Une solidarité exemplaire
La Chaîne du bonheur a récolté le montant record de 130 millions de francs en faveur des victimes des tsunamis en Asie du Sud.
La majeure partie des dons sera utilisée pour des travaux de reconstruction.
Récoltés en deux semaines, ces 130 millions correspondent à la volonté d’aide de la société civile helvétique, estime le président de la fondation de la Chaîne du bonheur.
Le professeur Remigio Ratti a assuré que l’institution de récolte de dons était prête à dépenser cet argent, conformément à ses lignes directrices et à ses statuts, et que ces dons seraient tous transformés en projets.
Face à cet élan de solidarité exceptionnel, huit des treize permanents de la Chaîne du bonheur et quatre représentants de ses principaux partenaires ont tenu à rassurer les donateurs.
Selon eux, les 130 millions récoltés ne seront pas de trop face aux immenses dégâts provoqués par le raz-de-marée du 26 décembre dernier, et les oeuvres d’entraide helvétiques ne sont pas débordées par de tels montants.
D’ailleurs, une part de 10 à 15% est déjà engagée sur place, à travers l’aide d’urgence dispensée dès le lendemain de la catastrophe. Cette première phase durera encore entre deux et quatre semaines.
Le deuxième objectif à court terme est d’assurer des conditions d’hébergement provisoire des personnes sinistrées. Quelque 10% des dons y seront consacrés.
Dans les trois à cinq ans
La majeure partie de l’aide financière (65%) sera investie durant les trois à cinq prochaines années dans la reconstruction.
La commission de projet de la Chaîne du bonheur, composée notamment d’experts techniques, de représentants de Caritas, de l’Entraide protestante, de Terre des hommes et de la Croix-Rouge, se réunira pour évoquer la planification à la fin du mois de janvier à Genève.
Cette commission est chargée d’analyser les besoins. La Direction du développement et de la coopération (DDC), qui siège dans la commission de quatorze membres en tant qu’observateur, assure la coordination avec ses deux équipes sur place (cinquante personnes au total) et met à disposition son soutien logistique et son expérience.
La Chaîne a renforcé ses structures en 2004 et elle est mieux armée pour contrôler les projets et l’utilisation des dons. La Chaîne a déjà passé contrat avec quatorze organisations qui ont leur siège en Suisse et qui sont actives en Asie du Sud-Est.
L’œuvre d’entraide catholique Caritas veut ainsi engager entre trente et quarante millions de francs dans la reconstruction de villages au Sri Lanka. L’effort portera sur l’économie locale, avec l’achat de bateaux et de filets de pêche et les petits crédits, a précisé le directeur de Caritas suisse Jürg Krummenacher.
L’Entraide protestante suisse (EPER) va dans le même sens. Elle compte investir quelque 10 millions de francs dans des projets à long terme, a indiqué la représentante de l’organisation, Corinne Henchoz.
Durer dans le temps
Les tsunamis ont permis de rappeler les catastrophes oubliées comme l’épidémie de sida en Afrique, les victimes du conflit du Darfour ou encore la crise en Haïti, ont souligné les représentants de la Croix-Rouge suisse (CRS) et de Terre des hommes.
Ces ONG ne perdent pas non plus de vue les «énormes problèmes» liés à la prostitution enfantine, en particulier en Thaïlande.
«C’est très encourageant de voir toute l’aide internationale arriver aussi rapidement et de constater que le système fonctionne. Naturellement, on voit également toutes les difficultés d’une telle opération. Mais au vu de l’énormité du désastre, nous pouvons être satisfaits», précise pour sa part Walter Kälin.
Mais le représentant spécial de l’ONU sur les droits de l’homme des personnes déplacées dans leur propre pays met déjà en garde contre les effets du temps.
«Je vais être particulièrement attentif à ce qui va se passer une fois que l’attention se portera sur d’autres problèmes, conclut-il. Nous devrons faire très attention au nombre de personnes qui seront encore déplacées d’ici un an.»
swissinfo avec les agences
130 millions:
soit 16 millions de plus que prévu
90% proviennent de fonds privés
Environ 150’000 dons ont été récolté via internet
10% à 15% de l’argent sera distribué pour l’aide d’urgence, le reste sera utilisé durant les trois à cinq années à venir pour des travaux de reconstruction
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