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L’œil de Rome irrite les Tessinois

Une grosse caméra qui, pour l'heure, n'a pas donné les résultats escomptés. Keystone

Pour freiner la fuite des capitaux, la police italienne a placé des caméras aux principaux postes de douane avec la Suisse. Sans avertir le Tessin.

Depuis jeudi dernier, la Guardia di finanza poursuit une singulière opération à la frontière italo-tessinoise. Pour pouvoir débusquer les contrebandiers de devises, elle filme – grâce à des caméras à rayons infrarouges – les voitures italiennes qui entrent en Suisse aux postes-frontières de Chiasso, Pizzamiglio, Pedrinate et Gandria.

Malgré l’amnistie fiscale promise par le gouvernement Berlusconi, les autorités italiennes estiment en effet que le flux d’argent vers les banques suisses n’a pas tari. Bien au contraire.

La carte de la transparence

Jour et nuit, les images sont donc transmises à un ordinateur central qui signale les plaques d’immatriculations suspectes. Mais, pour l’heure, cette opération n’a pas encore donné les résultats escomptés.

Il faut dire que la Guardia di finanza joue la carte de la transparence. Placés aux différents postes de douane, des panneaux annoncent clairement le lancement de ces contrôles.

Irritations tessinoises

Pour autant, cette opération n’est pas du goût des autorités tessinoises. Le chef du Département des institutions, Luigi Pedrazzini, ne cache son irritation: «Nous n’avons pas été informés. Et nous sommes perplexes».

Dans une lettre adressée vendredi au Conseil fédéral, le Conseil d’Etat tessinois demande d’ailleurs à Berne de vérifier la compatibilité de ces mesures avec les accords frontaliers liant l’Italie à la Suisse.

De son côté, le juriste luganais Henry Peter, spécialiste de droit international, estime que ce type de contrôle «pourrait léser le droit helvétique».Quant au député Claudio Bordogna, il demande au gouvernement tessinois que «la collaboration et les échanges d’informations avec l’Italie soient reconsidérés».

Pour lui, ces mesures de contrôle limitent la liberté de circulation entre l’Italie et la Suisse. Et, pour faire pression sur l’Italie, il va jusqu’à suggérer le gel du projet de commissariat de police italo-suisse à Chiasso.

Gemma d’Urso, Lugano

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