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La fin d’une longue hypocrisie

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Le Conseil des Etats a accepté de dépénaliser la consommation de cannabis. Le National devrait suivre. Les fumeurs, eux, ne se cachent plus depuis longtemps.

La Chambre Haute s’est en effet prononcée par 25 voix sans opposition sur la révision de la loi sur les stupéfiants.

Les quatre piliers (prévention, thérapie, réduction des risques et répression) n’ont posé aucun problème. Mais la dépénalisation, elle, a suscité quelques discussions. Voire une levée de boucliers.

Du côté Romand, notamment. Où l’on craignait en fait une banalisation de la consommation de stupéfiants, malgré l’interdiction totale des drogues dites dures.

«La dépénalisation du cannabis ne signifie pas que l’on approuve la fumette», rassure la conseillère fédérale Ruth Dreifuss. La nécessité de légiférer en la matière s’impose. D’autant que 500’000 Suisses sont considérés comme des consommateurs occasionnels ou permanents de cannabis.

La légalisation ne changera pas grand chose

Quoi qu’il en soit, une chose est sûre: la légalisation de la consommation ne changera pas grand chose pour la majorité des adeptes du joint. Qui ne se cachent plus depuis longtemps.

Et qui n’ont rien de marginaux. A l’image de Florian C., 41 ans, marié et père d’un garçon de huit ans, ancien hockeyeur, et artisan ébéniste en Valais.

«Je reste gentiment indifférent à ces débats parlementaires, confie Florian, qui fume des joints depuis l’âge de 22 ans. Ce projet de légalisation a tout de même le mérite de vouloir mettre fin à une très longue hypocrisie. Car, dans la réalité, tout le monde côtoie dans l’indifférence la plus totale des fumeurs de cannabis.»

Un acte social et ludique

En revanche, Florian C. salue la répression active des drogues dures. Qu’il qualifie de véritable fléau de notre société. Pour le fumeur de joints, le tabac et l’alcool sont de dangereux stupéfiants qui causent de gros dégâts. Alors que le cannabis, lui, n’engendre aucune dépendance. Mieux, il est souvent associé à un acte social et ludique.

D’ailleurs, le joint n’a jamais isolé socialement le Valaisan. Aussi bien sur le plan professionnel, familial que sportif. «Fumer un pétard, confie Florian C., doit rester un plaisir partagé, entre détente et amusement».

«Je n’ai jamais fumé au travail ou quand je faisais du sport de haut niveau, précise l’ébéniste. Et je n’ai jamais caché à mes amis ou à mes parents que je tirais de temps en temps sur un joint. Et cela n’a jamais posé de problème.»

Pas devant les enfants

Cela dit, Florian évite la provocation. «Je ne fume jamais dans la rue ou dans un établissement public, afin de ne pas attirer l’attention». Une attitude qui lui a valu de ne jamais être inquiété par les pandores.

Et les enfants? «Il ne me viendrait pas à l’idée de fumer devant mon fils. Du moins tant qu’il est petit. Le jour où mon garçon sera peut être concerné par le problème, je lui expliquerai que fumer n’est pas une obligation. Et qu’il doit, dans tous les cas, s’en tenir à une consommation modérée et festive.»

Et, comme pour se rassurer, l’artisan valaisan espère que le cannabis entrera dans les mœurs rapidement. Et que l’on ne traitera plus les fumeurs de joints de «drogués».

Jean-Louis Thomas

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