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La Suisse, la France et Monaco tentent de cerner le clan Pasqua

Coopération judiciaire oblige, Charles Pasqua et son clan sont désormais dans le collimateur de la justice suisse. Keystone Archive

Ancien ministre français de l'Intérieur et ancien ami du président Jacques Chirac, Charles Pasqua est, depuis plusieurs mois, dans la ligne de mire de la justice française. A son tour, la justice suisse demande de bloquer ses comptes.

«Jean-Christophe Mitterrand, c’est du menu fretin». Dès le début de l’«Angolagate», cette vente d’armes françaises à destination d’un pays en guerre, les enquêteurs suisses ont limité l’action du fils de l’ancien président à sa juste valeur. A savoir celle d’un simple comparse.

Depuis décembre dernier, le palais de justice de Genève sait qu’il a affaire à du très gros gibier. En effet, avec la nouvelle loi sur le blanchiment d’argent, de nombreuses banques ont signalé presque immédiatement au juge genevois Daniel Devaud qu’elles détenaient ou avaient détenu une cinquantaine de comptes appartenant aux marchands d’armes Pierre Falcone et Arcadi Gaydamak, et à leurs amis.

On parle alors de «montages ahurissants». La Suisse a bel et bien servi de plaque tournante à l’«Angolagate». D’ailleurs Pierre Falcone a tenté, dès 1998, d’obtenir un permis B à Genève. Et c’est finalement le canton de Vaud qui le lui a accordé l’année dernière, juste avant sa mise en détention à Paris.

Mais quels liens avec le clan Pasqua? La justice française a d’abord découvert que l’Angola effectuait des versements en faveur d’un certain Robert, qui ne pouvait être que Jean-Charles Marchiani, député européen du rassemblement pour la France (le RPF fondé par Charles Pasqua) et intime de ce même Pasqua.

Mieux, Pierre Falcone aurait demandé à Edouardo Dos Santos, le président angolais, de financer la campagne pour les élections européennes de Charles Pasqua. «Cela assurerait le début d’un vrai lobby immédiatement opérationnel auprès du Parlement européen», raconte la transcription d’une conversation téléphonique.

Dans le même temps, la justice de Monaco découvre que Marthe Mondoloni, présidente du PMU du Gabon, aurait versé deux chèques d’un montant de sept millions et demi de francs français en faveur du parti de Charles Pasqua. Une générosité jugée «anormale».

Coopération judiciaire oblige, Charles Pasqua, son fils Pierre, Jean-Charles Marchiani et Marthe Mondoloni se retrouvent à présent dans le collimateur du juge Daniel Devaud. Au point que le magistrat genevois vient de demander aux banques suisses de bloquer leurs comptes.

Ian Hamel

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