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La FIFA veut développer le football africain

Le président de la FIFA Joseph Blatter présente ses trophées du Mondial 2006. swissinfo.ch

Après le succès du Mondial 2006 en Allemagne, Joseph Blatter, président de la FIFA, s'intéresse à l'Afrique du Sud où se déroula l'édition 2010.

La FIFA mettra l’accent sur le développement du football sur le continent africain. Notamment en activant la création de ligues professionnelles pour freiner l’exode des joueurs vers d’autres continents.

Le bâtiment de la Fédération internationale de football (FIFA) est un chef-d’oeuvre architectural. Quant au bureau de son président, le Suisse Joseph (Sepp) Blatter, il est le reflet de la notoriété d’un homme qui va bien au-delà de sa fonction à la tête de l’une des fédérations sportives les plus puissantes de la planète. Sepp Blatter est à la fois manager, politicien et ardent promoteur du sport.

Les dimensions généreuses du bureau de Sepp Blatter ne suscitent par pour autant une impression de vide, vu les nombreux objets et coupes de championnats qu’il recèle. Et parmi ces trophées, la coupe des coupes remportée par l’Italie en juin dernier, lors de la finale de la coupe du monde à Berlin.

«Une copie fidèle de l’original, observe Sepp Blatter. Prenez-là et brandissez-là comme si vous étiez sur un stade», enjoint-il à son interlocuteur.

Et le patron du football mondial de saisir un ballon officiel pour le déposer sur le sol. «Regardez, dit-il, ce ballon, c’est une sphère comme notre terre. Avec ces mains qui portent la sphère football, le trophée de la coupe du monde est tout un symbole.» Pour Sepp Blatter, le football et le monde ne font qu’un.

Une «belle» coupe du monde en Allemagne

Alors qu’il fraie avec les personnalités les plus influentes de la planète, Sepp Blatter a-t-il encore le temps de parler foot au bistrot du coin et d’évoquer les «stars» des équipes locales?

«Oui bien sûr», déclare notre interlocuteur qui affirme continuer à s’intéresser à «ses» équipes valaisannes favorites, comme Viège et Sion, et qui a récemment félicité l’équipe bernoise des Young Boys d’avoir eu le courage de doter le Stade de Suisse d’une pelouse artificielle.

Dans ce domaine, la conviction de Sepp Blatter est faite: «l’avenir est aux pelouses artificielles». Il attend avec impatience que le nouveau stade qui est en train de se construire à Zurich à côté de l’immeuble de la FIFA soit achevé. «J’ai encore régulièrement besoin de taper dans un ballon.»

Le monde entier s’est laissé prendre par la fièvre de la coupe du monde en Allemagne. «Pendant quatre semaines, des émotions positives ont déferlé sur le monde. Tout un pays a vibré avec le mondial; c’était très beau», se réjouit le patron de la FIFA.

Analyse du Mondial

Pour la dernière coupe du monde, le patron du football mondial aurait souhaité un football plus offensif. Mais ce ne sont pas des choses qui s’obtiennent sur commande.

«J’ai regretté que la finale se termine par un carton rouge pour un coup de tête de Zinedine Zidane». Il ne cache pas son admiration pour le pays vainqueur, l’Italie, qui, en dépit de l’immense scandale qui a secoué avant la coupe du monde le football de la péninsule, a réussi à s’imposer.

Sepp Blatter annonce que la FIFA organisera prochainement à Berlin un grand symposium rassemblant les entraîneurs des 32 équipes finalistes, les arbitres ainsi que des experts du ballon rond. Il s’agira de faire un bilan du mondial et de débattre de changements à apporter à certaines règles.

L’introduction d’un statut professionnel pour les arbitres sera également évoquée, ces derniers sont le maillon faible dans un milieu très exposé à la corruption, estime Sepp Blatter.

L’Afrique du sud, ce sera autre chose

Le président de la FIFA a déjà les yeux tournés vers la prochaine coupe du monde qui aura lieu en 2010 en Afrique du sud. Avec une question que tout le monde se pose: en tant que pays organisateur, l’Afrique du sud pourra-t-elle rivaliser avec l’Allemagne qui avait placé la barre très haut?

Sepp Blatter n’en doute pas un instant. «L’Afrique du sud fera les choses autrement que l’Allemagne et elle a carte blanche pour cela. Ce seront des championnats du monde à l’africaine». L’ambiance sera toute différente.

«Bien sûr que les stades seront achevés dans quatre ans. Il n’y a d’ailleurs pas de plan B pour un éventuel transfert dans un autre pays», avertit-il.

Sepp Blatter voit dans la coupe du monde en Afrique du sud comme une sorte de grand projet de développement pour l’Afrique et, en particulier, pour l’Afrique noire. Le patron du football ne cache pas sa révolte face à l’hémorragie des forces vives du football sur le continent noir. Le recrutement des clubs européens se traduit par une «véritable saignée pour l’Afrique», martèle notre interlocuteur.

Il s’agit de favoriser l’émergence de ligues professionnelles. La FIFA entend y consacrer des moyens financiers.

L’UEFA doit payer des impôts

Mais, avant le mondial en Afrique du sud, il y aura le championnat d’Europe qui aura lieu en 2008 en Suisse et en Autriche.

«Ceci est d’abord l’affaire de l’UEFA, l’Union des associations européennes de football», estime le président de la FIFA.

Il admet toutefois «se sentir sentimentalement proche» de l’Association suisse de football tout comme de sa consoeur autrichienne.

Sepp Blatter estime quelque peu indécentes les controverses qui ont agité la Suisse autour des coûts sur la sécurité qui sont remonté jusqu’au Parlement. Etre obnubilé par les coûts est une question bien helvétique alors qu’il faudrait mieux se demander tout ce qu’une telle manifestation va apporter à la Suisse.

«L’Euro de foot va beaucoup apporter à la Suisse, ça ne fait aucun doute», insiste Sepp Blatter.

Quant à la question du refus de l’UEFA de s’acquitter des impôts à la source auprès de la Confédération, Sepp Blatter avoue ne pas vraiment en comprendre les raisons. «En Allemagne, nous avons établi le montant de ces impôts avec les autorités et nous les avons réglés.»

swissinfo, Urs Maurer, Zürich
(Traduction et adaptation en français: Bertrand Baumann)

La FIFA (Fédération Internationale de Football Association) est l’organisation du football mondial et elle a son siège à Zurich
Elle a été fondée en 1904 à Paris et elle rassemble les fédérations des six continents.
Elle organise diverses compétitions de football, parmi lesquelles les championnats du monde de football masculin et féminin.
Le Suisse Joseph Blatter, né le 10 mars 1936 à Viège, en est le président.
A Zurich, la FIFA emploie 125 personnes.
Pour les seuls droits de retransmission des championnats du monde de football 2002 et 2006 masculins, la FIFA a encaissé près de 2,8 milliards de francs.

Sepp Blatter, président de la FIFA, défend depuis toujours l’idée d’organiser la coupe du monde de football en Afrique. C’est grâce au système de rotation introduit par la FIFA que le continent africain peut désormais accéder au rang d’organisateur.

Des doutes sont néanmoins fréquemment exprimés quant à la réelle capacité de l’Afrique d’organiser la coupe du monde de football.

Avec le projet «Win in Africa with Africa», la Fédération internationale de football entend d’ici à 2010 aider financièrement les pays africains à fonder des ligues professionnelles de football. De nombreuses organisations mais aussi l’Union européenne participent au projet.

La FIFA présentera officiellement le projet à la fin de l’année. Pour l’instant, la Fédération travaille en collaboration avec les acteurs concernés en Afrique à régler les détails.

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