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Elucubrations d’un Suisse d’Australie… en Suisse

Quand la 5ème Suisse se balade en Suisse... swissinfo.ch

La légende veut que les Suisses allemands, arrivant en train dans le Lavaux, jettent leur billet de retour par la fenêtre. Cette règle s’applique-t-elle aussi aux touristes australiens, américains, asiatiques découvrant la riviera vaudoise?

Suisse d’origine, mais vivant en Australie depuis bientôt seize ans, je reviens volontiers en vacances au pays avec ma famille – tous les trois à quatre ans.

C’est chaque fois une joie de redécouvrir ces beaux paysages alpestres, ainsi que les produits alimentaires régionaux uniques à la Suisse.

Si le cœur des hommes passe par l’estomac, je ne peux que saliver à la vue de salées au sucre, cornets à la crème, éclairs au chocolat, petits pains au lait, vermicelles, cœurs de France ou des croissants au jambon, rissoles, viande séchée, rösti, tommes et fromages de toutes sortes.

 

Circulez c’est privé

Sous un soleil d’été radieux, je profite des longues journées pour marcher dans les montagnes et découvrir les nombreux festivals de cette période estivale.

Lors d’une promenade dans les vignes, un homme arrosant son gazon sur sa propriété m’interpelle en me lançant: «C’est interdit de passer par la vigne car c’est privé», avec un accent suisse allemand à couper au couteau. Bienvenu en Suisse!

Les premiers jours me semblent passés au paradis, puis les discussions avec la famille et les amis me ramènent sur terre. Ces débats tournent souvent aux aspects négatifs de la vie en Suisse et sur le nombrilisme de la société coincée entre ses montagnes.

Dans l’ensemble, je trouve les Australiens plus positifs et ouverts sur les cultures étrangères. Cette ouverture vient sans doute d’une histoire jeune, développée par des immigrants venant du monde entier. Et le positivisme s’est forgé dans un environnement entaché par des catastrophes naturelles telles les inondations et les feux de forêt frappant fréquemment le pays.

Les gens ont un esprit plus entreprenant et aventureux en voyant que la vie continue même après un désastre. Ils sont aussi plus décontractés, avec cette réflexion disant que tout ira pour le mieux: «She’ll be right mate». Mon rêve se termine abruptement lorsque le temps pluvieux s’installe au milieu de l’été et les températures descendent à des normes automnales.

 

Traître à la patrie

Les toutes premières fois que je revenais en vacances, certaines personnes me faisaient bien sentir que je devais à la Suisse toute mon éducation et mon expérience professionnelle. Elles ne comprenaient pas comment je pouvais garder ma citoyenneté helvétique tout en étant Australien.

Et même après plus de quinze ans d’émigration au pays des kangourous, la question de «quand je retournerai dans ma patrie de naissance» ne cesse d’être posée. Pour certains, il est impensable de ne pas revenir prendre sa retraite en Suisse.

Et puis il y a les questions les plus absurdes, lorsqu’il s’agit savoir s’il y a l’électricité en Australie ou si on y reçoit la Télévision Suisse Romande…

 

Fête nationale

Pour la fin de notre périple suisse, nous sommes enfin récompensés par de belles journées ensoleillées. La fête nationale est célébrée dans les quatre coins de ce petit pays par les traditionnelles discours et feux du 1er aout.

J’assiste au bord du lac Léman à de magnifiques feux d’artifices à côté d’un couple de suisses allemands. Des Sud-américains font sauter des pétards chinois, alors qu’un groupe d’Asiatiques s’amusent à faire partir des fusées en direction du ciel étoilé.

Une petite australienne se ballade avec son flambeau rouge à croix blanche dans le foule bigarrée de badauds parlant des langues aussi diverses que le portugais, l’anglais, l’espagnol ou le somaliens.

Comme quoi, il y a bien des gens qui ont jeté leur billet de retour pour rester vivre dans ce beau pays.

Vaudois. Né en 1968 à Prilly, près de Lausanne, il passe sa jeunesse à Bussigny.

Voyageur. Apprentissage de commerce, Ecole d’informatique de gestion, deux années de travail à UBS. Et la passion du voyage: à 19 ans déjà, il fait, sac au dos, le tour de l’Australie. Suivront d’autres voyages, surtout en Amérique.

Australie. Fabrice Rochat et sa compagne Sandra arrivent en Australie fin 1995 et s’installent à Sydney, où ils vivent jusqu’en 2002. Ils déménagent alors à Brisbane.

Métiers. Sandra travaille pour le gouvernement du Queensland, au «Département de l’Audit». Fabrice Rochat, après avoir passé plus de quatre ans à la maison pour s’occuper de leur fille Magali, a travaillé à l’Office des impôts fédéral comme employé administratif.

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