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Football: le label «Swiss made» s’exporte bien

Les jeunes footballeurs suisses rêvent d'un parcours à la Tranquillo Barnetta. Keystone

La fièvre du football va crescendo jusqu'à l'Eurofoot 08 que la Suisse espère remporter en tant que pays hôte. Cet objectif très élevé contraste avec le statut de «formateur» du football helvétique.

Aujourd’hui, plus de 70 joueurs au passeport rouge à croix blanche sont sous contrat dans des clubs européens. C’est une constante en Suisse, les meilleurs finissent toujours par s’exiler.

Le joueur de football suisse est un «produit» qui s’exporte bien. On dénombre en effet actuellement une quarantaine de professionnels helvétiques évoluant sur les terrains des championnats européens.

En plus, une trentaine de jeunes «talents» suisses font leurs gammes dans les centres de formation de divers grands clubs du Vieux Continent.

Ils rêvent de suivre les traces de Tranquillo Barnetta (Bayer Leverkusen), Philipp Senderos (Arsenal), Johan Djourou (Birmingham City), Ludovic Magnin (Stuttgart), Gökhan Inler (Udinese) ou Xavier Margairaz (Osasuna Pamplune).

Certains de ces joueurs ont d’ailleurs été, en 2002, sacrés champion d’Europe des moins de 17 ans. Un succès dû en grande partie au système mis en place en faveur de la relève par le Directeur technique de l’Association suisse de football Hansruedi Hasler dès la fin des années 1990.

La Suisse, fournisseur de talents

Mais cela va plus loin puisque la Suisse est considérée aujourd’hui sur le marché globalisé du football européen comme un grand fournisseur de talents, jeunes ou confirmés.

Au niveau des clubs, la pilule est parfois difficile à avaler et l’exemple du champion en titre, le FC Zurich, est sur ce point édifiant. A l’entre-saison, le club des bords de la Limmat a vu ses principaux piliers répondre favorablement aux sirènes de prestigieux clubs étrangers.

D’un seul coup, Blerim Dzemaili, Xavier Margairaz, Steve von Bergen et le Brésilien César ont quitté le navire zurichois.
Conscient des moyens financiers limités dont disposent les clubs et l’Association suisse de football, Hansruedi Hasler ne se dit pas frustré par le phénomène.

Ce qui compte à son avis, c’est d’être en mesure de travailler le plus longtemps possible avec chaque jeune joueur pour lui permettre de progresser.

Pour lui, ce sont les clubs qui souffrent le plus de cette situation car les départs des jeunes talents empêchent de travailler dans la continuité. «S’ils ne sont pas blessés, estime le directeur technique de l’ASF, la plupart des joueurs suisses qui choisissent l’exode réussissent à s’imposer comme titulaires dans leurs nouveaux clubs.»

Le choix du retour

L’entraîneur de l’équipe nationale Köbi Kuhn place d’ailleurs beaucoup d’espoir dans ces «mercenaires» qui pourraient permettre à la Suisse de briller dans le Championnat d’Europe qu’elle organise conjointement avec l’Autriche.

Reste que certains joueurs – comme Marco Streller, Benjamin Huggel et David Degen (les trois à Bâle) ou Raphaël Wicky (Sion) – ont plutôt choisi de mettre un terme à leur expérience internationale après plusieurs années d’exode pour revenir tenir les premiers rôles en Suisse et tenter ainsi de séduire le sélectionneur helvétique en vue du grand événement de l’an prochain.

Une prise de risque

Le retour au pays, d’autres joueurs ont dû s’y résoudre de manière prématurée. Cela a par exemple été le cas de Davide Chiumiento. Parti très jeune à la Juventus de Turin, l’Appenzellois n’a jamais été en mesure de s’imposer comme titulaire.

A 23 ans, il tente aujourd’hui de retrouver son meilleur avec le FC Lucerne après une autre désillusion à Young Boys. Son cas illustre parfaitement le risque encouru par les jeunes footballeurs qui succombent trop vite à l’appel de l’étranger et qui s’y rendent sans avoir les bases nécessaires pour y réussir.

Pour Hansruedi Hasler, un jeune ne devrait pas penser à s’exiler avant 17 ou 18 ans. Et seulement si le club où il signe lui laisse le temps d’évoluer à son rythme.

Parti d’étoile Carouge à l’âge de 17 ans pour rejoindre le prestigieux club d’Arsenal à Londres, Johan Djourou savait dès le départ qu’il lui faudrait au minimum deux à trois ans avant d’espérer être titularisé. Il savait aussi qu’Arsenal lui proposait une excellente formation et ne misait pas sur lui tout de suite.

Autre exemple, celui de Tranquillo Barnetta qui s’est tout d’abord imposé à Saint-Gall puis en équipe de Suisse avant de partir pour la Bundesliga allemande.

Tous deux pourraient connaître l’an prochain un nouveau tournant dans leurs carrières respectives grâce à l’Eurofoot.

swissinfo, Renat Künzi
(Traduction et adaptation de l’allemand : Mathias Froidevaux)

Les joueurs de l’équipe de Suisse espoir ont été surnommés les Titans en raison de leurs nombreux succès internationaux entre 2002 et 2004.

En 2002, la sélection des moins de 17 est devenue championne d’Europe. La même année, celle des moins de 21 ans a atteint les demi-finales de l’Euro.

En 2004, l’équipe des moins de 19 ans est aussi arrivée en demi-finale de l’Euro.

En 2005, les moins de 20 ans se sont qualifiées pour les Championnats du monde.

Presque tous les joueurs ayant évolués dans cette équipe de Titans ont été recrutés par un club étranger avant leur 20ème anniversaire.

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