Des perspectives suisses en 10 langues

La Suisse propose son savoir-faire pour traquer les armes légères

La Suisse et la France ont décidé de s'unir pour une meilleure tracabilité des armes Keystone

Identifier les filières du commerce des armes légères et définir certaines moyens de contrôle, voilà des mesures qui pourraient prévenir certains conflits ou atténuer leur violence. La Suisse et la France ont invité des experts de tous pays à en discuter à Genève.

Il n’y a pas si longtemps, les discussions en matière de désarmement se limitaient aux armes de destruction massive, principalement nucléaires, biologiques ou chimiques.

La fin de la guerre froide et la multiplication des conflits régionaux a fait passer au premier plan les questions concernant la sécurité des gens et non plus seulement celle des États.

La bataille menée par certains gouvernements mais aussi et surtout par des associations civiles en faveur d’une convention pour l’interdiction totale des mines antipersonnel constitue le premier bon exemple de cette «nouvelle diplomatie du désarmement».

Un contrôle efficace du commerce des armes légères – entendez par là les armes à usage militaire conventionnelles comme les pistolets, fusils d’assaut, mitrailleuses, armes d’épaule, grenades, etc. – procède de la même démarche.

Elles font d’énormes dégâts humains et matériels. Elles sont, dit un document de travail présenté à l’ONU par la Suisse et la France, «source de terribles souffrances, compromettent les perspectives de développement durable et fomentent une civilisation de la violence».

Une étude menée par le Comité International de la Croix-Rouge a d’ailleurs conclu qu’il existait un rapport direct entre la disponibilité des armes et le nombre des victimes civiles. D’où l’urgence de mieux contrôler leur commerce et d’en empêcher la vente à ceux qui violent le droit international humanitaire.

On cite l’exemple de trois embargos qui furent d’un seul coup contournés au nez et à la barbe de la communauté internationale. Un jour, les Seychelles avaient mis la main dans un cargo grec sur une cargaison d’armes provenant de l’ex-Yougoslavie et destinée à la Somalie.

Faute d’informations et sur la base de certificats mal évalués, une partie de ces armes (dont quelque 2’500 kalachnikov) fut transférée au Zaïre pour être livrée en réalité aux anciens militaires rwandais réfugiés au Kivu. On sait aujourd’hui à qui et à quoi elles ont ensuite servi.

C’est ce genre de cas d’école qui a poussé l’Assemblée générale des Nations Unies à inscrire le contrôle des armes légères à son ordre du jour et de convoquer une Conférence spéciale en juillet prochain à New York. C’est dans ce cadre qu’intervient la réunion informelle organisée lundi et mardi à Genève.

La Suisse et la France ont en effet décidé de faire front commun sur l’un des volets de ce dossier complexe, celui en particulier où les deux pays pensent pouvoir trouver des réponses rapides et concrets, à savoir la traçabilité, le marquage et l’enregistrement des armes légères.

L’initiative franco-suisse vise à la conclusion d’un accord international obligeant les États à mettre en place un dispositif permettant de «pister les filières d’approvisionnement», grâce à une technique de marquage unique et permanent et un système d’enregistrement compatible.

Dans le domaine du marquage, la Suisse peut apporter un savoir-faire qui, dit-on, a largement fait ses preuves. S’agissant des mesures de réduction des armes, elle a également acquis une certaine expérience lors de la démobilisation des combattants du Mozambique.

Mais qu’elle n’a pas été la surprise des experts militaires, lundi, de voir un spécialiste suisse leur faire une démonstration de traçage de … bovins! Maladie de la vache oblige, il a fallu en effet développer rapidement un système informatique de recensement permanent du cheptel. En moins deux ans, la Suisse a réussi à se doter là d’un système étonnamment performant.

Identification unique pour chaque animal, notification obligatoire de tous les événements physiques, des transports et des transferts de propriété, contrôle régulier et parfois inopiné de la conformité des données: certains de ces principes intéressent forcément les experts en armements.

Mais ces derniers ont aussi bien d’autres soucis. Un seul exemple: les enregistrements d’armes légères doivent être conservés très longtemps. Il n’est pas rare que l’on retrouve la trace de certaines d’entre elles jusqu’à cinquante ans après leur fabrication et dans des zones de conflit fort éloignées de leur lieu d’origine.

Bernard Weissbrodt

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision