société financière, pourtant nommément citée par le président George W. Bush, n’a été interrogé par la justice. Nada Management Organization a même été liquidée le 31 décembre 2001.

Avoirs gelés en Suisse

Pourtant, depuis la semaine dernière, le nom d’Ahmed Idris Nasreddin, 72 ans, originaire d’Ethiopie, et ancien consul du Koweït à Milan, figure sur la liste noire de l’annexe 2 des Nations Unies.

Cette annexe contient les noms des personnes physiques et morales dont les avoirs sont à geler en Suisse.

De plus, il est interdit de mettre des fonds directement ou indirectement à disposition de ces personnes. L’information a été confirmée lundi à swissinfo par le Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO). Avant même de rejoindre l’ONU, la Suisse suit depuis de nombreuses années ses directives.

En clair, le fondateur d’Al-Taqwa n’est plus soupçonné seulement par les Américains d’aider financièrement les terroristes islamistes, mais aussi par les Nations Unies.

Faut-il en déduire que l’enquête sur Al-Taqwa, que l’on croyait au point mort en Suisse, avance enfin? Le Ministère public de la Confédération répond par un «No comment». Il ne confirme ni n’infirme l’inculpation d’Ahmed Idris Nasreddin.

D’ailleurs, Berne continue de répéter qu’aucune «preuve directe» d’un lien entre Al-Taqwa et les attentats du 11 septembre ne peut être établie. Il n’existerait «qu’une série d’indices».

Felice Barchi, l’avocat d’Ahmed Idris Nasreddin, installé à Lugano, marque son étonnement. «Mon client n’a jamais été interrogé, ni en Suisse, ni en Italie. La justice ne lui a jamais signifié la moindre charge», s’étonne-t-il.

L’institut culturel islamique de Milan

Même réaction de la part du Bernois Ahmad Huber, ancien administrateur d’Al-Taqwa. «Ce n’est pas sérieux. Il n’y a absolument rien dans le dossier. Mais le procureur général de la Confédération n’ose pas le reconnaître, de peur que George Bush se retrouve complètement nu», sourit-il.

Par ailleurs, personne n’est en mesure d’indiquer le domicile actuel d’Ahmed Idris Nasreddin. Est-il en Suisse, en Italie, au Nigeria, en Afrique du Sud?

Actionnaire de la banque Al-Taqwa, autrefois enregistrée aux Bahamas, cet ancien consul finançait l’institut culturel islamique de Milan, soupçonné d’être une base européenne d’Al-Qaida en Europe.

Un imam de ce centre, installé avenue Edoardo-Jenner, Anwar Shaban, aurait été un proche disciple de Omar Abdul Rhaman, accusé d’avoir commandité le premier attentat contre le World Trade Center de New York.

swissinfo/Ian Hamel

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