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A vos marques, prêts… pour la ruée vers l’or

Wilson Kipketer, un sérieux concurrent pour le Suisse André Bucher. Keystone

Une fois de plus, Zurich est vendredi la capitale mondiale de l'athlétisme. Les stars de la piste vont enflammer pour une soirée l'arène du Letzigrund.

Mais malgré son prestige, le meeting Weltklasse est soumis à une concurrence de plus en plus rude.

La soirée de vendredi au Letzigrund pourrait bien marquer le sommet de la saison mondiale d’athlétisme. Pas moins de 15 championnes et champions du monde participent à cette édition 2002 du bien nommé meeting Weltklasse.

Les meilleurs spécialistes du moment sont présents. «Nos listes ne comprennent pas moins de 67% du top ten de chaque discipline», annoncent fièrement les organisateurs.

Alors, qu’ils viennent d’Amérique, d’Afrique ou d’Europe, qu’est-ce qui attire ces athlètes à Zurich?

Une atmosphère unique

«Je pense que l’ambiance ici est unique, juge Heinz Schild, speaker des soirées zurichoises. Le stade est petit et il est toujours plein. L’organisation est excellente et bien sûr, le niveau des athlètes qui s’alignent dans les compétitions est très élevé».

Dans ce domaine, tout le monde s’accorde à saluer le rôle joué par Res Brügger, ancien patron de Weltklasse.

«Il a fait d’une simple manifestation amateur un rendez-vous professionnel de niveau mondial, explique Nick Russi, porte-parole du meeting. Et ceci grâce aux excellents contacts qu’il a su nouer avec les athlètes».

«Dans certaines courses, nous avons plus de talents sur la piste que lors d’une finale olympique, poursuit Heinz Schild. Car nous ne sommes pas limités à trois concurrents par pays, comme cela est le cas aux Jeux».

«Zurich, c’est une atmosphère unique, s’enthousiasme Fabio Colombo, sportif, médecin et fan italien. On peut réellement sentir les courses. Et le public est si près des athlètes qu’il peut même échanger quelques mots avec eux».

La ruée vers l’or

De leur côté, les athlètes considèrent une victoire au Letzigrund comme une belle carte de visite. Et pas uniquement pour la célébrité qu’elle peut leur rapporter.

«Mes victoires à Zurich m’ont beaucoup aidé à négocier avec les sponsors et à obtenir des engagements à l’étranger», se souvient Werner Günthör, qui a gagné ici le concours du lancer du poids à six reprises, entre 1986 et 1993.

Et de nos jours, l’athlétisme de haut niveau est devenu un business bien plus lucratif qu’alors. Zurich fait partie du circuit de la Golden League, une série de sept meetings européens qui promettent aux meilleurs un fabuleux jackpot.

Celui ou ceux qui parviennent à s’imposer lors des sept compétitions peuvent en effet se partager 50 kilos d’or en lingots !

Battre un record du monde lors d’un meeting de la Golden League est également une bonne affaire.

La Fédération internationale d’athlétisme leur promet en effet une prime de 50 000 euros (environ 73 000 francs suisses). Et les organisateurs zurichois ajoutent un kilo d’or pour chaque recordman ou recordwoman mondial sacré au Letzigrund.

Pour son édition 2002, Weltklasse roule sur un budget de 5,8 millions de francs suisses, alimenté par les droits TV, les ventes de billets et les sponsors.

De cette somme, 3,5 millions vont aux athlètes eux-mêmes, qui touchent évidemment un cachet pour leur simple participation, qu’elle soit victorieuse ou non. Mais, ici, les montants restent confidentiels.

Un sur sept

Zurich doit donc dépenser gros pour maintenir son statut face à ses rivaux de la Golden League, parmi lesquels Bruxelles semble le mieux placé. Et certains ne manquent pas d’évoquer un déclin possible du meeting zurichois.

Le fait est que depuis 1997, année faste avec trois records du monde, les performances d’exception tendent à s’y faire plus rares. Et il faut même remonter beaucoup plus loin pour y trouver le dernier exploit individuel d’un sprinter. C’était en 1988, et il se nommait Carl Lewis.

«Il n’est pas évident de se maintenir au top», commente Jacky Delapierre, organisateur de l’Athletissima de Lausanne, qui compte bien rejoindre un jour la Golden League.

Et de rappeler que Res Brügger a attendu d’avoir 72 ans pour se retirer et que son successeur, Hansjörg Wirz, également patron de l’Association européenne d’athlétisme n’a pas forcément le même charisme.

Faut-il dès lors craindre pour l’avenir de la grand’messe du Letzigrung? Ce n’est pas l’avis de Christian Fuchs, rédacteur en chef de la revue online leichtathletik.de. Selon lui, Zurich est encore à bien des égards le nec plus ultra.

«Weltklasse donne le ton et continuera à le faire pendant encore bien des années», estime le journaliste allemand.

swissinfo/Marc-André Miserez

Première édition en 1928
Depuis 1959, 23 records du monde battus à Zurich
En 1960, l’Allemand Armin Hary y est le premier homme au monde à courir le 100 m en 10 secondes
Budget 2002: 5,8 millions de francs suisses
Participation attendue de 15 championnes et champions du monde

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