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Une sale affaire au mauvais moment

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Pour bon nombre d'analystes de la presse suisse de vendredi, l'arrestation de l'ambassadeur Friedrich est un coup dur pour l'image de la Suisse.

Ce coup dur est relevé dans la plupart des éditoriaux. La Neue Luzerner Zeitung résume d’ailleurs assez bien l’opinion générale en écrivant: «Nos ambassadeurs sont des vitrines personnalisées de la Suisse. Du coup, la peur d’une perte d’image est fondée.»

Position suisse affaiblie

Mais au-delà de l’image, cette affaire mine encore un peu plus la position de la Suisse en matière de secret bancaire. «Depuis hier, c’est encore plus dur de se protéger face à l’énorme pression de Bruxelles», souligne le Bund.

«Cela donne de l’eau au moulin de ceux qui veulent mener une des dernières vaches sacrées de ce pays – le secret bancaire – à l’abattoir. Quelle valeur donner aux croyances selon lesquelles la Suisse est propre et son système de contrôle efficace», écrit de son côté la Berner Zeitung.

Cette situation est d’autant plus grave que les adversaires de la Suisse dans ce dossier ne lui feront pas de cadeaux. L’AGEFI ne se fait d’ailleurs aucune illusion: «Il ne fait aucune doute que, friands d’amalgames, certains pays à qui la Suisse fait financièrement ombrage profiteront de l’occasion.»

Et Le Temps de conclure en parlant de cet ambassadeur soupçonné de blanchiment de l’argent de la drogue: «C’est le pire acteur, le pire soupçon et le pire moment».

Semaine noire

De nombreux analystes remarquent par ailleurs que la diplomatie suisse traverse une semaine noire. En effet, l’affaire Friedrich s’ajoute au crash aérien dans le sud de l’Allemagne et aux suites de l’affaire Borer.

Dans ces deux autres cas, le Département fédéral des affaires étrangères n’a pas été à la hauteur, selon les commentateurs. Il a manqué d’humanité face à la catastrophe d’Ueberlingen et la démission du rédacteur en chef de la SonntagsBlick démontre que le département a peut-être trop tôt lâché Thomas Borer.

Les journalistes ne sont donc pas tendres avec le DFAE. Ainsi, pour Le Matin, il s’agit d’un «triste gâchis qui démontre, une fois encore, que notre diplomatie peine à gérer les crises et n’a toujours rien appris des erreurs du passé, fonds en déshérence en tête.

Joseph Deiss en point de mire

Ces problèmes rencontrés par la diplomatie helvétique ne peuvent qu’affaiblir encore le chef du DFAE, Joseph Deiss, que d’aucuns considèrent comme le «maillon faible» du Conseil fédéral.

24 Heures, qui intitule son commentaire «Les malheurs de Joseph», écrit à ce propos: «Joseph Deiss n’y peut rien? Certes, mais c’est lui le patron, et c’est lui qui a l’air faible et incapable de maîtriser ses troupes.»

Et l’éditorialiste de la Radio Romande de conclure sur le ton de l’humour: «Joseph Deiss a beau se convaincre de la présomption d’innocence de son ambassadeur, il peut se dire que la pause estivale a bien mal commencé. Le Dalaï Lama de Barberêche doit espérer la fin des vacances».

swissinfo/Olivier Pauchard

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