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Un Suisse veut imposer les importations de café

125 millions de personnes en Afrique, en Asie et en Amérique latine sont concernées par le prix du café. Keystone

Le prix du café n'a jamais été aussi bas depuis cent ans. Les pays producteurs subissent des pertes considérables.

Un Suisse a lancé l’idée d’un impôt sur les importations pour soutenir ces pays.

Le prix du café a baissé de 50% au cours des trois dernières années. Cette crise affecte les conditions de vie de 125 millions de personnes en Afrique, en Asie et en Amérique latine.

Selon la Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement (CNUCED), le prix du café a atteint son plus bas niveau l’an dernier. La tonne ne valait alors plus que 350 dollars.

Le prix est aujourd’hui remonté à 950 dollars. Mais cette chute a eu de lourdes conséquences. En effet, si les prix s’étaient maintenus au niveau de 1998, les pays producteurs auraient encaissé 19 milliards de dollars de plus pour la période 1999-2002.

En Ouganda, un quart de la population vit de la production de café. Or, selon l’organisation d’aide britannique Oxfam, ce pays a perdu l’an dernier 30% de ses revenus issus du café.

Même scénario catastrophe pour l’Ethiopie qui a vu ses rentrées fondre de plus de 50%. Et pour l’Amérique centrale, dont les revenus provenant du café ont diminué de 44%.

En revanche, les prix des marchandises que les pays producteurs de café importent des pays industriels n’ont pas baissé.

Un impôt de solidarité pour le tiers monde

Résultat: ces pays en voie de développement s’appauvrissent chaque jour davantage. Pour tenter d’alléger leurs souffrances, le consultant suisse Walter Zwald propose de créer un fonds.

Ce fonds serait alimenté par les importateurs qui verseraient un dollar par 50 kilos de café importé.

Les prévisions tablent sur une consommation annuelle de café d’environ 4,2 millions de tonnes. Un tel impôt rapporterait par conséquent quelque 84 millions de dollars par an.

Selon le projet de Walter Zwald, la moitié de cet argent permettrait de rationaliser la production de café, d’éviter la surproduction, d’améliorer la qualité des grains, et de mettre sur pied des projets sociaux.

L’autre moitié, elle, servirait à faire la promotion du produit sur les marchés américain et européen et dans les pays où la consommation est en hausse.

Il faut mettre un frein à la chute des prix

Le projet de Walter Zwald fait suite à un rencontre entre la CNUCED et l’Institut international pour le développement durable (Canada).

Outre ces deux organisations, des pays producteurs, des industriels de la branche (importateurs, torréfacteurs et détaillants) et des institutions internationales y ont également pris part.

Notons que divers autres projets ont été imaginés pour mettre un frein à la chute des prix sur un marché qui est noyé par une surproduction d’environ 540 millions de kilos.

Ce surplus provient des pays traditionnellement producteurs, mais aussi de nouveaux venus comme le Vietnam. Qui s’est hissé, au cours des dernières années, au second rang des exportateurs derrière le Brésil.

Les perdants sont les petits producteurs d’Afrique et d’Amérique latine.
Walter Zwald, consultant

Une contribution trop peu importante

Pour Walter Zwald, les grands perdants de cette baisse des prix sont les 25 millions de petits producteurs d’Afrique et d’Amérique centrale qui livrent les 70% de la production mondiale.

Avec son idée, le consultant suisse en commerce de café veut agir plus efficacement que d’autres initiatives destinées à instaurer un commerce équitable. Plus efficacement, par exemple, que la Fondation Max Havelaar.

Pour mémoire, les consommateurs qui choisissent des produits Max Havelaar payent un peu plus cher et la différence est directement versée aux petits producteurs du Sud.

Mais le problème, c’est que les produits Max Havelaar ne représentent que 3% du marché.

Responsable de la section café de Max Havelaar Suisse, Andreas Leisinger salue toute initiative destinée à aider les petits producteurs du tiers monde. Il reste toutefois sceptique face au projet de Walter Zwald.

«Cet impôt ne représenterait que deux cents (0,02 dollar) par kilo de café, remarque-t-il. Or c’est trop peu pour résoudre de grands problèmes des pays du Sud.»

«Surtout, poursuit-il, lorsque l’on sait que, pour chaque kilo, les coûts de production sont de 50 à 60 cents plus élevés que le prix proposé par le marché.»

swissinfo, Jean-Michel Berthoud
(traduction: Olivier Pauchard)

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