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L’irrésistible ascension des drogues dures

En Suisse, le marché des drogues dures représente deux milliards de francs. swissinfo.ch

Nouveaux produits et nouveaux réseaux. Le marché des drogues dures prospère. Les produits de synthèse supplantent même l'héroïne chez les jeunes.

22 kilos d’héroïne saisis, et 28 personnes arrêtées. C’est un véritable réseau international qui vient d’être démantelé par la police de la ville de Berne, en collaboration avec 13 cantons et 12 pays, dont la République tchèque.

Un joli coup de filet – le plus gros de l’histoire de la police bernoise. Mais les principaux suspects du trafic, deux kosovars, sont en fuite. Et la prise reste petite en regard du marché des drogues dures – y compris les substances de synthèse.

Deux milliards de francs

Les chiffres 2001 du rapport de l’Office fédéral de la police sur la drogue nous prouvent l’ampleur du phénomène.

En Suisse, la demande en héroïne et en cocaïne représente l’équivalent de 11 tonnes pour chacune de ces deux drogues dures. Ce qui équivaut à un chiffre d’affaires estimé à un milliard de francs.

Quant au marché des drogues dites de synthèse (amphétamines, ecstasy, etc.), il représente également un autre milliard de francs.

Entre Balkans et Afghanistan

Selon le même rapport, le marché de l’héroïne est relativement connu. La police estime le nombre de consommateurs dépendant à environ 30’000.

«Le trafic, explique Christian Buschan, de l’Office fédéral de la police (OFP), est organisé par des filières mafieuses originaires des Balkans. Et l’héroïne provient pour 80% d’Afghanistan.»

Toutefois, on assiste, en ce moment, à l’arrivée de nouveaux trafiquants originaires de l’Afrique de l’Ouest, notamment de Gambie et de Sierra Leone.

Des réseaux qui s’intéressent aussi au marché de la cocaïne, jusque-là en main des Sud-Américains.

Les drogues de synthèse inquiètent

En revanche, le marché des drogues de synthèse est peu connu de l’OFP. Certes, les pilules d’amphétamines viennent d’Asie. Mais aussi d’Europe. Et elles peuvent être fabriquées n’importe où.

Mais plus que l’origine de ces drogues-là, c’est l’accroissement de leur consommation qui préoccupe l’Office fédéral de la police.

«La consommation des drogues de synthèse est excessivement dangereuse, rappelle Christian Buschan. Plus grave, elle est en hausse et elle touche surtout des jeunes entre 12 et 15 ans».

Pour lui, dans ce cas-là, la répression ne règle pas le problème. Il faudrait mener avant tout une politique de prévention.

L’importance de la prévention

L’Institut suisse de prévention de l’alcoolisme et autres toxicomanies (ISPA) confirme.

«La tendance parmi les jeunes à consommer des produits chimiques est particulièrement inquiétante, dit Richard Mueller, D’autant que les drogues dites de synthèse sont dures et rendent dépendant.»

«Nous n’avons pas de chiffres précis, précise le directeur de l’ISPA. Mais nous sommes de plus en plus souvent confrontés à des demandes de renseignements et à des témoignages sur la consommation de ce type de drogue.»

Une consommation ‘festive’

«Pire, ajoute Richard Mueller, les jeunes qui nous contactent semblent de plus en plus téméraires. En d’autres termes, ils n’hésitent pas à mélanger tous les produits les plus dangereux lors de leurs soirées ‘festives’.»

En effet, il n’est pas rare que des jeunes mélangent de l’héroïne avec des amphétamines et de l’alcool. Des cocktails particulièrement explosifs.

Et là, les spécialistes de la prévention se trouvent confrontés à un véritable casse-tête.

«Il ne suffit pas de répéter que la drogue est dangereuse, regrette Richard Mueller. Le message ne passe plus.»

A défaut d’avoir trouvé la solution, l’ISPA pense que la meilleure prévention passe par l’information aux parents et par une plus grande présence auprès des nouvelles scènes de la drogue.

swissinfo

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