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Un Suisse sur huit se saoule deux fois par mois

Avec cinq verres, on est déjà intoxiqué. ISPA

La «cuite» occasionnelle est ce jeudi au centre de la 10e Journée de solidarité des organisations de lutte contre l'alcoolisme.

Selon l’ISPA, Institut suisse de prévention de l’alcoolisme et autres toxicomanies, 930’000 personnes en Suisse – soit un habitant sur huit – s’enivrent au moins deux fois par mois.

Pour les spécialistes, l’ivresse ponctuelle est déjà là à partir de cinq verres d’alcool pour un homme, ou quatre pour une femme.

«Nous savons que la plupart des gens ne considèrent pas ces quantités comme excessives, explique à swissinfo Janine Messerli, porte-parole de l’ISPA. Mais d’un point de vue médical, vous êtes intoxiqué après moins de cinq verres. Vos facultés de concentration et de coordination sont déjà affectées».

Ceci est particulièrement vrai chez les jeunes. Leur corps et leur psychisme sont très sensibles: accidents, intoxications, relations sexuelles non protégées, difficultés scolaires ou problèmes d’apprentissage peuvent facilement résulter de ces excès.

Depuis l’abaissement de la limite d’alcoolémie tolérée au volant en janvier 2005, le nombre de morts sur la route à cause de l’alcool a certes diminué de manière spectaculaire. Sur la première moitié de l’année en cours, la baisse est de 38%.

Mais les spécialistes de la prévention craignent que si la culture de la «cuite» ponctuelle s’enracine en Suisse, le problème ne reste d’actualité. Une étude menée en 2005 par l’ISPA a en effet confirmé que ceux qui s’autorisent parfois des excès – notamment lors des fêtes – sont particulièrement exposés au risque d’accident de la route.

Les jeunes ne sont pas seuls

Autre souci des spécialistes de la prévention: l’ivresse ponctuelle ne concerne pas que la jeune génération. En fait le problème touche largement la classe d’âge de 15 à 44 ans, même si les ados en Suisse – comme ailleurs en Europe – boivent de plus en plus et de plus en plus tôt.

«Dans les médias, et parfois aussi dans les campagnes, on parle surtout des jeunes, mais le phénomène touche aussi bien des gens jusqu’à la force de l’âge», confirme Janine Messerli.

Et l’on ne boit pas que pendant les fêtes. Un autre rapport de 2005 a montré que près d’un accident du travail sur cinq est lié à l’alcool.

Et dans ce domaine non plus, le message n’est pas facile à faire passer. Ainsi, à Genève, les organisateurs de la Journée avaient envoyé 1000 invitations pour un atelier sur le sujet. Seules une trentaine d’entreprises ont répondu présent.

Laurence Fehlmann Rielle, secrétaire générale de la Fédération genevoise pour la prévention de l’alcoolisme, admet que les entreprises – comme de nombreux buveurs – sont réticentes à reconnaître qu’elles pourraient avoir un problème.

De plus, le manque de moyens a empêché les organisateurs de cette Journée de solidarité de s’offrir une campagne nationale d’affichage. Par contre, les informations essentielles sur les effets des ivresses ponctuelles ont été distribuées – sous la forme humoristique d’une notice d’emballage – dans toute la Suisse.

Et les organisations de prévention rappellent également aujourd’hui aux restaurateurs et tenanciers de bars, aux clubs sportifs et aux organisateurs de fêtes les règles de protection de la jeunesse.

Swissinfo, Adam Beaumont
(Traduction de l’anglais, Marc-André Miserez)

Une étude publiée en mai de cette année a montré qu’en 2003, 1300 adolescents et jeunes adultes de 10 à 23 ans ont été admis dans les hôpitaux suisses pour abus d’alcool.

L’année dernière, la Journée de solidarité des organisations de lutte contre l’alcoolisme était centrée sur les risques liés à l’alcool durant la grossesse.

Selon les experts, 7,4% des femmes enceintes boivent beaucoup trop. Chaque année, 5000 futures mamans font ainsi courir à leur bébé à naître des risques pour sa santé.

Selon l’Office fédéral de la Santé publique, l’alcool joue un rôle dans un suicide sur cinq en Suisse.

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