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Un projet austro-suisse de prison en Roumanie

Incarcérer des étranger chez eux permettrait de réduire les coûts de la justice pénale. Keystone

L'Autriche aimerait contruire une prison en Roumanie. Avec la Suisse. C'est pour en parler que Christoph Blocher est à Vienne lundi.

Avec son homologue autrichien, le ministre de la Justice doit définir les termes d’une éventuelle participation de la Confédération à ce projet.

«La Suisse manifeste son intérêt et je me réjouis beaucoup de rencontrer M. Blocher», avait déclaré Dieter Böhmdorfer, ministre autrichien de la Justice, la semaine dernière, en précisant que les «discussions porteront certainement sur le projet roumain».

Selon Vienne, l’accord sur la possibilité pour les détenus roumains de purger leur peine dans leur pays a déjà été signé et pourrait bientôt entrer en vigueur.

«L’Autriche et la Roumanie sont encore en train de négocier les modalités et les conditions de la construction de la prison», précise de son côté Folco Galli, porte-parole du ministère suisse de la Justice.

«La Suisse est intéressée par ce projet. Mais les choses sont encore à l’état embryonnaire pour l’instant», ajoute-t-il.

100 euros par prisonnier

L’Autriche avance que le projet devrait lui permettre de réduire de manière significative les coûts de détention des détenus roumains, dont le nombre a presque triplé depuis 2001.

«Il y a actuellement 144 prisonniers roumains en Autriche. Chacun revenant à quelque 100 euros (150 francs) au gouvernement, le coût d’une prison en Roumanie serait rapidement amorti», indique Dieter Böhmdorfer.

Vienne envisage également d’étendre la collaboration pour ce qui est du transport des prisonniers.

«La Roumanie est en train de présenter sa candidature à l’Union européenne pour 2007, ajoute M. Böhmdorfer. Elle doit donc démontrer qu’elle est ‘euro-compatible’ également dans le traitement des détenus.»

Une réduction des coûts

Selon l’Office fédéral de la statistique (OFS), 28 ressortissants roumains ont été incarcérés en Suisse en 2003, et 25 en 2002.

«Ce ne seraient que les prisonniers condamnés à une peine de plus de six mois qui seraient envoyés en Roumanie», indique Daniel Laubscher à l’OFS.

Mais, malgré le nombre relativement limité de Roumains dans les prisons suisses, le ministère de la Justice estime que le projet serait justifié, pour des raisons financières.

«Nous étudierons ce projet de plus près pour déterminer s’il peut contribuer à réduire les coûts de la justice pénale», déclare Folco Galli.

Un rapatriement forcé

«Mais il y a d’autres moyens de réduire les coûts, ajoute le porte-parole du ministère suisse de la Justice. Nous sommes aussi en train d’étudier la possibilité d’envoyer d’autres détenus étrangers purger leur peine dans leur pays.»

A l’instar de 32 autres pays du Conseil de l’Europe, le parlement suisse a ratifié en décembre dernier le Protocole additionnel de la «Convention sur le transfèrement des personnes condamnées».

Jusqu’ici, la Suisse n’a renvoyé chez eux que les volontaires. Sous le régime du nouveau protocole, qui devrait entrer en vigueur cette année encore, le gouvernement sera en mesure de rapatrier de force les détenus étrangers.

swissinfo, Billy Bierling
(Traduction de l’anglais: Isabelle Eichenberger)

L’Autriche et la Roumanie ont signé un accord permettant de rapatrier les prisonniers roumains, accord qui doit entrer en vigueur cette année.
En décembre dernier, le parlement suisse a ratifié le protocole additionnel du Conseil de l’Europe à la «Convention sur le transfèrement des personnes condamnées».

– L’Autriche et la Roumanie ont signé un accord visant à envoyer des prisonniers roumains purger leur peine dans leur pays.

– Il y a actuellement 144 prisonniers roumains en Autriche. Le coût généré par un prisonnier en Autriche atteint les 100 euros (150 fr.).

– Les deux pays discutent maintenant des modalités de construction d’une prison en Roumanie.

– En 2003, 28 Roumains ont passé par les prisons suisses.

– Le ministre suisse de la Justice, Christoph Blocher, et son homologue autrichien, Dieter Böhmdorfer, devraient s’entretenir d’une éventuelle participation de la Suisse au projet de prison en Roumanie.

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