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La police veut traiter les casseurs comme des hooligans

Pour contrer les casseurs, d'autres mesures sont nécessaires, soutient Beat Hensler. Keystone

Suite aux émeutes du 6 octobre à Berne, le président des commandants des polices cantonales Beat Hensler plaide pour une extension des mesures anti-hooligans aux casseurs.

Le conseiller spécial de l’ONU pour le sport et ex-ministre Adolf Ogi se montre quant à lui inquiet pour l’image de la Suisse à l’extérieur.

Soucieux de donner davantage de marge de manoeuvre à la police, Beat Hensler propose d’appliquer l’arsenal contre le hooliganisme aux personnes susceptibles de participer à des manifestations non autorisées. D’après lui, ces personnes sont connues.

Cette loi permettrait d’agir de manière préventive contre les casseurs, estime le chef de la police cantonale lucernoise. Il va écrire une lettre en ce sens ces prochains jours à la Conférence des directeurs des départements cantonaux de justice et police. Une précision: rendre cette application aux casseurs possible exigerait l’aval du Parlement fédéral.

Ce dernier a adopté l’an dernier un dispositif en cascade visant à lutter contre la violence lors de manifestations sportives. Parmi les mesures figurent l’interdiction d’accès à certains périmètres, l’obligation de se présenter à la police et la garde à vue préventive des auteurs de violence particulièrement récalcitrants. Il est aussi prévu de recenser les hooligans dans une banque de données.

La plupart de ces dispositions, en vigueur depuis janvier, sont limitées à fin 2009. Elles complètent l’appareil de sécurité en vue de l’Eurofoot 2008 et seront également appliquées lors des championnats du monde de hockey en 2009.

Policiers mécontents

La question de la présence des casseurs sur la Place fédérale samedi 6 octobre a suscité des remous au sein du corps de la police municipale bernoise qui a exprimé sa mauvaise humeur et sa déception.

Les oreilles des chefs ont sifflé, mais la discussion est restée constructive, selon le porte-parole de la police Thomas Jauch, commentant un article de la «NZZ am Sonntag». Les erreurs commises vont être analysées.

Un rapport demandé par l’exécutif de la ville de Berne inclura les questions stratégiques et opérationnelles encore ouvertes. Par exemple de prétendus problèmes liés à la surcharge du système radio ou au nombre de policiers engagés.

Adolf Ogi a rejoint le concert de ceux qui s’inquiètent pour la réputation de la Suisse à l’étranger. Il n’hésite pas à comparer les dégâts des affrontements en termes d’image à ceux causés par le grounding de Swissair, les pires du genre selon lui.

Un impact bien réel

Les comptes-rendus négatifs comme ceux du «New York Times» ne doivent pas être sous-estimés, avertit l’ancien conseiller fédéral. Ils sont lus dans les organisations internationales et dans les étages dirigeants des grandes entreprises. Et les leaders d’opinion de penser: «La Suisse était pourtant un pays où l’ordre régnait.»

Adolf Ogi prend la défense de son parti, estimant que l’Union démocratique du centre (UDC / droite nationaliste) n’est pas responsable des débordements qui ont émaillé sa fête électorale dans la vieille ville de la capitale.

«Je suis étonné par les autorités bernoises, confie l’ex-ministre. Elles tolèrent une contre-manifestation non autorisée. Et la Place fédérale n’était pas surveillée.»

swissinfo et les agences

Samedi 6 octobre à Berne, des casseurs ont empêché le défilé des nationalistes de l’Union démocratique du centre (UDC) de parcourir la ville. Ces casseurs ont débordé une contre-manifestation de la gauche, tolérée mais pas officiellement autorisée par la municipalité de Berne.

Leurs violences se sont soldées par 21 blessés, dont 18 au sein de la police, et plus de 100’000 francs de dégâts. 42 personnes ont été arrêtées. La police bernoise a subi depuis de fortes critiques et les réactions ont été nombreuses en Suisse et au dehors.

Approuvée par le parlement en mars 2006, la nouvelle Loi fédérale instituant des mesures visant au maintien de la sûreté intérieure (LMSI) prévoit notamment:

La confiscation de matériel de propagande appelant à la violence.

La création d’une banque de données sur les supporters potentiellement violents.

L’interdiction de stade ou des restrictions de voyage.

La détention préventive jusqu’à 24 heures.

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