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Un scandale gangrène la politique genevoise

Gérard Ramseyer, au coeur de la tourmente. Keystone Archive

Les dysfonctionnements qui affectent depuis des années l'Office des poursuites et des faillites du canton de Genève virent au scandale. L'affaire déchire le gouvernement cantonal. Et son président, Carlo Lamprecht, tente de calmer le jeu.

Le détournement de plusieurs millions de francs par un fonctionnaire de l’Office des poursuites constitue le dernier et le plus grave problème auquel doit faire face ce service de l’Etat de Genève.

Au nom de la sacro-sainte collégialité

Arrêté le 6 juillet dernier, le fonctionnaire a déjà avoué avoir détourné 2 millions de francs durant plus de dix ans. Mais les sommes en jeu pourraient être plus importantes.

Ce scandale, qui s’ajoute à une série de dysfonctionnements qui minent l’Office des poursuites depuis plusieurs années, fait l’objet d’une série d’enquêtes menées tant par la justice que par les départements concernés.

Mais les premières conséquences de l’affaire se sont déjà fait sentir. La sacro-sainte collégialité chère à tous les gouvernements helvétiques, que ce soit au niveau fédéral ou cantonal, a volé en éclat.

Essuyant un feu roulant de critiques, Gérard Ramseyer – en charge du Département de justice et police dont dépend l’Office des poursuites – a mis la faute, par presse interposée, sur sa collègue Micheline Calmy-Rey. Celle-ci dirige les finances du gouvernement cantonal. Selon Gérard Ramseyer, les services de contrôle n’auraient pas réussi à déceler ce détournement de fond.

Accusation d’obstruction

Piquée au vif, la responsable socialiste a répliqué vendredi, toujours via la presse, que l’inspection cantonale des finances qui dépend de son département a un mandat limité dans ce genre d’affaire. La magistrate a également accusé l’Office des poursuites d’obstruction.

Devant l’ampleur prise par cette affaire, le président du gouvernement cantonal a décidé d’intervenir. Carlo Lamprecht a sommé mardi ses deux collègues du gouvernement de ne plus régler leur compte sur la place publique.

Interrogé par swissinfo, Carlo Lamprecht rappelle qu’il a constitué le 13 juin dernier une commission paritaire chargée d’analyser les dysfonctionnements de l’Office des poursuites et de proposer des solutions pour y remédier. Une structure qui s’ajoute aux enquêtes menées par la justice et l’Inspection cantonale des finances.

«Je veux maintenir la cohésion du gouvernement qui ne méritait pas une telle affaire, vu la qualité de son bilan tant sur le plan financier, qu’économique et social», lance Carlo Lamprecht.

Reste à savoir si l’intervention de Carlo Lamprecht suffira à calmer les esprits. Les élections cantonales de cet automne aiguisent naturellement les appétits et mettent une pression toute particulière sur le parti radical dont fait partie Gérard Ramseyer.

Ce parti perd en effet sa principale locomotive. Guy-Olivier Segond qui a obtenu le meilleur score à chaque élection cantonale depuis 12 ans, ne se présente pas cette année.

D’où l’importance prise par Gérard Ramseyer, crédité lui aussi d’une popularité certaine jusqu’aux derniers développements de l’affaire de l’Office des poursuites.

Sur les ondes de la Radio Suisse Romande, la présidente des radicaux genevois a admis lundi que cette affaire faisait de l’ombre à son parti. Floriane Ermancora a également précisé que – suivant les résultats des enquêtes en cours – elle comptait sur la sagesse de Gérard Ramseyer pour ne pas se présenter aux élections de cet automne.

Florianne Ermancora a précisé à swissinfo que son parti n’avait pas lâché Gérard Ramseyer. Mais en évoquant la parlementaire fédérale Françoise Saudan comme possible remplaçante de Gérard Ramseyer aux prochaines élections, Florianne Ermancora a au moins démontré qu’un scénario de secours était déjà en place.

Frédéric Burnand

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