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La Suisse n’accueille pas de représentants des FARC

Les FARC comptent près de 17'000 combattants. Keystone

La Suisse ne tolère aucune présence officielle de représentants de la guérilla colombienne sur son territoire. Elle ne leur offre pas non plus de privilèges ou une quelconque immunité.

Le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) répond très clairement au gouvernement colombien qui se dit très «préoccupé» après la parution d’une interview dans un quotidien romand.

L’interview d’un présumé «responsable diplomatique» des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) résidant en Suisse dans le quotidien genevois «Le Temps» agite les relations entre Berne et Bogota.

Par l’intermédiaire de son ministère des affaires étrangères, la Colombie a invité l’ambassadeur helvétique à Bogota Thomas Kupfer à venir s’expliquer.

Ce dernier a répété au vice-ministre colombien des affaires étrangères Camillo Reyes qu’il n’y avait pas sur sol suisse de «représentant des FARC reconnu officiellement».

Selon le DFAE, Thomas Kupfer a également précisé à son interlocuteur «qu’aucun membre des FARC ne bénéficie de privilèges ou d’une immunité devant les juridictions suisses».

L’ambassadeur a encore ajouté que la Suisse demeure «déterminée à prévenir et, le cas échéant, à réprimer sur son territoire tout acte pénalement répréhensible lié au conflit interne en Colombie.»

Cette position a d’ailleurs été répétée à Berne à l’ambassadrice colombienne Claudia Jiménez, qui a été priée de se rendre au Département fédéral des affaires étrangères.

Etabli à Lausanne

Pour mémoire, le quotidien «Le Temps» a révélé jeudi dernier qu’un «responsable diplomatique» des FARC résidait en Suisse. L’homme aurait 35 ans. Il serait détenteur d’un permis C d’établissement et basé à Lausanne.

«Je suis le chef de la délégation diplomatique des FARC, je les représente auprès du gouvernement de différents pays européens», déclare cette personne sous le couvert de l’anonymat dans les colonnes du quotidien genevois.

«On peut dire que j’ai un rôle d’ambassadeur, comme si les FARC étaient un Etat dans l’Etat colombien, mais d’un gouvernement qui n’est pas reconnu. Mon supérieur est Raul Reyes, le n°2 des FARC», ajoutait encore l’homme, venu en Suisse pour la première fois à 21 ans comme réfugié politique.

«Plate-forme politique»

Le présumé «porte-parole» des FARC a précisé qu’il organise des aides logistiques humanitaires, envoie des médicaments et de l’argent. Il fait aussi un travail d’information sur les derniers développements en Colombie et «dénonce les violations des droits de l’homme commises par le gouvernement» de Bogota.

Selon lui, «la Suisse accepte qu’un représentant des FARC soit sur ses terres, car mon rôle est diplomatique. Ici, je ne suis pas un dirigeant militaire». Le site internet des FARC serait par ailleurs hébergé sur des serveurs entreposés en Suisse.

Toujours dans le «Le Temps», le vice-président colombien Francisco Santos a reproché à Berne de tolérer des représentants des FARC sur son territoire. Selon lui, les FARC- une organisation terroriste, selon Bogota – utilisent la Suisse comme «plate-forme politique».

Le vice-président avait déjà formulé ces critiques l’année dernière. Il s’en était également pris à une campagne d’affichage de deux ONG suisses (Pain pour le Prochain et Action du Carême) mettant en cause la protection des droits de l’homme en Colombie.

swissinfo et les agences

La rébellion des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) constitue la première guérilla du pays.

Les FARC réclament la libération de plus de 500 rebelles emprisonnés par le gouvernement colombien en échange de celle de 57 otages «politiques» sur un total de 1100 otages, dont la Franco-Colombienne Ingrid Betancourt, qu’elles détiennent depuis plus de cinq ans.

La Suisse tente de jouer, avec la France et l’Espagne, un rôle de «facilitateur» entre Bogota et la guérilla.

Les trois pays ont appelé le 16 février les autorités colombiennes et les FARC à s’entendre «rapidement» sur l’établissement d’une «zone de sécurité» en vue de permettre un échange d’otages.

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