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Une deuxième Marche Blanche contre l’intolérable

Derrière chaque acte ou photo pédophile, il y a toujours une enfance violée. Keystone

Chaque enfant victime de violence sexuelle est une victime de trop. Samedi, l'association Marche Blanche a organisé des manifestations silencieuses dans toute la Suisse.

Elle voulait rappeler au monde politique qu’il est temps de passer aux actes.

Le 5 octobre 2001, quelque 9000 personnes avaient défilé silencieusement dans les rues de huit villes suisses. A l’appel de Marche Blanche.

Inspirée par les mouvements nés en Belgique après l’affaire Dutroux, cette association regroupe des parents choqués par le commerce de la pédocriminalité.

Ce week-end, pour sa deuxième édition, la Marche Blanche s’était élargie aux 26 chefs-lieux cantonaux. Même si, dans les faits, on a défilé que dans 18 villes.

Huit revendications

Après la première Marche Blanche, l’association avait fait parvenir une liste de huit revendications au Département de Ruth Metzler.

En substance, les défenseurs de l’enfance meurtrie demandaient à la ministre de la Justice d’engager davantage de moyens pour lutter contre la pédocriminalité et pour aider les victimes à tous les niveaux.

«Madame Metzler m’a répondu en février 2002, une lettre de cinq pages, se souvient Christine Bussat, présidente de Marche Blanche. Ce qui montre que quelques milliers de personnes sont capables d’arracher des promesses au gouvernement.»

Hélas, ces promesses sont restées lettre morte. «Pour l’instant, ce n’est que du vent», déplore Christine Bussat. D’où la détermination de l’association à continuer la lutte avec le seul moyen de pression dont elle dispose: la rue.

Traque sur internet

Principale source de déception pour Marche Blanche: la cellule fédérale de surveillance d’Internet qui n’existe toujours que sur le papier.

Plusieurs fois reportée, son entrée en fonction est désormais promise pour le début de l’année prochaine, avec des effectifs réduits quasiment de moitié (sept agents) par rapport au projet initial.

Personnellement, Christine Bussat tient beaucoup à cet aspect de la traque aux pédocriminels. «Il est clair que la pédophilie familiale existera toujours, note la présidente de Marche Blanche. Mais avec Internet, nous avons maintenant un nouveau moyen de lutte.»

Un avis que partage Dominique Warluzel. Le très médiatique avocat genevois – qui a embrassé la cause de Marche Blanche – estime que le réseau des réseaux a fait de la pédocriminalité un phénomène planétaire.

«Il ne me paraît pas juste de dire que les crimes ont augmenté en nombre ces dernières années, précise Me Warluzel. Par contre, Internet a permis de les révéler dans toute leur ampleur.»

De simples citoyens

Avec un clip TV qui tourne sur plusieurs chaînes et la distribution de dépliants dans nombre d’écoles du pays, Marche Blanche avait misé sur une forte mobilisation pour cette seconde série de manifestations.

«Nous ne sommes ni des politiciens, ni des religieux, ni des victimes, mais de simples citoyens», rappelle Christine Bussat. Qui compte bien que le Conseil fédéral ne reste pas sourd «aux demandes de son peuple».

swissinfo/Marc-André Miserez

La Marche Blanche a eu lieu samedi 21 septembre dans 18 capitales cantonales
A Altdorf, Sarnen, Stans, Soleure, Zoug, Aarau et Schaffhouse, il n’y avait que des stands. L’association avait manqué de temps pour s’organiser
A Liestal, la Municipalité avait refusé l’autorisation. Raison invoquée: un exercice de pompiers, prévu de longue date

Les huit revendications de la Marche Blanche:

Reconstitution de la cellule de lutte contre la pédocriminalité sur Internet
Pas de prescription pour les actes pédocriminels
Extrait de casier judiciaire pour tous les collaborateurs d’institutions travaillant avec des enfants
Sentences plus sévères pour les pédocriminels
Statistiques nationales sur l’ampleur et l’impact de la pédocriminalité
Création d’un Office fédéral de la famille
Davantage de moyens pour la prévention et la répression
Des moyens suffisants pour les associations qui combattent la pédocriminalité

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