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Des Suisses au coeur de la tourmente ivoirienne

Des chars français traversent la ville de Yamoussoukro, capitale administrative de la Côte d'Ivoire. Keystone

Pour l’heure, le ministère helvétique des Affaires étrangères ne prévoit pas d’évacuation des quelque 270 Suisses résidant en Côte d’Ivoire.

Le CICR chiffre à plusieurs centaines le nombre de blessés du week-end. Et lance des appels au respect du droit humanitaire.

La plupart des ressortissants suisses en Côte d’Ivoire restent confinés chez eux, en raison des violences qui déchirent le pays. Plusieurs d’entre eux ont même été sécurisés sur des bases militaires françaises. Mais une évacuation est pour l’heure exclue.

Les 267 ressortissants suisses présents dans le pays «se portent bien», a indiqué lundi Daniela Stoffel, porte-parole du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE). Ni eux ni leurs propriétés n’ont été touchés par les violences anti-françaises des derniers jours.

L’ambassade de Suisse à Abidjan reste en contact avec eux et ils ont reçu la consigne de rester chez eux. Le téléphone fonctionne, le courant aussi, malgré une coupure de trois heures lundi matin.

Déplacements internes

«Nous ne sortons plus de chez nous, témoigne Adolphe Haas, présent depuis 18 ans en Côte d’Ivoire. Si les pillards entrent dans nos maisons, ils ne vont peut-être pas nous faire de mal. Mais la haine s’accroît».

Selon lui, une ou deux familles de son quartier, résidant dans des endroits «très exposés», ont demandé à être «sécurisées» sur la base française du 43e Bataillon d’infanterie de marine (BIMA) près de l’aéroport d’Abidjan.

Certains dirigeants d’entreprises suisses ont aussi rejoint la base du BIMA, selon des gardes de sécurité. Dans l’ouest du pays, l’armée française a déplacé les étudiants du Centre suisse de recherche scientifique en lieu sûr.

Impossible de partir

Pour l’heure, la Suisse ne prévoit pas d’évacuer ses ressortissants. Une opération qui serait de toute façon effectuée par l’armée française.

Quant aux départs volontaires – en janvier 2003, plus de la moitié de la colonie suisse avait spontanément quitté le pays – ils semblent actuellement impossibles.

«Nous sommes coincés: l’aéroport est fermé, occupé par les troupes françaises, nous n’avons pas de voitures, observe Adolphe Haas. Pour la première fois en 18 ans, ma femme a eu peur samedi soir. Et moi, je n’ai pas dormi de la nuit».

«La situation s’est un peu calmée, mais on ne se sent pas en sécurité», ajoute Marianne Schaller, responsable d’une communauté ursuline à Yamoussoukro, la capitale administrative de la Côte d’Ivoire.

Cette ville a aussi été frappée par les pillages dans la nuit de samedi à dimanche. Mais ils n’ont pas fait de victimes.

Des centaines de victimes

A Abidjan, en revanche, le bilan des violences perpétrées durant le week-end est lourd. Selon le CICR, qui cite des chiffres fournis par les responsables des structures de santé de la ville, plus de 400 personnes ont été blessées.

Quant au nombre de morts, il est difficile à estimer, mais on peut craindre que le bilan soit également lourd, précise le Comité international de la Croix-Rouge dans un communiqué.

Dimanche, les volontaires de la Croix-Rouge n’ont pu commencer à oeuvrer que tard dans la matinée. La violence des affrontements à Abidjan a entravé les déplacements sécurisés.

Humanitaires menacés

«A la télévision, des Ivoiriens ont proféré des menaces contre la Croix-Rouge, en l’accusant de ne pas être neutre. Nous craignons des attaques contre nos véhicules et notre personnel», ajoute Ian Piper, l’un porte-parole de l’organisation à Genève.

Plusieurs organisations ont déjà été attaquées. «Il est difficile de travailler dans ces conditions», souligne Ian Piper. Le CICR a près de 30 délégués à Abidjan, quatre à Bouaké et quatre à Man.

La Croix-Rouge tente de convaincre la population de son indépendance et de son impartialité. Elle est aussi intervenue auprès des autorités. Lundi, le CICR a également réitéré son appel au respect du droit international humanitaire.

swissinfo et les agences

– Le 4 novembre, les forces gouvernementales de Côte d’Ivoire ont bombardé Bouaké, la cité des rebelles qui contrôlent le centre-nord du pays depuis septembre 2002.

– Les deux parties sont séparées par la zone-tampon mise en place par les soldats français et les casques bleus de l’ONU.

– Le week-end dernier, les affrontements entre manifestants favorables au président ivoirien Laurent Gbagbo et les forces françaises ont fait plus de 400 blessés à Abidjan.

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