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La Suisse éliminée de «son» Euro

Keystone

Le «rêve Euro» de la Suisse a pris fin mercredi soir dans un stade Saint-Jacques de Bâle tout de rouge vêtu. La Nati s'est inclinée (1-2) contre la Turquie dans LE match à ne pas perdre. Présent sur place, swissinfo analyse cette rencontre avec l'ancien international et entraîneur Umberto Barberis.

22h41, les lumières de l’Euro s’éteignent pour tout un pays. Douche froide et envie de pleurer! Les regards hagards de l’entraîneur Köbi Kuhn et de son assistant Michel Pont en disent long sur la tristesse qui les habite. Comme la posture courbée des joueurs suisses sur le terrain… ou les larmes de cette supportrice, le chapeau haut de forme aux couleurs helvétiques en berne.

Rideau avant même l’ultime rencontre du groupe face au Portugal. La Suisse est la première équipe officiellement éliminée du tournoi… de son tournoi.

Une réussite de Turan Arda dans les arrêts de jeux vient de briser le rêve suisse. Terrible coup. Comme s’il était écrit que l’issue de ce match électrique, disputé dans des conditions dantesques, ne pouvait qu’être tragique.

Cette défaite et cette élimination sont d’autant plus rageantes que la Suisse avait tout pour réussir. Ne menait-elle pas encore au score (1-0) à l’heure de jeu grâce à une réussite – dans la joie générale – d’un de ses joueurs aux racines… turques: Hakan Yakin.

«Nous avons bien joué, constatait ce dernier dépité. Mais tout est déjà fini. J’ai de la peine à trouver les mots pour exprimer ma tristesse.»

Un manque cruel d’efficacité

«Les Suisses ont été trop naïfs et ont manqué d’intelligence tactique en fin de rencontre», fulmine l’ancien international et entraîneur Umberto «Bertine» Barberis en fin de partie.

Consultant pour le compte de swissinfo durant tout l’Euro, ce dernier estime que les Suisses auraient dû comprendre, une fois rejoints au score (but de Semith à la 57ème), qu’il fallait conserver le match nul… et l’espoir!

«Lorsque vous manquez l’immanquable en contre à 4 contre 1 à dix minutes avant la fin, vous devez arrêter de vous ruer à l’attaque. Avec un match nul, ils auraient encore pu espérer se qualifier en battant le Portugal et l’euphorie de l’Euro aurait continué au moins quelques jours.»

«Une fois de plus, les Suisses n’ont pas su faire preuve de réalisme, souligne encore Bertine Barberis. Et c’est ce manque d’efficacité qui leur a été fatal, comme face à la République tchèque. A l’image de Ludovic Magnin, ils ont oublié de défendre. C’est vraiment dommage, car ils avaient les moyens de continuer à rêver. Mais ils ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes. Les Turcs tiennent leur revanche.»

Tout en main

Battus par les Suisses lors des matches de barrage pour le Mondial allemand de 2006, les Turcs peuvent en effet cette fois chanter victoire.

«C’est incroyable mais à chaque fois que nous sommes appelés à affronter la Turquie, l’importance de l’enjeu est énorme», se souvenait le milieu de terrain de l’équipe de Suisse Tranquillo Barnetta avant la rencontre.

Le feu follet de l’équipe nationale espérait bien sûr la même issue à la confrontation qu’il y a trois ans. Il n’était pas le seul. Depuis le matin, les supporters suisses avaient défilé, chanté et dansé dans les rues de Bâle.

Rien ne semblait pouvoir les arrêter. Pas même plusieurs orages, qui se sont abattus sur la cité rhénane. Et sur le coup des 20h45, les plus heureux d’entre eux, ceux qui avaient un billet, s’étaient retrouvés dans un stade plein comme un œuf. Ils avaient alors continué à chanter et à danser dans les gradins. Mais, cette fois, avec le ventre et la gorge noués par le stress et l’excitation.

Les cris suivant les hymnes nationaux s’étaient révélés un exutoire bienvenu. Ils savaient, bien sûr, que la donne de ce match ne laissait planer aucun doute: Malheur au vaincu! Malheur à la Suisse éliminée de son tournoi.

«Je suis malheureusement obligé de reconnaître que l’équipe de Suisse est actuellement meilleure que celle de Turquie. Elle devrait logiquement s’imposer», disait encore Deniz Derinsu, journaliste du quotidien turc Sabah – un des trois plus grands journaux de Turquie – avant le match. Il se trompait!

swissinfo, Mathias Froidevaux à Bâle

Lors des qualifications de l’Euro 2008, la Turquie a terminé seconde de son groupe derrière la Grèce (championne d’Europe en titre).

Comme la Suisse, la Turquie a disputé son premier Euro en 1996 en Angleterre. Egalement éliminée après 3 matches, elle a cependant réussi à se qualifier quatre ans plus tard pour la compétition qui se déroulait en Belgique et en Hollande.
Là, elle avait réussi à se sortir d’un groupe comprenant l’Italie, la Suède et la Belgique mais avait perdu en quarts de finale contre le Portugal (2-0).

La Turquie a disputé deux phases finales de Coupe du Monde: la première en 1954 en Suisse et la seconde en 2002 où elle a terminé troisième.

Né en 1952 à Sion en Valais, Umberto Barberis est le consultant de swissinfo pour l’Euro 2008. Il vous donne aussi rendez-vous sur le Blog VIP de swissinfo où vous pourrez réagir à ses propos très… tranchés.

Meneur de jeu durant sa carrière de footballeur, il a remporté trois Coupes de Suisse (deux fois avec Servette et une fois avec Sion), deux championnats de Suisse (avec Servette), un championnat de France (avec Monaco) et quatre Coupes de la Ligue (avec Servette).

Il compte 54 sélections en équipe de Suisse (7 buts).

Devenu entraîneur dès la fin des années 80, il a successivement présidé aux destinées de quatre clubs romands : Lausanne-Sport, Sion, Servette et Baulmes.

Le Portugal, l’un des favoris de l’Euro 2008, s’est rapproché mercredi des quarts de finale de l’épreuve à la faveur d’une solide victoire sur la République tchèque à Genève (3-1), lors du deuxième match des deux équipes dans le groupe A.
Les trois buts portugais sont à mettre au crédit de Deco (8e), Cristiano Ronaldo (63e) et Quaresma (90e). Les Tchèques ont répliqué par Libor Sionko (17e).
Cette victoire permet à la formation portugaise de prendre seule la tête de la poule et d’être pratiquement assurée de disputer les quarts de finale.

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