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Une cause du cancer identifiée à Genève

La surface d'un cancer du col de l'utérus observée au microscope électronique. Keystone

Des chercheurs de l'Université de Genève pensent avoir identifié un élément du développement de cellules cancéreuses.

Leur découverte pourrait permettre de stopper la progression de certaines tumeurs.

Publiée dans la dernière édition du magazine «Nature», la recherche a été dirigée par Thanos Halazonetis, professeur de biologie moléculaire à l’Université de Genève, et son équipe.

Les chercheurs ont étudié la réplication de l’ADN dans un processus de cellules tout d’abord précancéreuses, puis cancéreuses. Ils ont découvert un phénomène d’arrêt et de redémarrage, alors que, dans les cellules saines, l’ADN se réplique sans interruption.

L’ADN – ou acide désoxyribonucléique – transporte l’information génétique et est capable de se reproduire lui-même.

Selon Thanos Halazonetis, lors d’une réplication anormale d’ADN, une protéine – P53 connue pour être «anti-tumeur», est activée. Cela empêche la cellule de se diviser.

Ainsi, la plupart des grains de beauté sur notre peau sont des lésions précancéreuses mais la P53 les empêche de dégénérer en mélanomes.

Quand la protéine échoue

Le problème est que, parfois, la P53 échoue à jouer son rôle. Dans ces cas, les cellules précancéreuses se transforment sans entrave jusqu’au stade cancéreux.

Le professeur Halazonetis et son équipe sont d’avis qu’il faudrait empêcher ces cellules de relancer la réplication de l’ADN et de se répandre après que le processus P53 a été interrompu.

«Si nous pouvions empêcher la relance de la réplication, les cellules cancéreuses mourraient», constate le professeur auprès de swissinfo.

«Importante découverte»

Pour Thanos Halazonetis, arrivé à Genève du Wistar Institute de Philadelphie il y a quelques mois, la découverte de son équipe est «importante».

Selon lui, ce qui apparaît être un lien faible dans la progression des tumeurs pourrait mener au développement d’un médicament.

Un traitement pourrait ne viser que les cellules précancéreuses ou répliquant le cancer, de même que les cellules ne répliquant pas l’ADN normalement. On pourrait utiliser des cellules de moelle osseuse, qui produisent des cellules sanguines.

Actuellement, de nombreuses thérapies de cancer tuent indistinctement toutes les cellules. C’est la raison pour laquelle des patients perdent leurs cheveux ou souffrent d’anémie.

Entre 15 et 30 ans

«La recherche sera longue et il nous faut trouver le financement nécessaire, mais je suis convaincu que nous trouverons une manière de stopper spécifiquement les cellules cancéreuses, ajoute le professeur Halazoneti,. Cela pourrait fonctionner pour la plupart des tumeurs.»

«Cependant, pour développer un nouveau médicament, il faut pouvoir s’appuyer sur la recherche fondamentale… Et cela prend entre cinq et dix ans. Les compagnies pharmaceutiques prennent ensuite le relais pour fabriquer les inhibiteurs chimiques, ce qui dure entre 10 et 20 ans. Nous avons donc entre 15 et 30 ans pour atteindre la lumière au bout du tunnel», affirme le professeur.

swissinfo, Adam Beaumont à Genève
(Traduction de l’anglais: Ariane Gigon Bormann)

L’équipe de l’Université de Genève a travaillé en étroite collaboration avec des chercheurs de l’Université d’Athènes, de la Danish Cancer Society basée à Copenhague ainsi qu’avec l’Université de Stockholm.

Selon l’Organisation mondiale de la santé, le cancer est la première cause de mortalité dans le monde.
L’an dernier, il a causé 13% (ou 7,6 millions) de tous les décès.
Les principales tumeurs fatales attaquent les poumons (1,3 million), l’estomac (1 million), le foie (662’000), le colon (655’000) et la poitrine (502’000).

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