Des perspectives suisses en 10 langues

Un hôpital suisse aux portes de Paris

swissinfo.ch

A Paris, la Suisse a une ambassade, un centre culturel, une chambre de commerce, des souvenirs militaires... Mais elle existe également à travers un hôpital.

L’Hôpital suisse de Paris, inauguré en 1970, se trouve à Issy-Les-Moulineaux, au sud-ouest de la capitale. Visite.

Issy-les-Moulineaux, à deux pas du périphérique, ressemble à une tranquille cité de province. L’Hôpital suisse de Paris est situé un peu sur la hauteur, non loin du centre.

«L’association de l’Hôpital suisse de Paris a été fondée par des Suisses ou des doubles nationaux. Aujourd’hui encore, c’est le cas de l’ensemble des administrateurs. Ils sont les garants d’une éthique, d’une charte de qualité», constate Mathieu Terroir, le directeur, qui nous accueille dans son bureau.

Une charte de qualité… parle-t-on de critères précis ou d’une image générale? «D’image. Nos intentions sont bien de faire valoir ici une certaine image de la Suisse: un établissement propre, du personnel accueillant, de la proximité. Bref, une certaine image de la perfection suisse», répond-il.

L’Hôpital Suisse de Paris a d’ailleurs été classé 2ème Hôpital le plus sûr de France en matière de maladies nosocomiales (sur 317 établissements de moins de 300 lits), selon une enquête du magazine «L’Express» parue en janvier 2007.

A la ‘perfection’, Mathieu Terroir ajoute la ‘discrétion’. L’établissement qu’il dirige a récemment été évoqué dans les médias lors du décès de la célèbre résistante française Lucie Aubrac. «Elle a été l’une de nos patientes pendant de nombreuses années, elle est partie dans la plus grande discrétion», relève Mathieu Terroir.

A propos, et de façon très pragmatique, est-il important pour un hôpital parisien que des noms connus lui soient liés? «Il est évident qu’il n’y a aucune démarche intentionnelle de capter une quelconque patientèle connue. En revanche, on ne peut qu’apprécier le signe de gentillesse de sa famille qui, dans le faire-part de décès, a mis quelques lignes pour remercier le personnel de l’Hôpital suisse», répond le directeur.

Un projet né en 1947

C’est en 1947 que quelques personnalités suisses de la région parisienne lancent le projet de construction d’un Hôpital Suisse à Paris, destiné avant tout à la communauté helvétique de l’Ile de France. Une association est constituée la même année.

Le projet sera long à aboutir… Un terrain est acheté à Neuilly-sur-Seine. Mais les crédits manquent. Puis l’architecte décède. Au début des années 60, une ‘Maison Suisse de Retraite’ s’installe à Issy-les-Moulineaux, qui proposera à l’Hôpital Suisse de Paris de lui céder une partie du terrain en bail emphytéotique (un bail immobilier de longue durée qui confère au preneur un droit réel sur l’objet).

L’Hôpital suisse de Paris sera inauguré en 1970 dans cette toute proche banlieue parisienne. Mais aujourd’hui, les relations entre Maison de retraite et Hôpital semblent ne plus être vraiment au beau fixe, avec justement un contentieux lié au terrain.

Ouvert à tous

Aujourd’hui, l’Hôpital suisse de Paris occupe 220 employés à temps complet, dont 11 médecins.

Ses caractéristiques? «Un établissement de 119 lits, répartis ainsi : 40 lits de soins de suite orientés réadaptation post-orthopédique (prise en charge de suite de chirurgie orthopédique), 40 lits de médecine interne, et 39 lits de soins de suite polyvalents (notamment la chirurgie viscérale)», explique Mathieu Terroir.

Son statut est mixte: «Nous sommes un établissement privé PSPH, soit ‘participant au service public hospitalier’. Un établissement privé sans but lucratif, qui fonctionne sous un mode associatif avec un attachement à une convention collective. Mais nous sommes financés en grande partie par le secteur public. Nous sommes donc contraints de respecter les règles du public. En revanche, le statut du personnel engagé relève bien de contrats de droit privé», ajoute-t-il.

Si à l’origine «l’idée était d’accueillir les ressortissants de la communauté suisse et de proposer un relais entre la Suisse et la France», il est clair qu’aujourd’hui, l’hôpital est ouvert à toutes les nationalités.

Des projets en cours? «Nous avons le projet d’installer un scanner, qui a la particularité d’accueillir les personnes de forte corpulence. Ce qui est innovant, puisqu’il n’y a qu’un seul scanner de ce type en France, dans le nord, auquel s’ajoute un IRM près de Toulouse. Un projet que nous avons bon espoir de voir aboutir, et que nous allons réaliser sur des fonds propres», répond Mathieu Terroir.

Avant de préciser: «Un dossier qui s’inscrit dans la prolongation de ce que défend la Suisse dans sa logique de soins, notamment les prises en charge qui tournent autour de l’éducation à la santé, du surpoids. Nous avons d’ailleurs une école d’orientation thérapeutique orientée sur la prise en charge du diabète et du surpoids. Une démarche complètement inspirée de l’exemple suisse, où la prise en charge diététique est très aboutie… Nous cherchons à emprunter cette voie-là.»

Par ailleurs, l’HSP accueillera bientôt le siège de la ‘Société helvétique de bienfaisance’, qui s’occupe des Suisses de France en situation précaire.

Silence fédéral

Mathieu Terroir évoque un taux d’occupation des lits de 95% à 97%. «C’est un hôpital qui se porte bien, qui est en bonne santé financière, proche de l’équilibre, ce qui est rare parmi les hôpitaux d’Ile-de-France». Budget de fonctionnement: 12 millions d’euros par année.

Pourtant, le directeur semble avoir sinon un regret, en tout cas un espoir: «Ce que je souhaiterais, c’est que la Suisse soit attentive à cet hôpital. Aujourd’hui, les seuls acteurs et les seuls défenseurs de cette culture suisse sont les membres du Conseil d’administration.»

Aucune aide en provenance de Suisse? «De la considération, certes, mais je crois qu’on peut être en droit d’espérer un soutien plus marqué», souligne Mathieu Terroir. C’est-à-dire? «Une reconnaissance de principe et, pourquoi pas, un soutien sur des projets ciblés».

A noter que l’Hôpital suisse de Paris est le seul hôpital hors des frontières helvétiques…

swissinfo, Bernard Léchot à Paris

Hôpital suisse de Paris
10 rue Minard
92130 Issy-Les-Moulineaux
Tél: 01.41.33.11.00

Métro (ligne 12): Mairie d’Issy ou Corentin Celton

Diplômé de l’Ecole nationale de la santé publique.

En provenance du secteur des hôpitaux publics, il est détaché depuis un peu plus d’un an à la direction de l’Hôpital suisse de Paris.

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision