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Dix ans de service civil

Le service civil peut être effectué par exemple dans un home pour personnes âgées. Keystone

La Suisse dispose depuis 1996 d'un service civil, créé pour ceux qui refusent de servir dans l'armée. Jusqu'ici, 15'000 personnes y ont servi.

Lors d’une cérémonie d’anniversaire, vendredi à Berne, la conseillère fédérale Doris Leuthard a relevé les prestations du service civil et esquissé des pistes pour son développement.

Mme Leuthard veut que le service civil se développe et cela passe à son avis par l’amélioration de la formation de base et des programme prioritaires. Dans cette perspective, le service civil dispose de ses propres objectifs depuis 2004.

La palette de l’action des civilistes doit s’élargir en matière de cohésion sociale et d’aide aux personnes demandant un appui, de garantie de la paix et de réduction de la violence, de protection des bases naturelles de la vie, de développement durable et de sauvergarde du patrimoine culturel.

Doris Leuthard a mis l’accent sur la contribution du service civil au système national de coopération en matière de sécurité. Mais il faut pour cela encore définir les modalités de collaboration, a-t-elle noté.

Enfin, il faudrait revoir la procédure d’admission au service civil. Sans pour autant la supprimer ou la refondre complètement.

Doris Leuthard l’a dit tout de go: elle n’est pas favorable à la suppression, actuellement en débat aux Chambres fédérales, de cet examen de conscience. Cela ne «fait certainement pas de mal» de réfléchir à sa propre attitude morale fondamentale et à sa relation à l’Etat et à la société civile, estime la conseillère fédérale démocrate-chrétienne.

En porte-à-faux avec l’hédonisme

Entrée en vigueur il y a dix ans, la Loi fédérale sur le service civil avait permis de libérer l’armée et la justice militaire du problème de la criminalisation des objecteurs de conscience, a rappelé la conseillère fédérale.

Aujourd’hui, ce service est bien accepté et les personnes astreintes au service civil ne passent plus pour des tire-au-flanc.

Ils s’inscrivent désormais en porte-à-faux avec l’individualisme et l’hédonisme ambiants. Car «il existe aussi (malheureusement) d’autres manières d’échapper au service militaire», a relevé la ministre. Il est en effet plus facile de se faire réformer pour raison de santé que de justifier d’un conflit intérieur.

Tout le monde est gagnant

«Cela a du sens d’effectuer un service civil. C’est ce qui attire les jeunes gens.» Non seulement les «civilistes» y trouvent leur compte, mais également les employeurs qui profitent eux aussi des nouvelles compétences ainsi acquises, estime encore la ministre, qui parle de «situation win-win pour tout le monde».

La commémoration «10 ans de loi fédérale sur le service civil – 10 ans de service civil en Suisse» a été organisée vendredi à Berne, en présence de représentants politiques, de militaires et de divers milieux de la société.

Outre la conseillère fédérale Doris Leuthard, Helmut Hubacher, ancien conseiller national (député à la Chambre du peuple) qui s’était beaucoup engagé pour la création du service civil, a également pris la parole.

swissinfo et les agences

1996-2006: 17’000 demandes d’admission au service civil ont été déposées.
1996-2006: Plus de 15’000 «civilistes» ont effectué au total 2,25 millions de jours de service.
Ils ont effectué 70% de leurs tâches dans les domaines de la santé et du social.
5000 plans d’affectation ont été appliqués dans 1500 établissements d’affectation.

La Suisse a introduit le service civil en 1996, après la plupart des pays d’Europe occidentale. La Loi précise qu’il est une substitution au service militaire, lequel demeure la règle. Il dure une fois et demi plus longtemps et est affecté à des entreprises civiles en dehors de l’armée. Il est placé sous l’autorité du département de l’Economie.

Les hommes qui ne peuvent pas accomplir un service militaire pour des motifs de conscience peuvent faire une demande de service civil. Cette demande peut être déposée après la journée d’information des recrues ou après accomplissement d’une partie du service militaire.

Après avoir été déclaré apte au service militaire, le requérant doit se soumettre à une procédure lui permettant d’exposer ses valeurs éthiques et morales. Les personnes réformées ne sont pas admises au service civil.

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