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Un jugement qui donne de l’air à ABB

Une cour du New Jersey a accepté mardi le plan d'indemnisation de 1,9 milliard de francs proposé par ABB pour les victimes américaines de l'amiante.

Cette décision permet au groupe technologique helvético-suédois de clore définitivement le dossier «Combustion Engeneering» et d’envisager l’avenir avec davantage de sérénité.

ABB est désormais libéré de l’affaire dite de l’amiante. Le groupe, dont le siège principal est à Zurich, va pouvoir se concentrer sur son métier de base, à savoir les technologies de l’énergie et de l’automation.

Les plaignants ont certes encore 30 jours pour interjeter un recours contre la décision de la cour de Camden dans le New Jersey.

Mais le règlement proposé n’a fait l’objet d’aucune opposition depuis sa confirmation par le tribunal des faillites de Pittsburgh, en Pennsylvanie, le 19 décembre 2005.

Un dossier clos

Le dossier «Combustion Engeneering» devrait donc être clos une bonne fois pour toute. Cependant, il reste encore à régler celui d’une autre filiale américaine d’ABB, Lummus.

Mais le groupe helvético-suédoise qualifie d’«insignifiantes» les procédures pendantes contre cette société. D’autant qu’elles ne font pas partie de l’accord entériné mardi.

Pour mémoire, ABB avait acheté en 1990 la firme américaine Combustion Engineering. Alors que celle-ci faisait déjà face à quelques plaintes d’anciens employés. Il se trouve que dans les années 70, cette société avait produit des chaudières contenant de…l’amiante.

Très rapidement, ABB a été assaillie par une avalanche de plaintes – près de 100’000 ! -, la précipitant en 2002 au bord de la banqueroute.

Une restructuration…bienvenue

C’est un changement de direction, suivi d’une restructuration majeure, qui a permis de remettre la compagnie sur les rails.

Andreas Riedel, analyste à la banque Sarasin, est d’avis que la décision prise mardi par la cour du New Jersey va permettre aux dirigeants actuels d’ABB de poursuivre sur la bonne voie.

«La question de l’amiante a absorbé énormément de capacités de gestion qui pourront désormais être investies dans des secteurs plus profitables», explique ce dernier à swissinfo.

«En 2005, les activités non-principales – dont font partie Combustion Engineering et Lummus – ont grevé le résultat d’exploitation avant impôts, intérêts et amortissements (EBIT) de la compagnie», poursuit-il.

Autre avantage de cet accord, l’action ABB peut prendre à nouveau l’ascenseur.

«Cela devrait permettre à ABB de trouver de nouveaux investisseurs. Car les observateurs vont se rendre compte que le groupe est à nouveau en mesure d’atteindre ses buts», conclut Andreas Riedel.

Une facture salée

En définitive, l’affaire de l’amiante aura engendré pour ABB un énorme investissement en temps et en argent.

Au début du mois, la compagnie a estimé la facture finale – honoraires légaux compris – à près de deux milliards de dollars (2,6 milliards de francs suisses).

En décembre 2004, le refus par une autorité juridique américaine d’un règlement extra-juridique global de 1,2 milliard de dollars (1,6 milliard de francs suisses) proposé par ABB aux plaignants avait obligé la compagnie helvético-suédoise à revoir ses résultats annuels.

Un litige bientôt réglé

Le profit annuel de 201 millions de dollars (264 millions de francs suisses) s’était alors transformé en une perte de 35 millions de dollars (46 millions de francs suisses). Et l’offre aux plaignants avait été augmentée de 232 millions de dollars (304 millions de francs suisses).

La saga s’est poursuivie jusqu’à ce mardi. Elle a pris fin avec le verdict de la cour de Candom.

Certes, un litige existe encore concernant Lummus. Mais ce dossier devrait être réglé dans un futur proche et la vente de cette filiale devrait suivre.

A noter que l’an dernier, ABB a retrouvé les chiffres noires pour la première depuis l’an 2000 avec un bénéfice net de 735 millions de dollars (963 millions de francs).

swissinfo

ABB (pour Asea Brown Boveri) est né en 1988 de la fusion du Suédois Asea (fondé en 1883) et du Suisse BBC Brown Boveri (fondé en 1891).
La compagnie s’est presque effondrée sous une montagne de dettes en 2002 suite à une expansion trop rapide et des frais liés aux incessantes réclamations et plaintes concernant le problème de l’amiante.
Considéré comme celui qui a réussi à remettre la compagnie sur les rails, Jürgen Dormann est Président du conseil d’administration d’ABB depuis 2002.
Depuis l’an dernier, le CEO d’ABB se nomme Fred Kindle. Il a pu fêter le retour d’ABB dans les chiffres noirs en 2005.

– En 1990, ABB a acheté la firme américaine Combustion Engineering – qui avait produit des chaudières contenant de l’amiante dans les années 70 – malgré le fait que celle-ci faisait déjà face à quelques litiges concernant l’amiante.

– L’augmentation du nombre de plaintes dans les années 90 conduisait Combustion Engineering a demandé – en 2003 – la protection de la loi américaine sur les faillites.

– ABB proposait alors un accord global extra-judiciaire de 1,2 milliard de dollars (1,6 milliard de francs) afin de régler l’affaire de l’amiante. Cette proposition était refusée en décembre 2004 par une cour de justice US en raison de l’inclusion de la filiale Lummus dans le paquet.

– La multinationale helvético-suédoise s’engageait alors à verser un montant supplémentaire d’environ 232 millions de dollars (304 millions de francs) pour régler les questions liées à l’amiante de ses filiales américaines.

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