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Berne pour l’indépendance formelle du Kosovo

Micheline Calmy-Rey à Pristina avec le président kosovar Ibrahim Rugova. Keystone

La ministre suisse des Affaires étrangères a renouvelé son appel en faveur d'une indépendance formelle de la province du Kosovo, où elle achève sa visite mardi.

Estimant que la situation de la province sous administration de l’ONU n’est pas satisfaisante, Micheline Calmy-Rey met aussi en garde contre toute attente démesurée.

Ses responsables voient l’avenir de la province serbe du Kosovo prendre le visage d’un Etat souverain. Mais la cheffe de la diplomatie helvétique a nuancé la position suisse lors de son voyage de ce week-end.

Micheline Calmy-Rey a évoqué un processus pouvant amener à l’indépendance. Un processus dont les acteurs sont la Serbie-Monténégro, l’ONU, l’Union européenne et le groupe de contact (Etats-Unis, Russie, Grande-Bretagne, France, Allemagne et Italie).

Berne, en effet, milite pour une «indépendance formelle», formule qui présuppose un éventail de possibilités allant de la simple confédération avec la Serbie-Monténégro à la souveraineté.

Cette question doit être débattue sous les auspices de la communauté internationale et à travers des discussions avec Belgrade, a aussi rappelé Micheline Calmy-Rey.

De son côté, André Liebich, professeur à l’Institut des hautes études internationales de Genève, estime que les choses prendront du temps.

«Il serait contre-productif de suggérer que le but est l’indépendance du Kosovo… simplement parce qu’il ne faut exclure aucune option et donc créer une situation où les deux camps acceptent de faire des concessions», a déclaré M. Liebich à swissinfo.

Perspectives claires

Fondamentalement, la situation actuelle du Kosovo «n’est pas du tout satisfaisante», a relevé la ministre. Sur le plan économique notamment, la région est fortement dépendante de l’argent de la diaspora et de l’aide internationale.

«La population du Kosovo a besoin de perspectives claires», a estimé la ministre, précisant aussi qu’un «retour de la province sous souveraineté serbe n’est ni souhaitable, ni réaliste».

Pour Micheline Calmy-Rey, les besoins légitimes des différents groupes de population doivent être respectés. Et cela vaut aussi bien pour les minorités que pour la majorité albanaise du Kosovo.

De ces propos, les responsables de le province se sont déclarés «enchantés». Le Kosovo deviendra en 2006 «un Etat européen démocratique», a estimé le premier ministre de la province après sa rencontre avec Micheline Calmy-Rey.

La Suisse a ouvert un chemin que les autres pays vont emprunter à leur tour, a ajouté Bajram Kosumi.

Le président Ibrahim Rugova a également réagi avec enthousiasme. «Le soutien de la Suisse à une reconnaissance le plus rapidement possible de l’indépendance du Kosovo est une excellente nouvelle», a-t-il déclaré à Pristina.

L’indépendance de la province serbe va accélérer l’intégration des minorités et faire redémarrer l’économie, a aussi indiqué Ibrahim Rugova après sa rencontre avec Micheline Calmy-Rey.

Retour des réfugiés

Lors de son voyage, la ministre suisse a porté son regard sur la question du retour des réfugiés kosovars, sachant que 10% de la population de la province vit en Suisse.

Elle a ainsi rencontré un groupe de réfugiés qui a séjourné en Suisse avant de retourner volontairement au Kosovo. Des Kosovars qui se disent satisfaits de leur sort.

Ces derniers ont pu profiter de l’aide financière et matérielle de la Suisse lors de leur retour, il y a six ans, ce qui leur a permis de reprendre pied dans la capitale Pristina.

Mais tous les retours, dont le nombre a fortement diminué depuis quelque temps, ne se sont pas effectués sans heurts, a aussi pu constater la conseillère fédérale.

swissinfo et les agences

– En 1999, l’OTAN a mené des frappes aériennes (78 jours) pour mettre fin à la répression serbe contre la population de souche albanaise de la province du Kosovo, dans le sud de la Serbie.

– Depuis, le Kosovo est administré par l’Organisation des Nations unies, qui applique sur place les standards démocratiques.

– Mais les négociations autour du statut de cette province intégrée à la Serbie-Monténégro sont sans cesse reportées. Pristina souhaite l’indépendance du Kosovo, Belgrade y est catégoriquement opposée.

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