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Un nouvel institut pour comprendre le monde en mutation

Actuel patron de l'IUHEI, Philippe Burrin dirigera le nouvel institut. swissinfo.ch

La Genève internationale se dote d'un centre d'études et de recherche mariant les relations internationales et le développement. Un profil unique au monde, selon son directeur. Interview.

Philippe Burrin veut inscrire l’Institut de hautes études internationales et du développement dans un réseau suisse de recherche branché sur l’international.

L’Institut de hautes études internationales et du développement (IHEID) de Genève démarrera pleinement ses activités en janvier 2008. Ce lundi, ses responsables ont signé une convention d’objectifs avec le canton de Genève et la Confédération suisse (gouvernement).

Il aura fallu un peu plus de 2 ans pour fusionner l’Institut universitaire des hautes études internationales (IUHEI) et l’Institut universitaire d’études du développement (IUED), deux institutions genevoises aux cultures d’entreprise fort différentes.

Le nouveau lieu d’études et de recherche mise sur l’avenir tant par son organisation à la pointe des hautes écoles suisses – avec une direction forte et autonome (sans représentant politique au sein de son Conseil) et un champ d’études en phase avec un monde en pleine recomposition.

Philippe Burrin, directeur du nouvel institut, souligne les points forts de centre d’études et de recherche de 3e cycle.

swissinfo: La fusion des deux instituts est formellement faite. Est-ce le cas des deux cultures d’entreprise portées par ses deux anciennes écoles?

Philippe Burrin: Nous ne faisons pas simplement une juxtaposion des deux anciens instituts. Avec cette fusion, nous avons donné à des équipes aux cultures différentes un cadre de travail commun, avec un même règlement, des conditions de travail identiques et une seule administration.

Cette fusion est donc déjà largement faite. Mais il y aura des difficultés et des frictions, puisque nous sommes en train de couler dans un moule unique des personnes issues de traditions différentes.

Cela dit, toute cette transition a été négociée et réalisée en commun. Nous avons demandé par lettre à l’ensemble des collaborateurs concernés s’ils acceptaient ces nouvelles conditions de travail : 99% ont répondu par l’affirmative.

Les personnes issues des deux instituts doivent maintenant apprendre à travailler ensemble. Certains se décourageront ou choisiront d’autres voies.

Quoi qu’il en soit, ces prochaines années, nous devrons remplacer une partie des professeurs qui auront atteint l’âge de la retraite. Dans 4 ans, la moitié des enseignants seront nouveaux.

C’est cette réalité démographique qui permettra la réussite de ce pari.

swissinfo: Quels champs d’étude et de recherche allez-vous privilégier?

P.B. : Nous proposerons une série de thèmes interdisciplinaires comme les migrations, le commerce international, la sécurité, la politique internationale de santé ou le développement durable.

Nous allons également développer des champs aujourd’hui sous-représentés ou mal dotés, comme l’Afrique, un continent toujours plus intéressant à plus d’un titre.

swissinfo: Où situez-vous ce nouvel institut sur le plan mondial?

P.B. : La concurrence se situe clairement dans l’espace atlantique, en Amérique du Nord et en Europe. Nous maintiendrons notre rang et améliorerons notre image si nous sommes capables de répondre mieux que d’autres institutions aux grands problèmes du monde contemporains. Si nous identifions à temps ces problèmes, si nous développons une expertise suffisante, nous serons bien placés parmi les instituts de relations internationales.

De ce point de vue, notre localisation à Genève est essentielle, du moins tant qu’elle abrite de nombreuses organisations internationales. En nous appuyant sur l’expertise de ces organisations et en développant nos propres compétences, nous allons nous renforcer réciproquement.

Sur des questions qui nous intéressent tous comme l’évolution du climat, la sortie des guerres ou les migrations forcées et volontaires, nous avons de l’expertise à apporter.

swissinfo: Vous comptez également développer un réseau de recherche en Suisse.

P.B. : L’idée est de renforcer les études internationales, un domaine peu présent en Suisse. Parmi nos partenaires, nous avons l’institut de médecine tropicale de Bâle, l’institut du commerce mondial à Berne, le centre d’études de sécurité de Zurich.

swissinfo: Vous voulez attirer des étudiants et des professeurs du monde entier. Le durcissement de la législation suisse à l’égard des étrangers vous pose-t-elle problème?

P.B. : C’est un problème qui préoccupe tous les responsables universitaires de Suisse. Chaque automne, nous admettons de bons étudiants de nombreuses régions du monde. Mais certains nous écrivent ne pas pouvoir venir étudier en Suisse, faute de visa accordé par les autorités fédérales.

Il faut donc organiser une table ronde sur ce problème. Il est scandaleux d’interdire à quelqu’un choisi pour ses capacités universitaires de venir passer quelques années dans notre pays.

Interview swissinfo: Frédéric Burnand à Genève

L’Institut de hautes études internationales et du développement (IHEID) de Genève disposera d’un budget annuel de 50 millions de francs.

Sur ce montant, 13,75 millions seront injectés par le canton de Genève. Le gouvernement suisse va renforcer sa participation en allouant 19 millions par an sur quatre ans.

Ce montant représente une augmentation de 50 % par rapport à ce que Berne versait aux deux instituts qui ont fusionné pour laisser place à l’IHEID, soit l’Institut universitaire des hautes études internationales (IUHEI) et l’Institut universitaire d’études du développement (IUED).

L’institut ouvrira officiellement en janvier prochain. Il accueillera environ un millier d’étudiants lorsqu’il aura atteint sa vitesse de croisière. Le montant des taxes a été fixé par le conseil de fondation à 3000 francs par an pour les étudiants résidant en Suisse et à 5000 francs pour ceux venant de l’étranger.

Le nouvel institut devrait s’établir en 2012 dans la future Maison de la paix qui sera bâtie près de la Place des Nations. Un concours d’architecture sera lancé début 2008. Le projet sera piloté par Charles Kleiber, architecte de formation et actuel secrétaire d’Etat à l’éducation et la recherche.

L’administration et la bibliothèque de l’IHEID ont pris leurs quartiers provisoirement dans un immeuble près de la Place des Nations. Les bibliothèques de l’IUHEI et de l’IUED, qui totalisent 300 000 documents, y ont été réunies.

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