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Visiter Zurich avec des guides de… 14 à 25 ans

Les organisateus sont surpris du succès des visites guidées auprès des autochtones. Stadt Zürich

Depuis mi-avril, la ville de Zurich organise des visites guidées thématiques proposées par des jeunes, pour tous publics. La première série de rendez-vous est presque entièrement réservée. Le genre n’en finit pas de s’enrichir.

Cimetières, lieux gays, histoire criminelle, hauts lieux du féminisme, fontaines, dada, histoire des religions, Zürich West, chocolat, biodiversité: ce sont tous des thèmes de visites guidées que l’on peut faire à Zurich. La liste complète est bien plus longue.

En 2008, l’organisation Zurich Tourisme a organisé quelque 4000 visites, soit près de 11 par 24 heures (on ne peut pas dire «par jour», car il y a aussi des visites nocturnes…), pour environ 55’000 personnes. «Ces chiffres sont en constante augmentation», explique Maurus Lauber, responsable du marketing de Zurich Tourisme.

Mais l’office du tourisme n’est pas seul sur ce marché. Depuis 1991, l’organisation «Stattreisen» propose aussi quantité de visites originales.

Se raconter soi-même

Et, depuis mi-avril, sous l’égide de la municipalité, ce sont des jeunes de 14 à 25 ans qui proposent à ceux qui le souhaitent de découvrir un pan de leur vie, de leurs intérêts, de leur quartier. Pour les plus jeunes, les visites seront préparées en classe, avec un enseignant.

Les «Pickeltouren», c’est leur nom, ont immédiatement suscité un énorme enthousiasme. «Après l’annonce de leur lancement sur Internet, nous avons reçu une centaine de demandes en quelques heures pour tous les tours», explique le responsable du projet, Christoph Schneider.

Le projet s’inscrit dans un programme de législature centré sur les jeunes. «Il s’agit de leur donner la parole, de changer de perspective et de leur permettre de se présenter», ajoute Christoph Schneider.

Thèmes intergénérationnels

Quant aux thèmes, ils ne sont pas propres à leur génération: shopping, cinéma et photographie, chasse au trésor digitale, Langstrasse, «urban art», ou découverte des frontières digitales.

Ce mercredi soir-là, une quinzaine de personnes de tous âges, mais ne comptant que deux messieurs, se retrouve à Limmatplatz, dans le «Kreis 5», un des quartiers branchés de la ville. Trois amies, qui affichent une septantaine resplendissante, se réjouissent «de découvrir un nouveau quartier». Elles n’habitent pas en ville, mais «dans une commune des environs».

Thème de la visite: le «shopping». «J’ai envie de vous montrer les endroits que j’aime et où je passe beaucoup de temps», explique Simone, 19 ans, la guide du jour.

Le Brockenhaus pour commencer!

Simone commence son tour par … le Brockenhaus. Les participants ont le privilège de pouvoir visiter les coulisses de cette brocante, où sont entreposés et réparés des meubles dont leurs propriétaires n’ont plus voulu.

Il y aura ensuite une librairie indépendante, un magasin d’articles pour enfants puis une boutique de fleurs en plastiques créant toutes sortes d’objets, le tout agrémenté de découvertes des rues et des arrière-cours.

«Je n’ai pas appris grand-chose, mais c’est sympa de rencontrer d’autres personnes et de voir les jeunes raconter leurs expériences», juge cette participante, qui a décidé de prendre part à tous les «Pickeltouren».

Un couple d’âge moyen n’a pas l’air complètement convaincu. «Nous habitons en ville mais nous ne sommes pas venus depuis longtemps dans le Kreis 5», disent-ils laconiquement.

Un jeune homme allemand qui participe est au contraire avide de découvertes: «Il faut participer, lâche-t-il avec un grand sourire. Je connais déjà toutes les adresses, mais c’est passionnant!»

Un moyen de communication

Les gens viennent donc aussi pour faire des rencontres. «Je suis convaincu parce que la visite guidée est aussi un magnifique moyen de communication, dit Christoph Schneider. C’est une sorte de mise en scène théâtrale, informelle, spontanée, qui peut être exploitée encore plus.»

Ce n’est pas Maurus Lauber qui lui donnera tort. «Le potentiel des visites n’est pas encore épuisé», estime-t-il.

La forte présence de participants autochtones est une mini-surprise. «Nous ne pensions pas que les habitants seraient si nombreux, ajoute Maurus Lauber. Mais l’intérêt pour l’histoire, les développements futurs ou pour des événements méconnus et pour ce qui se passe dans les arrière-cours est énorme.»

Zurich Tourisme offrira d’ailleurs des visites guidées gratuites aux Zurichois les 5 et 6 juin pour fêter son 150e anniversaire.
Le plus grand succès de Zurich Tourisme reste néanmoins le classique «flâner au centre-ville». Que ce soit sur les lieux chargés d’histoire ou avec de jeunes qui emmènent leurs groupes dans des endroits plus iconoclastes, le public est en tout cas au rendez-vous.

Ariane Gigon, Zurich, swissinfo.ch

Zurich Tourisme propose 18 types de visites individuelles, dont 11 en français, et une trentaine de visites pour les groupes.

Parmi les thèmes proposés: Zurich côté chocolat, visite en vélo, Zurichoises et Zurichois célèbres, art public, chasse au trésor, etc.

L’association «Stattreisen» sort des sentiers battus en proposant des parcours thématiques, parmi lesquels «1968», «l’histoire des fontaines», «Dada», «l’histoire criminelle», «Zurich, globale et exotique», «pauvreté», «noms des maisons», etc.

Les «Pickeltouren» sont des visites guidées thématiques gratuites proposées par de jeunes de 14 à 25 ans et organisé sous l’égide du Département des affaires sociales de la ville de Zurich.

L’objectif est de donner la parole aux jeunes et de leur permettre de se présenter en public, tout en montrant de nouveaux aspects de leur ville.

Le mot «Pickel» renvoie aux boutons d’acné, à quelque chose qui dérange mais aussi à la recherche de trésors.

Ce nouveau type de visites n’a, à la connaissance des organisateurs zurichois, pas encore été exploré en Suisse. «Cela existe à Berlin, qui est aussi la capitale des voyages scolaires», explique Christoph Schneider.

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