Des perspectives suisses en 10 langues

La gymnastique suisse revient sur le devant de la scène

La gymnastique suisse a pris un nouvel envol. Keystone

L'équipe de Suisse de gymnastique a réalisé un bel exploit lors des récents Championnats du monde d'Aarhus dominés par la Chine. L'analyse du spécialiste Erwin Hänggi.

Au Danemark, les gymnastes helvétiques ont réussi à se qualifier pour la finale des huit meilleures équipes. Mais rien n’est encore fait pour Pékin 2008.

Dirigés par un trio d’entraîneurs roumano-hongrois (Sandor Kiraly, Csaba Bordon et Nicu Pascun), l’équipe masculine de gymnastique a réalisé un parcours presque sans fautes sur sol danois.

Composé de six athlètes appelés à exécuter des figures à la barre fixe, au cheval d’arçon, au sol, aux anneaux, aux barres parallèles et au saut de cheval, le team helvétique a notamment devancé plusieurs grandes nations de la gymnastique dans certaines disciplines.

Présent au Danemark, l’ancien journaliste spécialisé du magazine ‘Sport’ Erwin Hänggi assistait à ses 21e Championnats du monde. Egalement ex-chef de presse de la Fédération suisse de gymnastique, il a apprécié à sa juste valeur cette performance. Selon lui, elle permet d’envisager l’avenir avec confiance même si rien n’est acquis. Interview.

swissinfo: Erwin Hänggi, la performance helvétique à Aarhus est-elle réellement une surprise?

Erwin Hänggi: Oui, et une bonne surprise! L’objectif des Suisses était de parvenir à décrocher une onzième ou une douzième place au mieux. Les entraîneurs ont tout misé sur le concours par équipe et leur stratégie a payé. Mais il aurait suffi d’une chute pour que la Suisse perde plusieurs rangs tant le concours était disputé.

Il faut bien comprendre que les athlètes suisses ont réalisé une compétition au maximum de leurs capacités. C’est une réussite à 100%. Les connaisseurs savent que cette huitième place est quelque chose de très important. Le grand public va plus se focaliser sur des médailles individuelles comme celles de Donghua Li par le passé par exemple.

En ce moment, la force de la Suisse réside dans celle de son équipe. Il n’y a pas vraiment d’athlète capable de décrocher une médaille dans un concours individuel. A Aarhus, dix-huit nations ont remporté des médailles et la Suisse ne figure pas parmi elles.

swissinfo: Malgré l’excellent résultat d’Aarhus, l’équipe de Suisse n’est pas encore qualifiée pour les JO de Pékin de 2008. Elle jouera sa place aux Mondiaux de Stuttgart l’an prochain. A-t-elle les moyens de réussir dans son entreprise?

E.H.: Ça va être difficile mais c’est possible. Si les Suisses rééditent la même performance qu’au Danemark, il n’y aura pas de problèmes. Mais rien n’est moins sûr. Ils devront obligatoirement se classer parmi les douze meilleures équipes l’an prochain en Allemagne.

Si cet objectif est réalisable pour les garçons, il ne l’est pas pour les filles. Ces dernières ont fini 17e à Aarhus et elles auront pour objectif de se classer parmi les quinze meilleures nations l’an prochain afin de pouvoir envoyer deux filles aux JO de Pékin. Chez les dames, le réservoir est beaucoup plus limité que chez les hommes.

swissinfo: Comment jugez-vous l’organisation de la discipline en Suisse, notamment au niveau de la formation de la relève et de l’encadrement de l’élite?

E.H.: En Suisse, le système de formation est excellent. Il existe des centres régionaux où les jeunes peuvent aller s’entraîner chaque après-midi de la semaine étant donné qu’ils peuvent compter sur la présence d’entraîneurs professionnels payés pour être à leur disposition.

Les meilleurs sont ensuite intégrés dans le cadre national junior et peuvent participer à divers stages durant les périodes de vacances. Jusqu’à dix-huit ans, ces jeunes restent dans les centres régionaux et sont supervisés par l’entraîneur national à intervalles réguliers.

Lors des championnats d’Europe de 2002, les juniors suisses ont réalisé la performance extraordinaire de terminer second derrière la Russie. Dans cette équipe, il y avait Niki Böschenstein, Mark Ramseier et Patrice Dominguez qui sont aujourd’hui les figures de proue de l’élite nationale.

Il y a donc des raisons d’être optimiste, ce d’autant qu’un athlète comme Danny Groves, qui participait à Aarhus à sa première compétition internationale, s’est montré à la hauteur de l’événement. L’équipe est jeune et compétitive.

Interview-swissinfo, Mathias Froidevaux

– Jusque dans les années 1950, la Suisse a régulièrement trusté les podiums olympiques et mondiaux avec des athlètes tels que Eugen Mack, Georges Miez, Josef Walter, Karl Frei, Josef Stalder ou Jack Günthard.

– Par équipe, la Suisse a par la suite été 7e aux Mondiaux de 1974, 8e aux JO de 1976 et 5e à ceux de 1984 (ancien règlement et URSS pas encore éclatée).

– La dernière qualification d’une équipe de Suisse pour les JO date de 1992 à Barcelone.

– Les grandes figures de la gymnastique suisse des 20 dernières années ont été Dieter Rehm (notamment médaillé de bronze des Mondiaux de 1999 au saut de cheval), Donghua Li (Champion du monde ‘1995’ et olympique ‘1996’ au cheval d’arçon) et dernièrement Christoph Schärer (médaille de bronze à la barre fixe aux Championnats d’Europe de 2004).

– La Fédération suisse de gymnastique compte plus de 160’000 gymnastes actifs. 14 athlètes masculins et 6 athlètes féminines composent le cadre national élite.

Chaque pays présente une équipe composée de six athlètes. Cinq d’entres-eux doivent présenter des exercices sur les six engins de la barre fixe, du cheval d’arçon, au sol, aux anneaux, aux barres parallèles et au saut de cheval. Les quatre meilleurs résultats comptent.

Les huit meilleurs athlètes (au maximum deux par pays) sur chaque engin sont qualifiés pour les concours individuels par engin. Les huit meilleurs sur la totalité des engins sont qualifiés pour la finale ‘multiple’.

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision