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Clay Regazzoni mort, l’émotion est partout

Clay Regazzoni (à d.) en 1974 avec son coéquipier Niki Lauda. Keystone

Après le décès vendredi du célèbre pilote automobile suisse, les réactions fusent de toutes parts pour pleurer la fin du héro tragique.

Clay Regazzoni s’est tué dans un accident de la circulation près de Parme en Italie. L’un des meilleurs coureurs des années 70, il avait 67 ans.

Clay Regazzoni est mort à un jet de pierre du cirque qui l’a fait héro – Monza, où il gagnera sur Ferrari, en 1970.

Héro en Italie bien sûr, mais en Suisse aussi où, 26 ans après une fin de carrière abrupte – un accident qui le laissera paraplégique – sa mort est accrochée en une de tous les journaux.

«C’était l’époque où les pilotes automobiles étaient encore de véritables chevaliers. Pour l’esprit qui les animait, l’amitié qui les unissait, le respect mutuel qui les habitait. (…) Une époque qui s’est encore un peu plus terminée hier après-midi sur une autoroute italienne», écrit par exemple le quotidien «Le Matin».

«24Heures» place côte à côte les deux pilotes mythiques de la petite Suisse: «Pour toute une génération, Clay Reggazoni, au même titre que Jo Siffert avec qui il avait croisé le fer au début des années 70, était un modèle, une inspiration, un exemple. Une vie de roman, héroïque, avec une fin que l’on aurait peut-être souhaitée différente.»

Le journal «Le Temps» évoque lui aussi cette «tête brûlée, ce bouffeur de vie et de bitume» qui, «accroché à son volant, a connu vendredi son ultime embardée».

Un nouvel avenir

Celui que le «Tages Anzeiger» qualifie de «meilleur Suisse des 55 années d’histoire de la Formule 1» jetait un regard critique sur la F1 actuelle. Selon le journal zurichois, Regazzoni considérait que les classements se jouent aujourd’hui sur le budget des écuries. Plus rien à voir avec le sport…

La «Neue Zürcher Zeitung» rappelle qu’après son accident de 1980, le Tessinois s’est «cherché un nouvel avenir avec une détermination nostalgique».

Ces dernières années, vivant sur la Côte d’Azur, «il recherchait les sentiments anciens, les visages de confiance, il revenait vers ses racines et roulait sur des centaines de kilomètres vers le Tessin, pour y jouer aux cartes avec ses amis.»

L’histoire ne dit pas si tel était le but de son voyage, vendredi, lorsque sa voiture, apparemment suite à un malaise, est entrée en collision avec un camion, le tuant sur le coup.

Un homme de coeur

Dès vendredi en tous cas, les réactions ont plu. En plus d’être un grand champion, c’était un «homme passionné et un homme de cœur», estime le journaliste Jacques Deschenaux, spécialiste de F1 à la télévision romande.

Malgré son handicap, il avait continué à vivre sa passion en disputant par exemple le Paris-Dakar au volant d’un camion ou, l’an dernier, à 66 ans, en prenant part à un rallye entre Pékin et Hongkong, rappelle Jacques Deschenaux.

Ancien coéquipier du pilote tessinois, l’Autrichien Niki Lauda estime que «Regazzoni était un modèle. (…) J’ai appris de Clay ce qu’était le goût de la vie».

Une pensée positive

«Après mon accident (Lauda avait été gravement brûlé en 1976), ce qu’il m’a appris était d’autant plus précieux. C’était un talent que Clay avait (…), une pensée positive», confie l’Autrichien.

Patron de l’écurie Williams pour laquelle Regazzoni a remporté le GP de Silverstone en 1979, Frank Williams qualifie le Tessinois de «gentleman». C’était un «vrai bonheur de travailler avec lui».

Dans le flot des réactions, celle de Luca di Montezemolo aussi, le président de Ferrari. «Nous avons perdu un pilote courageux, un passionné de Ferrari. (…) Son caractère de Suisse napolitain le rendait unique…»

swissinfo et les agences

Fils de carrossier, Gianclaudio «Clay» Regazzoni est né le 5 septembre 1939 à Lugano, au Tessin.

Il entame sa carrière en F1 avec Ferrari en juin 1970. Et dès sa cinquième course, il gagne le grand prix d’Italie, devant 200’000 spectateurs en délire, dont 40’000 Suisses venus pour lui.

En 1980, c’est la fin brutale de sa carrière en F1. Sur le circuit de Long Beach (Californie) le 30 mars, il heurte un mur de béton à 280 km/h. Accident qui le laissera paraplégique.

Entre-temps, il aura été vice-champion du monde en 1974, obtenu 28 podiums et gagné cinq courses – Monza en 1970, Nürburgring (Allemagne) en 1974, Monza en 1975, Long Beach en 1976, Silverstone (Etats-Unis) en 1979.

Malgré son handicap, il renouera avec le sport automobile (rallye, karting), lancera une école pour pilotes handicapés et s’engagera dans la prévention routière.

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