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Un proche de Charles Pasqua épinglé en Suisse

L’ancien ministre français de l’Intérieur Charles Pasqua (à gauche) avec le préfet Marchiani. Keystone Archive

L'étau se resserre autour de l'ancien ministre français de l'Intérieur. La justice genevoise, qui enquête sur des ventes illégales d'armes à l'Angola, a découvert trois comptes appartenant au préfet Jean-Charles Marchiani, député du Rassemblement pour la France (RPF).

Il y a quelques semaines, le juge genevois Daniel Devaud demandait à toutes les banques suisses de bloquer les comptes pouvant appartenir à Charles Pasqua, à son fils Pierre, et à plusieurs de ses proches. Le filet vient de se refermer sur Jean-Charles Marchiani, un Corse de 57 ans, député européen du RPF, le mouvement créé par Charles Pasqua.

Ancien membre des services secrets, Jean-Charles Marchiani s’est fait connaître du grand public en participant en 1988 à la libération des otages français au Liban. C’est grâce à Charles Pasqua, alors ministre de l’Intérieur, qu’il est devenu préfet quelques années plus tard.

La justice helvétique vient de découvrir que ce même Jean-Charles Marchiani reçoit, depuis 1990, en Suisse, des fonds provenant de plusieurs sociétés «off-shore». Plus étrange encore, bien que ce proche de Charles Pasqua exerce depuis 1993 la profession de préfet – il est donc fonctionnaire -, il continue de recevoir sur ses comptes suisses «des liquidités confortables». On parle de dizaines de millions de francs.

Or, à partir de 1995, des liens apparaissent entre les comptes en Suisse de Jean-Charles Marchiani et ceux de Pierre Falcone et Arcadi Gaydamak, tous deux impliqués dans un vaste trafic de matériel militaire avec l’Angola. «De façon surprenante, il est même arrivé à Marchiani de verser des fonds à la société Brenco de Falcone», souligne le journal satirique français Le Canard enchaîné, dans son édition de ce mercredi.

L’enquête se rapproche encore un peu plus de Charles Pasqua et de son parti politique, le RPF, soupçonné d’avoir été renfloué par des commissions provenant de vente d’armes. Récemment, Sabine de la Laurencie, une ancienne collaboratrice de Charles Pasqua, a en effet révélé à la justice française qu’elle avait ramené une mallette de Suisse.

«Je suis allée à Genève où, dans l’aéroport, j’ai rencontré quelqu’un que je ne connaissais pas, confie-t-elle. Il m’a remis une mallette qui était fermée avec un code».

De son côté, Jean-Charles Marchiani, député européen, n’a pas souhaité justifier les importants mouvements de fonds sur ses trois comptes à Genève, s’étonnant simplement «que l’on mette en doute l’intégrité d’un homme qui se bat pour son pays depuis vingt-cinq ans».

Ian Hamel

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