L’un des derniers titans
Aux côtés de Kasparov, Karpov ou Kramnik, Viktor Kortchnoï fait partie du prestigieux club des «K» qui a animé l’univers noir et blanc.
Le «Lion de Leningrad» est persuadé qu’il aurait été assassiné s’il avait été sacré champion du monde en 1978.
Viktor Kortchnoï ne sera jamais champion du monde. Sa place dans l’histoire récente n’en sera pas moins respectable, derrière les autres mythiques «K», les titans Karpov, son «ennemi intime», et Kasparov, son «allié naturel», même si, à ses yeux, les deux hommes ne se différencient pas beaucoup par leurs méthodes dictatoriales et sans concession dont ils usent et abusent.
Aujourd’hui, le numéro un helvétique peut enfin revenir lucidement, ou presque, sur ses fameuses empoignades, titre mondial à la clé, contre Anatoly Karpov en 1978 et 1981, qui avaient suscité tant de passion, déclenché tant de vagues. Entre l’enfant chéri du Parti communiste et le dissident honni, les duels marquèrent l’histoire des échecs, mais aussi celle de la guerre froide sportive.
La diagonale du fou
Celle où tous les coups étaient permis, celle où le nom de Kortchnoï, pourtant multiple champion national d’URSS, fut effacé de tous les documents officiels, échiquéens et autres ouvrages des ex-pays de l’Est.
Celle encore qui a inspiré plusieurs adaptations cinématographiques, dont la fameuse Diagonale du Fou, produit par Arthur Cohn, où le rôle de Viktor Kortchnoï est repris par Michel Piccoli. «J’ai horreur de ce film, il travestit l’histoire, souligne le principal intéressé. Comme si le fou, c’était moi!»
«En 1978, j’ai perdu d’extrême justesse la finale, à Baguio, aux Philippines, se souvient-il encore. J’ai appris en 1990 de la bouche de Mikhail Tal, qui était alors l’entraîneur de Karpov, que j’aurais été assassiné par les dirigeants soviétiques si j’avais été sacré champion du monde!»
Kortchnoï n’en démord pas. «Tout avait été planifié, j’en suis persuadé. Brejnev et l’URSS n’auraient pas pu se permettre de voir un dissident champion du monde!»
swissinfo, Jonathan Hirsch
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