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La Suisse accueillera les pourparlers sur Chypre

L'hôtel Bürgenstock est connu pour accueillir séminaires et réunions. Keystone

Le secrétaire général de l’ONU et les chefs de gouvernements grec et turc seront la semaine prochaine en Suisse.

A l’initiative de la Confédération, les négociations entre Chypriotes grecs et turcs sur la réunification de l’île doivent en effet se poursuivre au Bürgenstock, près de Lucerne.

«Le gouvernement suisse a fait une offre (accueillir les négociations), que l’ONU a acceptée», indique à swissinfo Didier Pfirter.

Le conseiller juridique du représentant de Kofi Annan pour Chypre poursuit: «Il y a de bonnes raisons de vouloir que les parties fassent un dernier effort, intense et dans un environnement qui autorise un travail 24 heures sur 24».

La Suisse ne jouera pas de rôle de médiateur lors de ces négociations, précise Micheline Calmy-Rey. Selon la ministre suisse des Affaires étrangères, Berne se bornera à un appui «technique et financier».

La Confédération met à disposition de l’ONU un diplomate (Didier Pfirter lui-même) et deux experts (en vue de la finalisation d’un accord). Au total, l’engagement financier atteint 60’000 francs.

L’accueil des négociations sur la réunification de Chypre s’inscrit dans le cadre de la politique des bons offices de la Suisse, relève encore la conseillère fédérale.

Ces pourparlers de la dernière chance sur la réunification de l’île débuteront précisément le 24 mars, indique la mission des Nations unies à Nicosie. Elles s’achèveront au plus tard le 29.

Un point d’interrogation

A l’image du leader des Chypriotes-grecs, le Premier ministre grec Costas Caramanlis a répondu favorablement à l’invitation du secrétaire général de l’ONU.

Les Turcs seront là aussi. La présence de Tayyip Erdogan, chef du gouvernement d’Ankara, est confirmée par l’agence anatolienne de presse.

Mais le dirigeant chypriote-turc et nationaliste fervent Rauf Denktash est annoncé absent. Raison invoquée par l’intéressé: l’intransigeance des Chypriotes-grecs, qui rendrait tout progrès impossible.

Cela étant, Kofi Annan n’a pas été informé officiellement de cette défection, indique Didier Pfirter. «S’il (Rauf Denktash) maintient sa position, cela provoquera une crise. Il faudra voir comment elle peut être surmontée».

En l’état, Chypre Nord devrait donc être représentée par son Premier ministre Mehmet Ali Talat et son chef de la diplomatie Serdar Denktash, fils du président.

Un plan datant de 2002

Ces négociations reposeront sur le plan présenté par Kofi Annan fin 2002. Sa feuille de route prévoit une confédération chypriote sur le modèle helvétique. D’où la présence actuelle à Chypre d’experts suisses de la médiation et du droit constitutionnel.

Le mini-sommet prévu en Suisse s’inscrit dans un contexte précis. Depuis près de quatre semaines, des négociations se déroulent entre les seules parties chypriotes.

Mais les négociateurs ont d’ores et déjà reconnu qu’ils ne parviendraient pas à un accord dans le cadre du délai imparti (le 22 mars).

En conséquence, la «feuille de route» mise au point par l’ONU prévoit que les deux puissances tutélaires, la Grèce et la Turquie, se joignent aux discussions.

En l’état, il est prévu que le plan Annan soit soumis aux Chypriotes le 20 avril, lors de deux référendums séparés.

L’objectif fondamental de l’ONU est de parvenir à une réunification de l’île avant le 1er mai, date à laquelle la République de Chypre rejoindra – avec ou sans Chypre Nord – l’Union européenne.

«Nous avons l’engagement des deux parties chypriotes sur leur volonté de parvenir à un accord avant le 1er mai», explique Didier Pfirter.

«Mais, poursuit le conseiller juridique, ils se sont engagés à soumettre le plan à référendum même si aucun accord n’est conclu. Dans ce cas, ce serait alors au secrétaire général d’y parvenir».

swissinfo et les agences

L’histoire politique mouvementée de l’île:

1960: indépendance
15 juillet 1974: coup d’Etat fomenté par la dictature grecque.
20 juillet 1974: occupation du Nord de l’île par la Turquie.
1983: proclamation de la «République turque du Nord de Chypre».
2002: plan de réunification de l’ONU.
Fin mars 2004: négociations de la dernière chance en Suisse.
1er juin 2004: entrée de la République de Chypre dans l’Union européenne.

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