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La Suisse s’incline lourdement face à l’Allemagne

A l'image d'Heiko Westermann dominant Philippe Senderos, les Allemands ont pris le dessus sur la Suisse mercredi à Bâle. Keystone

A près de 70 jours du début de l'Euro, l'équipe de Suisse de football a subi un nouveau revers (4 à 0) contre son voisin allemand mercredi soir. Présent au Stade Saint-Jacques de Bâle, swissinfo analyse cette défaite avec l'ancien international et entraîneur Umberto Barberis.

«Un stade de Saint-Jacques à guichets fermés, une grande équipe européenne en face de nous, ce match contre l’Allemagne devrait ressembler beaucoup à ce qui nous attend le 7 juin prochain pour la rencontre d’ouverture face à la Tchéquie», prophétisait Alexander Frei avant le début de ce cinquantième Suisse – Allemagne.

De retour sous le maillot national après un an d’absence pour cause de blessure (il avait disputé son dernier match avec la Suisse le 25 mars 2007 face à la Colombie), le capitaine se voulait rassembleur avant cette rencontre symbolique.

A 73 jours du match d’ouverture de l’Euro, c’était en effet la dernière fois que la Suisse avait l’occasion de fouler la pelouse du Stade Saint-Jacques.

Un message compris jusque dans les travées du stade rhénan, plein comme un œuf, où l’«Esprit Euro» s’est joyeusement marié aux odeurs de bière et de saucisse. Mais la fête qui s’annonçait si belle… n’a pas eu lieu.

La spirale de la défaite

Face à un adversaire qu’elle n’a plus battu depuis 52 ans (soit depuis le succès 3 à 1 à Stuttgart le 21 novembre 1956), la Suisse n’a pas réussi à inverser la spirale négative dans laquelle elle s’embourbe un peu plus à chaque défaite: Etats-Unis, Nigeria, Angleterre et désormais Allemagne.

Le nouveau schéma tactique décidé par l’entraîneur Köbi Kuhn; avec le retour de deux attaquants en pointe (Frei, Derdiyok), soutenus par un milieu de terrain disposé en losange (Behrami, Inler, Barnetta, Fernandes), n’a en effet pas réussi à perturber des Allemands très appliqués et dirigés de main de maître par leur milieu de terrain vedette Michael Ballack.

Dominant outrageusement le début de match, les rugueux joueurs de la Mannschaft ont logiquement ouvert le score par Miroslav Klose après un peu plus de 20 minutes de jeu. Avant de littéralement s’envoler, juste après la mi-temps, grâce à deux réussites de Mario Gomez et un but de Lukas Podolski.

Face au triple champion du monde et d’Europe, les Suisses ont payé cash leur manque de réalisme et leurs erreurs de placement.

«On ne s’attendait pas à une telle soirée. Nous avons été dominés dans tous les secteurs», admettait Köbi Kuhn à la fin de la rencontre.

«Physiquement, nous ne sommes pas capables de rivaliser avec un tel adversaire. Après un début de match délicat, nous avons connu toutefois de bonnes séquences en première période. Mais nous avons commis trop d’erreurs. Nous avons été piégés un peu comme des amateurs.»

Comme en février dernier à Düsseldorf face aux mêmes Allemands (défaite suisse 3 à 1), l’addition est salée. Mais la différence de niveau est bien réelle.

L’analyse de Bertine Barberis

«Les Suisses ont totalement craqué en défense. Ils ont donné trop de ballons, perdu trop de duels. A ce niveau, lorsque l’on fait trop de cadeaux à l’adversaire tout va très vite. Dès le moment où certains joueurs évoluent un cran en dessous de leur valeur, ça ne pardonne pas», analyse l’ancien international et entraîneur Umberto ‘Bertine’ Barberis

Consultant pour swissinfo durant tout l’Euro, ce dernier estime également que «la Suisse n’est pas en place au niveau tactique. Les essais de Köbi Kuhn prouvent que rien n’est clair dans sa tête».

«Il ne faut cependant pas que le doute envahisse trop les esprits car il reste suffisamment de temps pour colmater les brèches, conclut-il. Une telle défaite peut même remettre l’église au milieu du village en permettant une saine remise en question.»

Reste qu’il n’y a désormais plus que deux possibilités pour tenter de trouver les solutions qui s’imposent avant d’affronter le Tchéquie le 7 juin en ouverture de l’Eurofoot. Tout d’abord contre la Slovaquie (24 mai), puis quelques jours plus tard face au Lichtenstein (30 mai).

swissinfo, Mathias Froidevaux à Bâle

5 avril 1908 à Bâle: La Suisse remporte la rencontre contre l’Allemagne (5-3). Il s’agit de la première partie de l’Allemagne après la création de l’Association allemande de football.

27 juin 1920 à Zurich: la Suisse remporte la rencontre 4 à 1. Il s’agit de la première partie disputée par l’équipe nationale allemande après la Première Guerre mondiale.

4 et 9 juin 1938 lors de la Coupe du monde en France, la Suisse et l’Allemagne sont opposés au stade des quarts de finale. Après une première rencontre terminée sur le score de 1 à 1, le match est rejoué et la Suisse s’impose 4 à 2 après avoir pourtant été menée 2 à 0. L’Allemagne qui avait annexé l’Autriche jouait à ce moment avec les meilleurs éléments autrichiens dans ses rangs.

19 Décembre 1990 à Stuttgart: l’Allemagne remporte (4-0) le premier match de l’histoire de l’équipe nationale allemande après la réunification.

L’Allemagne est le pays que la Suisse a affronté le plus de fois. Le bilan des 50 rencontres disputées entre les deux nations est largement en faveur de l’Allemagne. La Suisse ne s’est imposée qu’à 8 reprises et a réussi à arracher un match nul que par 6 fois (36 défaites).

Né le 5 juin 1952 à Sion en Valais, Umberto Barberis sera le consultant de swissinfo pour les derniers matches de préparation de l’équipe de Suisse ainsi que les rencontres disputées par la troupe de Köbi Kuhn durant l’Euro. Il vous donne aussi rendez-vous sur le Blog VIP de swissinfo où vous pourrez réagir à ses propos très… tranchés.

Meneur de jeu durant sa carrière de footballeur, il a remporté trois Coupe de Suisse (deux fois avec Servette et une fois avec Sion), deux championnats de Suisse (avec Servette), un championnat de France (avec Monaco) et quatre Coupe de la Ligue (avec Servette).

En 1982, il a été élu meilleur joueur étranger du championnat de France.

Il compte 54 sélections en équipe de Suisse (7 buts).

Devenu entraîneur dès la fin des années 80, il a successivement présidé aux destinées de quatre clubs romands : Lausanne-Sport, Sion, Servette et Baulmes.

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