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Vente d’armes en Angola: la justice s’intéresse à des avocats suisses

En décembre dernier, Jean-Christophe Mitterrand avait été incarcéré, accusé d'avoir trempé dans le trafic d'armes avec l'Angola. Keystone Archive

Les juges français, qui enquêtent sur l'affaire des ventes d'armes à l'Angola, veulent bloquer deux comptes bancaires ouverts à l'Ile Maurice par des avocats suisses. «Je suis bien le défenseur de Pierre Falcone, mais pas son intermédiaire financier», se défend Alexander Troller, avocat à Genève.

En décembre 2000 éclatait l’«Angolagate», mettant en cause de nombreuses personnalités françaises, dont Jean-Christophe Mitterrand, le fils de l’ancien président, et l’écrivain Paul-Loup Sulitzer. Un marchand d’armes, Pierre Falcone, toujours incarcéré, aurait vendu pour plus de 500 millions de dollars d’armes à l’Angola, pays en guerre.

Très rapidement, des commissions rogatoires arrivent en Suisse. Les principaux protagonistes de l’affaire détiennent plus d’une centaine de comptes dans la Confédération. Mais parfois, l’argent n’a fait que transiter par les banques helvétiques, prenant la direction de l’Ile Maurice, nouvelle place financière de l’océan Indien.

Trois comptes intéressent tout particulièrement la justice française. Hillcrest Enterprises Limited, ouvert à la BNPI, Argand Troller et Associés et Kamen Troller, à la Barclays. Les deux derniers correspondent à des bureaux d’avocats suisses, également établis à Maurice: Maîtres Luc Argand et Kamen Troller.

Kamen Troller et son fils Alexander Troller, avocats à Genève, ont aidé Pierre Falcone, l’acteur principal de l’«Angolagate», à s’établir en Suisse. Pour obtenir un permis B, le marchand d’armes avait créé en 1998 la société Montaigne Financial Services. Kamen en possédait 198 actions, et Alexander, une.

Au moment où le canton de Vaud accordait à Pierre Falcone une autorisation de séjour, ce dernier était arrêté par la justice française. «Je suis effectivement l’avocat de M. Falcone, mais en aucun cas son intermédiaire financier. Les comptes à l’Ile Maurice n’ont jamais servi à gérer sa fortune. Seulement à percevoir des honoraires d’avocats», affirme Alexander Troller.

Les avocats suisses n’ont d’ailleurs pas été inquiétés par la justice de leur pays. Mais les magistrats français, qui avaient octroyé un droit de visite à Alexander Troller pour rencontrer son client, au début de sa détention, s’y sont ensuite opposés.

Le 22 août prochain, la Cour suprême mauricienne doit examiner la commission rogatoire internationale adressée par la justice française, demandant notamment le gel des comptes appartenant aux avocats suisses.

Ian Hamel

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