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La résistance s’organise

La révision de la loi adoptée mercredi soir n'est pas la première mesure prise par la ville pour tenter d'enrayer le phénomène.

Depuis deux ans, Zurich multiplie les initiatives. Dans le quartier concerné, la résistance s’organise également.

Trafic motorisé intempestif, saletés, cris, agressivité: «La Langstrasse, c’est 24 heures non stop de trafics en tous genres, avec 80% d’habitants qui voudraient dormir», résume Rolf Vieli, chef du projet de revitalisation du quartier «Langstrasse Plus».

L’été dernier, la ville a fait une première tentative pour empêcher les prostituées de racoler sur la voie publique: elle a instauré une interprétation plus sévère du règlement existant, qui condamne déjà ce type de pratique, près de lieux d’habitation, entre autres.

Amendes salées



Depuis août 2002, la police interpelle les prostituées non seulement si elles racolent sur le trottoir, mais aussi si elles le font depuis leur fenêtre.

La facture est salée: 800 francs pour la première verbalisation, dont 300 de frais administratifs.

Problème: la loi ne mentionne pas explicitement que le racolage depuis une fenêtre est interdit.
Les querelles juridiques se sont multipliées, de même que les recours contre les amendes.

C’est pourquoi l’exécutif a décidé de passer à la vitesse supérieure en complétant l’ordonnance sur la prostitution «de rue». Une révision adoptée par 106 voix contre 11 mercredi soir.

Un nouvel alinéa précise désormais qu’il est interdit de racoler sur la voie publique, mais aussi de façon «perceptible et reconnaissable depuis la voie publique».

Hyprocrisie dénoncée



Seul le groupe formé par les Verts et le Parti du travail a refusé la révision. Selon son représentant Niklaus Scherr, «un appartement est un lieu privé. Jusqu’où l’Etat peut-il intervenir dans des lieux privés?»

«De plus, ajoute le député PdT, on s’en prend aux femmes au lieu de s’attaquer à ceux qui profitent de leur travail. Enfin, pour elles, il est certainement moins dangereux et plus sûr de travailler dans des salons que sur le trottoir.»

La ville rachète des immeubles

L’interdiction du racolage n’est pas la première mesure prise par la ville pour enrayer la prostitution.

Mi-avril, la municipalité a annoncé qu’elle rachèterait des immeubles tombés aux mains de «la pègre», lorsque les bâtiments sont mis en vente. Un premier immeuble a été acheté pour 1,7 million de francs.

Actuellement, certains propriétaires gagnent jusqu’à 8000 francs par mois pour un 3 pièces en sous-louant les pièces individuellement à des prostituées.

Accusée de graisser la patte de propriétaires trop heureux de pouvoir faire monter les prix, la ville a répliqué qu’elle avait au contraire pu faire baisser le montant initialement réclamé.

«Montrer du doigt»

«Nous intervenons pour empêcher la destruction du quartier, déclare Monika Stocker, l’écologiste cheffe des affaires sociales. Le bien commun est à mon sens plus grand que l’intérêt du marché immobilier.

Nous voulons montrer aux spéculateurs qu’ils doivent s’attendre à ce qu’on intervienne, selon ce qu’ils font avec les immeubles. Il faut les montrer du doigt et perdre la gêne d’intervenir.»

Quant aux habitants – ceux qui ne sont pas partis – ils sont aussi décidés à se battre. Initiatives, pétitions, plaintes de propriétaires pour perte de la valeur de leur immeuble lorsqu’un bordel s’installe à côté: la «résistance» s’organise.

Swissinfo, Ariane Gigon Bormann à Zurich.

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